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Manifestation à Londres contre la visite de Erdogan, reçu par la reine


Mardi 15 mai 2018 à 18h15

Londres, 15 mai 2018 (AFP) — Des défenseurs de la liberté de la presse et des militants kurdes ont manifesté mardi à Londres avant un entretien entre la Première ministre Theresa May et le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a également été reçu par Elizabeth II.

M. Erdogan a entamé dimanche une visite officielle de trois jours au Royaume-Uni qui l'accueille avec tous les honneurs, dans la perspective de l'après Brexit et des nouveaux partenariats commerciaux que le pays espère nouer.

Mardi à la mi-journée, le président turc et son épouse, Emine Erdogan, ont été reçus par la reine pour une audience privée dans la "salle de 1844" du palais de Buckingham, où la souveraine accueille régulièrement des invités de marque.

La visite du dirigeant a suscité des critiques au Royaume-Uni et des dizaines de manifestants se sont rassemblés dans la matinée près de Downing Street à l'appel notamment de l'organisation Reporters sans frontières (RSF).

Ils ont été rejoints par des manifestants pro-kurdes, qui ont brandi des pancartes avec le visage du président turc barré du mot "Terroriste" (en anglais), ainsi qu'un drapeau représentant le chef de l'opposition kurde Abdullah Öcalan.

De légers heurts ont éclaté quand des partisans d'Erdogan brandissant des drapeaux turcs ont défilé devant les manifestants pro-kurdes, entraînant l'intervention de la police.

Selon RSF, plus de 100 journalistes ont été arrêtés, 140 médias ont été fermés et au moins 889 cartes de presse ont été annulées depuis le début de l'état d'urgence instauré après la tentative de coup d'Etat en juillet 2016.

"Nous devons faire comprendre à notre gouvernement que nous nous préoccupons des libertés fondamentales - ces valeurs auxquelles notre pays est arrimé", a déclaré Rebecca Vincent, responsable de Reporters sans frontières au Royaume-Uni, aux manifestants.

"Il y a une élection à venir", a-t-elle rappelé, en référence aux élections législatives et présidentielle anticipées convoquées le 24 juin par le président Erdogan, des scrutins qui marqueront l'entrée en vigueur de la plupart des mesures renforçant les pouvoirs du chef de l'Etat adoptées dans le cadre d'une révision constitutionnelle l'an dernier.

"Dans le cadre de l'état d'urgence, les gens n'ont pas accès à une information indépendante, donc nous avons un électorat qui se rendra aux urnes après une assez courte campagne sans avoir toutes les informations", a-t-elle ajouté.

Elle a jugé "honteux" que le président Erdogan "soit accueilli, ici, au Royaume-Uni et qu'on lui déroule le tapis rouge".

Un porte-parole de Downing Street a assuré lundi que Mme May "évoquera la question des droits de l'Homme" avec M. Erdogan, soulignant que la Turquie doit "remplir ses obligations internationales y compris le respect de la liberté d'expression et la liberté politique".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.