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Syrie: en Turquie, le chef de l'Otan exhorte Ankara à agir "avec retenue"


Vendredi 11 octobre 2019 à 11h53

Istanbul, 11 oct 2019 (AFP) — Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, en visite en Turquie, a exhorté vendredi Ankara à agir "avec retenue" lors de l'offensive menée contre une milice kurde dans le nord-est de la Syrie.

"Bien que la Turquie ait des préoccupations sécuritaires légitimes, nous nous attendons à ce qu'elle agisse avec retenue", a déclaré M. Stoltenberg lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.

"Je lui ai fait part de mes sérieuses préoccupations au sujet de cette opération et sur les risques de davantage de déstabilisation dans la région", a-t-il ajouté.

M. Stoltenberg a aussi affirmé que les avancées obtenues dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) "ne doivent pas être mises en péril". "Les prisonniers de Daech (un acronyme de l'EI) ne doivent pas pouvoir s'évader", a-t-il ajouté.

La Turquie, membre important de l'Otan, mène depuis mercredi une offensive en Syrie contre la milice kurde des YPG, considéré comme "terroriste par Ankara mais alliée des Occidentaux dans la lutte contre Etat islamique (EI).

Réagissant aux critiques émanant de plusieurs pays européens, le chef de la diplomatie turque a appelé à faire preuve de "solidarité".

"Attendre de nos alliés qu'ils fassent preuve de solidarité est notre droit le plus naturel", a déclaré M. Cavusoglu. "Dire: +Nous comprenons les inquiétudes légitimes de la Turquie pour sa sécurité+, ce n'est pas suffisant", a-t-il ajouté.

Il a également reproché à ces pays de faire la distinction entre les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) et un autre groupe auquel cette milice kurde est liée, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qualifiée de "terroriste" par Ankara, Washington et l'Union européenne.

"C'est de l'hypocrisie, je le dis pour les pays qui soutiennent (les YPG)", a estimé M. Cavusoglu.

Lors de la conférence de presse, les deux responsables ont également été interrogés sur des informations parues dans la presse espagnole selon lesquelles Madrid envisage de retirer ses batteries de défense antiaérienne Patriot déployées en Turquie, pour protester contre l'offensive d'Ankara en Syrie.

"Nous attendons des alliés de l'Otan qu'ils soutiennent la Turquie", a déclaré M. Stoltenberg. "La Turquie est en première ligne (...) Nous sommes ici pour protéger la Turquie, mais aussi pour nous protéger nous-mêmes".

Le chef de la diplomatie turque a pour sa part estimé que "tous ces débats" justifiaient la décision d'Ankara d'acheter plusieurs batteries d'un système de défense concurrent produit par la Russie, les S-400, un choix critiqué par les pays occidentaux.

"Cela montre que la Turquie n'a d'autre choix que d'acheter ses propres systèmes de défense antiaérienne. Nous n'allons pas supplier nos alliés à chaque fois", a-t-il déclaré.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.