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Militantes kurdes tuées en 2013 à Paris: enquête relancée sur l'éventuel rôle des services turcs


Mercredi 15 mai 2019 à 11h16

Paris, 15 mai 2019 (AFP) — Un juge antiterroriste a été chargé mardi de reprendre l'enquête sur l'assassinat en 2013 à Paris de trois militantes kurdes, à la demande des familles qui réclament d'approfondir la thèse de l'implication des services secrets turcs (MIT), a appris l'AFP mercredi de sources concordantes.

Les familles avaient déposé en mars 2018 une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la reprise des investigations sur les possibles commanditaires et complices de ces assassinats.

L'unique suspect, le Turc Omer Güney, était mort d'un cancer du cerveau fin 2016 à la veille de son procès aux assises à Paris.

Sur la base de cette nouvelle plainte, le parquet de Paris - qui avait déjà rouvert l'enquête en 2017 avant de la classer sans suite - a dû ouvrir mardi une information judiciaire pour " complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle" , selon une source judiciaire.

"C'est historique, la fin de l'impunité pour les assassinats politiques en France commandités depuis l'étranger", s'est félicité Me Antoine Comte, avocat d'une des familles, auprès de l'AFP.

Omer Güney était accusé d'avoir tué le 9 janvier 2013 les militantes kurdes Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) - un groupe classé comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux -, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez 24 ans, dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan à Paris, de plusieurs balles dans la tête.

Son décès avait entraîné l'extinction de l'action publique à son encontre. Mais, début 2017, les familles avaient demandé la poursuite d'investigations via une première plainte avec des nouveaux documents renforçant, selon elles, la thèse d'une "opération mûrement planifiée par les services secrets" turcs.

Si Omer Güney, qui clamait son innocence, était le seul accusé, les enquêteurs français avaient en effet pointé "l'implication" de membres des services secrets turcs, le MIT, sans désigner de commanditaires.

Toutefois, les investigations n'avaient pas permis d'établir si des agents du MIT éventuellement impliqués avaient agi "avec l'aval de leur hiérarchie" ou "à l'insu de leur service afin de discréditer (le MIT, ndlr) ou de nuire au processus de paix" entre Ankara et le PKK, avait indiqué une source proche du dossier.

Des médias turcs ont diffusé un enregistrement d'une conversation entre un homme présenté comme Omer Güney et deux agents des services, ainsi qu'un document s'apparentant à un "ordre de mission" pour Güney.

En janvier 2014, le MIT a officiellement démenti toute implication.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.