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Qui sont les Français que l'Irak juge pour appartenance à l'EI?


Mercredi 29 mai 2019 à 16h59

Bagdad, 29 mai 2019 (AFP) — Accusés d'appartenance au groupe Etat islamique (EI), ils ont été condamnés à mort ou comparaissent en Irak: voici, selon des informations collectées par l'AFP, les profils des 11 Français et du Tunisien remis en début d'année par les Kurdes de Syrie à l'Irak.

Parmi eux, sept Français ainsi que le ressortissant tunisien ont été condamnés à la mort par pendaison, alors que l'Irak a déjà condamné plus de 500 étrangers --hommes et femmes-- de l'EI.

- Léonard Lopez -

Ce Parisien de 32 ans a été condamné à mort dimanche. Ses avocats ont fait appel en dénonçant une "justice expéditive".

Au début des années 2000, ce converti fait partie des plus actifs sur le site jihadiste francophone de référence d'alors, Ansar Al-Haqq.

En juillet 2015, pourtant sous contrôle judiciaire, il part avec sa femme et leurs deux enfants à Mossoul (nord de l'Irak) puis en Syrie, selon les enquêteurs français.

Condamné en son absence en juillet 2018 à cinq ans de prison dans le dossier Ansar al-Haqq, celui qui se faisait appeler Abou Ibrahim al-Andaloussi au sein de l'EI est surtout connu des services de renseignement pour avoir cofondé l'association Sanabil.

Elle a été dissoute fin 2016 en France car "tous ceux qui ont été impliqués directement ou indirectement dans les attentats depuis janvier 2015 ont été en lien direct ou indirect avec Sanabil", selon un enquêteur.

- Kévin Gonot -

Arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse, ce Français de 32 ans, né à Figeac (sud-ouest), a été condamné à mort dimanche.

Kévin Gonot est marié à une nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain, qui ont revendiqué les attentats du 13-Novembre 2015 (130 morts à Paris) avant d'être tués récemment en Syrie.

Il a dit au juge "regretter" d'être parti en Syrie, où son père a été tué et où il a d'abord rejoint le Front al-Nosra (ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie) avant de prêter allégeance à l'EI, selon l'instruction.

Celui qui se faisait appeler Abou Sofiane au sein de l'EI a également affirmé lors de l'instruction avoir combattu en Syrie et en Irak.

Lors de son procès toutefois, Kévin Gonot a indiqué avoir été blessé au ventre à Kobané en Syrie en 2015 et avoir été transféré ensuite à Mossoul, "capitale" de l'EI en Irak de 2014 à 2017, pour y être hospitalisé et non pour combattre.

En France, il a déjà été condamné en son absence à neuf ans de prison, selon le Centre d'analyse du terrorisme (CAT).

- Mustapha Merzoughi -

Ce Français d'origine tunisienne de 37 ans, qui a servi dans l'armée française de 2000 à 2010, notamment "en Afghanistan en 2009", a été condamné à mort lundi.

Celui qui se faisait appeler Abou Omrane al-Faranssi est originaire de Toulouse (sud-ouest) et a vécu à Metz (nord-est), qu'il a quitté après avoir divorcé et perdu son emploi, a-t-il expliqué.

Père d'une famille recomposée de cinq enfants, il a assuré au juge avoir suivi "des formations obligatoires religieuses et militaires à Mossoul" avant de se voir remettre "une Kalachnikov et un salaire mensuel de 200 dollars" en tant que "médecin des armées".

Il a affirmé lors de ses interrogatoires avoir "prêté allégeance devant un chef de l'EI au visage masqué à Mossoul" parce que, a-t-il dit, "les chefs avaient peur d'être reconnus ou identifiés par les combattants étrangers dont ils redoutaient qu'ils soient des espions".

- Salim Machou -

Condamné à mort dimanche, ce Français de 41 ans a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité de l'EI menée par un ancien légionnaire français, Abdelilah Himich --originaire de Lunel (sud) comme une vingtaine d'autres Français de l'EI--, selon le CAT.

Cette "cellule de combattants européens, vivier d'auteurs d'attaques en Irak, en Syrie et à l'étranger", a compté jusqu'à "300 membres", d'après Washington.

- Fodil Tahar Aouidate -

Lundi, l'audience de cet homme de 32 ans a été reportée au 2 juin, après qu'il a affirmé avoir été frappé lors de l'interrogatoire. Le juge a réclamé un examen médical.

Décrit comme autoritaire, violent et prêt à mourir pour l'idéologie radicale de l'EI, celui qui se faisait appeler Abou Mariam a rejoint la Syrie en 2014.

"Mon beau-frère là-bas me disait, +viens, ici tu peux vivre en musulman, alors qu'en France, ils combattent l'islam+", a-t-il dit lundi alors qu'en tout, 22 membres de sa famille ont également rejoint la Syrie.

Originaire de Roubaix (nord), il a été enregistré dans les archives administratives de l'EI comme un "combattant", selon un document à en-tête du groupe présenté par le juge.

Fodil Tahar Aouidate était connu du renseignement pour ses liens avec la mouvance salafiste belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés du 13-Novembre.

Fin 2015, il était apparu dans une vidéo faisant l'apologie de ces attaques (130 morts). Il y disait son "grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir comme nous souffrons ici". Il menaçait: "on continuera à frapper chez vous".

