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Naufrage à Mossoul le jour du nouvel an kurde, au moins 71 morts


Jeudi 21 mars 2019 à 18h40

Mossoul (Irak), 21 mars 2019 (AFP) — Au moins 71 personnes sont mortes jeudi dans le naufrage d'un bac sur le Tigre à Mossoul, dans l'accident le plus meurtrier en Irak depuis des années survenu en pleine célébration de Norouz, le nouvel an kurde.

Cet incident a provoqué un vif émoi dans la ville qui n'a repris les commémorations de fêtes comme Norouz et autres sorties familiales sur les rives du fleuve que depuis peu, après avoir passé trois années sous la férule des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Si les guerres à répétition et les attaques jihadistes ont fait des centaines de milliers de victimes ces dernières années en Irak, des accidents de ce type sont rares.

La mission de l'ONU en Irak a évoqué une "terrible tragédie" alors que le dernier naufrage remonte à mars 2013, quand un bateau restaurant avait coulé à Bagdad, là aussi sur le Tigre, faisant cinq morts.

En fin d'après-midi, le bilan des morts s'élevait à 71 morts, selon le général Saad Maan, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Parmi eux se trouvaient "19 enfants", a-t-il précisé. Un précédent bilan du ministère de la Santé faisait état d'au moins "33 femmes" parmi les morts. Jusqu'ici 55 personnes ont été secourues, a ajouté le général Maan.

Ces familles avaient embarqué pour traverser le fleuve en direction de parcs aménagés où les familles piquent-niquent traditionnellement pour Norouz, le Nouvel an kurde décrété jour férié dans l'ensemble du pays.

- "Catastrophe" -

"C'est une catastrophe. Personne ne s'attendait à ça", a lancé à l'AFP un jeune homme tout juste sorti de l'eau après être parvenu à rejoindre la rive. "Il y avait énormément de monde sur le bateau, surtout des femmes et des enfants", a-t-il encore indiqué.

L'incident est né de la conjonction de la surcharge du bateau et du haut niveau de l'eau, a expliqué un responsable des services de sécurité à Mossoul.

D'une part, ce bateau qui transportait des familles et des enfants se rendant dans un complexe touristique de Mossoul "a fait naufrage car il y avait trop de passagers à bord, plus d'une centaine", a-t-il dit à l'AFP.

De l'autre, après d'importantes pluies ces derniers jours, les autorités avaient ouvert des écluses pour alléger la pression au niveau du grand barrage de Mossoul.

Elles avaient publié des mises en garde au public, prévenant que les rives du Tigre seraient plus dangereuses avec un niveau de l'eau plus élevé.

Jeudi, sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, le courant semblait fort et le niveau de l'eau plus élevé qu'à l'habitude.

Ces images montraient des dizaines de personnes flottant ou tentant de surnager autour d'un bateau en partie englouti sous les eaux.

- Recherches et enquête -

Les opérations de recherche se poursuivent sur des centaines de mètres en aval du lieu du naufrage, a d'ailleurs constaté un journaliste de l'AFP.

Sur la rive, des centaines de personnes se sont d'abord massées au bord de l'eau avant de se disperser, interrompant leur journée en famille dans cette zone touristique très boisée de Mossoul, particulièrement fréquentée aux premiers beaux jours du printemps.

Jeudi, des ambulances et des véhicules de la police faisaiet le va-et-vient pour transporter corps et blessés vers les hôpitaux de la ville de près de deux millions d'habitants.

A la morgue, des photos des victimes étaient affichées sur les murs d'enceinte, pour beaucoup celles de femmes et d'enfants, afin que les familles qui ne pouvaient entrer tant la foule était compacte puissent les identifier, a rapporté un journaliste de l'AFP.

A Bagdad, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a annoncé la mise en alerte de l'ensemble des services de santé et la mobilisation de toutes les équipes disponibles à Mossoul pour les recherches. Il a en outre réclamé "un rapport d'enquête sous 24 heures pour déterminer les responsabilités".

L'ancien chef de gouvernement Haider al-Abadi a appelé à décréter un deuil national alors que plusieurs dirigeants politiques dénonçaient l'absence de surveillance des équipements de loisirs vétustes.

En Irak, où des manifestations dénoncent régulièrement la déliquescence et l'absence d'entretien des services publics, cette question est particulièrement sensile.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.