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Syrie: l'UE peine à peser sur Ankara


Lundi 14 octobre 2019 à 10h54

Luxembourg, 14 oct 2019 (AFP) — Les pays de l'UE se sont dits lundi très préoccupés par l'opération militaire turque dans le nord de la Syrie mais ont reconnu leur incapacité à trouver des actions communes pour faire pression sur Ankara.

"Nous n'avons pas de pouvoirs magiques, mais ce que nous pouvons faire, c'est mettre toute la pression possible pour mettre fin à cette action", a déclaré le chef de la diplomatie espagnole Josep Borrell a son arrivée pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Luxembourg.

L'Italie, l'un des principaux fournisseurs d'armes à la Turquie, a appelé dimanche à un "moratoire européen sur les ventes d'armes" à ce pays.

"Il est difficile de parvenir à des accords unanimes", a reconnu Josep Borrell, désigné au poste de Haut représentant de la politiqué étrangères de l'UE dans la nouvelle commission européenne présidée par l'Allemande Ursula von der Leyen.

"Il s'agit d'accords conclu pays par pays avec la Turquie" et la décision de cesser les ventes d'armes relève de la souveraineté de chaque Etat membre, a-t-il souligné.

"Le gouvernement espagnol soutient la suspension des ventes d'armes à la Turquie", a assuré M. Borrell. L'Espagne a annoncé le retrait en décembre de la batterie espagnole de missiles Patriot déployée par l'Otan à Adana, à la frontière sud-est de la Turquie.

La France va demander lundi la réunion rapide du mécanisme de coordination de l'Union européenne pour permettre une position commune de l'Union, a-t-on indiqué de source diplomatique.

Paris veut également convoquer une réunion de la coalition internationale contre l'Etat islamique, dont sont membres les Etats-Unis et la Turquie, a annoncé le ministre Jean-Yves le Drian.

L'Union européenne a multiplié les appels à la fin de l'opération militaire.

Lâchés par les Etats-Unis, les kurdes syriens ont annoncé dimanche avoir conclu un accord avec le régime syrien de Bachar al-Assad pour le déploiement de l'armée syrienne dans le nord du pays, afin de s'opposer à l'avancée rapide des troupes turques.

"Nous sommes dans une situation hallucinante", a déploré le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn.

Un membre de l'Otan, la Turquie, est en passe d'être sanctionné par d'autres membres de l'Otan avec un embargo sur les ventes d'armes, a-t-il souligné. "Et que va-t-il se passer si la Syrie attaque la Turquie ? L'article 5 va-t-il être invoqué ?", a-t-il demandé. Une attaque contre un pays membre de l'Alliance est considérée comme dirigée contre tous les membres, stipule cet article de la charte de l'Otan.

"A chaque jour suffit sa peine", a réagi Josep Borell auprès de l'AFP, jugeant "hypothétique" la situation évoquée par son homologue du Luxembourg.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.