Deux de ses soeurs ont été condamnées en France pour "financement du terrorisme", car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15.000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ.

- Yassine Sakkam -

Ce Français de 29 ans a été condamné mercredi à la peine de mort, cinq ans après avoir quitté la France pour retrouver son frère Karim en Syrie. Ce dernier a mené un attentat suicide à la frontière irakienne en 2015.

Yassine Sakkam a indiqué au juge avoir également fait venir une jeune Française de sa famille élargie, Saïda, pour l'épouser. Elle est, selon lui, aux mains des Kurdes en Syrie avec leur fils et une fille qu'elle a eue d'un premier mariage.

Originaire de Lunel, il a rejoint selon l'accusation la brigade Tariq ibn Ziyad.

Recruté par un Marocain, Yassine Sakkam a prêté allégeance devant un Egyptien et s'est porté volontaire pour être combattant en première ligne, selon ses dires.

Celui qui se faisait appeler Abou Salmane al-Faranssi et a mis en ligne des photos où il pose avec des armes a dit à la cour avoir "participé à des combats contre l'Armée syrienne libre" (ASL, rebelles).

Puis il a assuré avoir déchanté et tenté de fuir. "Mais c'était dur de trouver un passeur, car je n'étais pas un civil, mais un terroriste, un type de l'EI", a-t-il dit au juge.

Cité ou apparu dans plusieurs entretiens avec la presse française, il est l'un des Français de l'EI les plus médiatisés.

- Karam El Harchaoui -

Ce Français installé à Bruxelles qui se faisait appeler Abou Abdallah a été condamné à mort mardi, deux jours avant ses 33 ans.

Sans emploi, il est arrivé en Syrie en 2014 au terme d'un long périple: Belgique-Italie en bus, Italie-Albanie par bateau, puis Albanie-Turquie en avion et enfin la Syrie grâce à un passeur, a-t-il détaillé au juge.

L'homme au physique élancé, crâne et barbe rasés pour son procès, a épousé successivement deux Belges, rencontrées sur Facebook et qu'il a fait venir en Syrie.

Après que son frère, qui avait également rejoint l'EI, a été tué dans un bombardement, Karam El Harchaoui s'est rendu aux forces kurdes anti-EI en janvier 2018 en Syrie.

- Brahim Nejara -

Ce Français de 33 ans, accusé par le renseignement français d'avoir facilité l'envoi de jihadistes en Syrie, a été condamné à mort mardi.

Celui qui se faisait appeler Abou Haydar était apparu peu après le 13-Novembre dans la vidéo "Paris s'est effondrée".

Originaire de Meyzieu, près de Lyon (centre-est), d'où sont partis plusieurs jihadistes français, il a également incité un de ses frères à commettre un attentat en France, selon le CAT.

En Syrie, de même source, il a fréquenté Foued Mohamed-Aggad, l'un des kamikazes du Bataclan, salle de spectacles où a eu lieu une des tueries du 13-Novembre.

- Mohammed Berriri -

Le plus jeune du groupe, le Tunisien Mohammed Berriri, 24 ans, d'abord présenté comme Français, a été condamné à mort mercredi.

Parti de Nice (sud-est de la France) en voiture, celui qui se faisait appeler Abou Abdallah al-Tounssi a rallié la Syrie à 20 ans.

L'homme dont des clichés --arme à la main devant le drapeau noir de l'EI-- sont encore visibles sur internet a déclaré au tribunal: "je regrette d'avoir rejoint l'EI mais je ne regrette pas d'être allé en Syrie car là-bas j'ai ouvert les yeux".

Après trois ans comme "garde-frontière" du "califat" autoproclamé et planton de ses institutions, il a assuré avoir ensuite cherché à quitter l'EI.

Il a déclaré au juge être parvenu à obtenir une "lettre de radiation" de l'EI mais l'avoir ensuite perdue sans expliquer dans quelles circonstances.

- Vianney Ouraghi -

Lundi, l'audience de ce Français de 28 ans, lunettes aux verres épais et bouc châtain clair, a été reportée au 3 juin.

Vianney Ouraghi avait quitté la France en juin 2013 aux côtés du Franco-Algérien Lyes Darani, selon le CAT. Ce dernier a été condamné à huit ans de prison pour avoir voulu préparer un attentat à son retour des zones de combat deux mois plus tard.

Ce Français d'origine algérienne a dit aux enquêteurs irakiens avoir abandonné des études de psychologie en France puis s'être radicalisé en ligne.

Toujours selon les "aveux" rendus publics par la justice irakienne, il a suivi "des formations religieuses et militaires", puis fait allégeance à Mossoul" (nord).

- Mourad Delhomme -

Lundi, ce Français de 40 ans a vu son audience reportée au 3 juin. Né en Algérie, il a été arrêté il y a près d'un an à Deir Ezzor, en Syrie, selon le CAT.

Le CAT le présente comme un "vétéran du jihad ayant exercé les fonctions de juge" au sein des très redoutés tribunaux de l'EI, qui ordonnaient régulièrement châtiments corporels et exécutions sommaires.

- Bilel Kabaoui -

Originaire de Sèvres, en région parisienne, ce Français de 32 ans a vu lundi son audience renvoyée au 3 juin. Il est parti vers le territoire de l'EI durant l'été 2014, selon le CAT.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.