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Offensive turque en Syrie: du lancement de l'opération à la suspension


Jeudi 17 octobre 2019 à 21h32

Beyrouth, 17 oct 2019 (AFP) — Rappel des principaux développements de l'offensive turque contre les Kurdes dans le Nord de la Syrie, qu'Ankara a confirmé suspendre pendant cinq jours, puis arrêter si les Kurdes se retirent.

- Lancement de l'opération "Source de paix" -

Le 9 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonce le début d'une opération militaire contre la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), alliée des Occidentaux dans la lutte antijihadiste (troisième offensive dans ce pays depuis 2016).

L'offensive, baptisée "Source de paix", vise selon lui, "les terroristes" des YPG et du groupe Etat islamique (EI), et a pour objectif de mettre en place une "zone de sécurité" et "permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays".

Des régions frontalières sont bombardées, notamment Tal Abyad et Ras al-Aïn.

Dans la soirée, Ankara annonce que des militaires turcs, aidés par leurs supplétifs syriens, ont pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre.

- Tollé international -

Le président américain Donald Trump estime que l'opération est "une mauvaise idée". C'est pourtant le retrait, deux jours auparavant, de forces américaines du nord syrien près de la frontière avec la Turquie qui a laissé le champ libre à Ankara.

L'opération suscite un tollé international, plusieurs pays, notamment européens, s'inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux jihadistes détenus par les Kurdes qui pourraient s'enfuir.

Le 11, les forces turques intensifient leurs bombardements. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance dominée par les YPG, luttent pour freiner leur avancée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

- Jihadistes -

Les autorités kurdes affirment que cinq jihadistes de l'EI se sont évadés d'une prison près de Qamichli, après des raids turcs.

Le 13, elles annoncent la fuite de près de 800 proches de jihadistes du camp de déplacés d'Aïn Issa.

Quelque 12.000 combattants de l'EI sont détenus dans les prisons sous contrôle kurde (sources kurdes).

- Avancée turque -

L'OSDH rapporte que les forces turques et leurs supplétifs syriens ont pris Tal Abyad, plus grande ville conquise depuis le début de l'offensive.

Ankara dit avoir pris le contrôle d'un important axe routier, "en s'enfonçant à 30-35 km de profondeur" en Syrie.

- Les Kurdes font appel au régime -

Les Kurdes, qui ont perdu une longue bande frontalière de 120 km et accusent les Américains de les avoir "abandonnés", concluent un accord avec le régime de Damas pour le déploiement de l'armée syrienne près de la frontière turque.

Le 14, Damas envoie ses troupes dans le nord pour tenter de ralentir l'offensive turque. Le lendemain, elles prennent le contrôle de Minbej et des troupes russes patrouillent dans la zone afin d'éviter des heurts turco-syriens.

- Appel au cessez-le-feu rejeté -

Le 16, M. Erdogan somme les forces kurdes de déposer les armes et de se retirer du nord de la Syrie, rejetant l'appel au cessez-le-feu de Donald Trump, qui dépêche en Turquie son vice-président Mike Pence et son secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

Les troupes du régime ainsi que des soldats russes se déploient dans la ville kurde de Kobané (province d'Alep).

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'inquiète "du risque de dispersion" des prisonniers jihadistes.

Donald Trump nie avoir donné un "feu vert" à son homologue turc pour envahir le nord de la Syrie. Il estime que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est "probablement" une plus grande "menace terroriste" que l'EI.

- Suspension de l'offensive -

Le 17, les combats continuent de faire rage, notamment à Ras al-Aïn dont près de la moitié de la ville est désormais contrôlée par l'armée turque (OSDH). Les autorités kurdes réclament un "couloir humanitaire" pour en évacuer les civils et les blessés.

Dénonçant l'"agression" de la Turquie, le président syrien Bachar al-Assad promet de faire face à l'offensive turque "par tous les moyens légitimes".

Celle-ci qui a déjà fait près de 500 morts, dont une centaine de civils, a provoqué le déplacement de 300.000 personnes depuis le 9 octobre, selon l'OSDH.

Les Kurdes accusent Ankara d'utiliser des armes non conventionnelles comme le napalm. La Turquie dément.

A l'issue d'une rencontre avec M. Erdogan, M. Pence annonce que la Turquie va suspendre son offensive pendant cinq jours et y mettra fin après un retrait des forces kurdes du nord de la Syrie. Il ajoute que M. Trump abrogera les sanctions contre la Turquie après un cessez-le-feu permanent en Syrie.

Ankara confirme la "suspension" de son offensive. M. Trump évoque un "grand jour" pour la Turquie et pour les Kurdes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.