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Turquie: depuis sa prison, le candidat kurde à la présidentielle attaque Erdogan à la TV d'Etat


Dimanche 17 juin 2018 à 22h17

Istanbul, 17 juin 2018 (AFP) — Candidat à l'élection présidentielle turque dans une semaine, le leader du parti prokurde Selahattin Demirtas a dénoncé depuis sa prison, à la télévision d'Etat, le régime "répressif" du président Recep Tayyip Erdogan, candidat à sa réélection.

En prison depuis novembre 2016, le charismatique leader du Parti démocratique des peuples (HDP) a accusé le parti du président sortant de l'avoir emprisonné pour des raisons politiques.

"La seule raison pour laquelle je suis ici est que AKP a peur de moi", a-t-il déclaré en référence au parti du président turc, en dénonçant un régime "répressif" et "autocratique".

Portant un costume sombre, M. Demirtas est apparu dans une intervention pré-enregistrée sur la télévision publique TRT depuis sa cellule de la prison d'Edirne (nord-ouest) car les autorités ne l'ont pas autorisé à se rendre dans les locaux de la chaîne à Ankara.

TRT a été critiquée de couvrir abondamment la campagne de M. Erdogan et d'ignorer les autres candidats, en particulier M. Demirtas. C'était la première fois qu'un candidat parlait depuis sa cellule

"Ce que nous sommes en train de vivre est un élément d'un régime autocratique. Mais la partie effrayante du film est encore à venir", a-t-il lancé en appelant les électeurs turcs à choisir "la liberté". "Nous allons empêcher notre pays de sombrer dans le gouffre".

M. Demirtas, un avocat de formation âgé de 45 ans, a été arrêté avec une dizaine d'autres députés du HDP le 4 novembre 2016, dans la foulée des purges déclenchées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet de la même année.

Accusé de faire de la propagande et d'appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, M. Demirtas risque jusqu'à 142 ans de prison.

Mais cela n'a pas empêché le HDP de le désigner candidat à la présidentielle, qui se déroule en même temps que les législatives le 24 juin.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.