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Syrie: la trêve est "du cinéma à destination des électeurs américains" (Lagarde)


Vendredi 18 octobre 2019 à 10h42

Paris, 18 oct 2019 (AFP) — La trêve entre la Turquie et les Kurdes, qui laisse à ces derniers cinq jours pour quitter la zone de conflit, est "du cinéma à destination des électeurs américains", a estimé vendredi Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI.

L'accord arraché à Ankara par le vice-président américain Mike Pence prévoit un cessez-le-feu pendant ces cinq jours à l'issue desquels les Kurdes devront avoir quitté une zone de 32 kilomètres dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie.

"Je vous fais le pari que, comme à Chypre, (les Turcs) y seront encore dans 50 ans", a dit sur Cnews le député de Seine-Saint-Denis, président du groupe d'études sur les Kurdes à l'Assemblée nationale.

L'offensive turque dans le nord syrien "est un message que l'Occident lance au monde: être nos alliés pendant une guerre, c'est quasiment avoir la garantie d'être trahi et lâché après la guerre", a-t-il aussi regretté. Les Kurdes, "nos amis et nos alliés (...), eux qui ont battu Daesh", "c'est eux que les Etats-Unis viennent de trahir, que les Européens n'ont pas su défendre", a-t-il insisté.

Selon lui, il est "déjà trop tard" pour prendre des sanctions contre la Turquie. "C'est dans les premiers jours que l'Europe avait les moyens de faire une pression très forte sur la Turquie, sur Erdogan", a-t-il assuré.

Cependant, "il n'y a pas un pouvoir qui permette de le faire, il n'y a pas une Europe fédérée", selon M. Lagarde.

En Europe, "on continue à vivre comme si le monde était un monde de bisounours (...). Nous restons là, spectateurs, victimes, et donc dans la dépendance de tout le monde".

Fustigeant la "faiblesse" de l'Union européenne, M. Lagarde a jugé Donald Trump "responsable" du possible retour en Europe de djihadistes prisonniers des Kurdes et libérés à cause de ce conflit. "Vous avez déjà des djihadistes qui sont dans la nature et qu'on risque de voir revenir sur nos territoires nous attaquer", a-t-il regretté.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.