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Syrie: le Luxembourg veut un débat à l'Otan sur l'offensive de la Turquie


Vendredi 27 avril 2018 à 20h30

Bruxelles (Belgique), 27 avr 2018 (AFP) — Le Luxembourg a réclamé vendredi un débat au sein de l'Otan sur l'offensive de la Turquie dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes qui ont aidé la coalition internationale dans la lutte contre l'Etat islamiste (EI).

"L'Otan est un club où l'on respecte les valeurs démocratiques. Lorsqu'il y a des nuages, il faut un débat", a expliqué à l'AFP le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères au siège de l'Alliance à Bruxelles.

"Il faut pouvoir parler librement de tout problème qui se passe au sein de l'Otan. Les réunions ministérielles ne sont pas une caisse d'enregistrement des discussions entre les ambassadeurs", a-t-il protesté.

Plusieurs membres de l'Otan considèrent que l'offensive turque dans le nord de la Syrie doit être discutée au sein de l'Alliance car elle est "un facteur de tensions et de préoccupations".

Le sujet --épineux-- avait été évité lors de la réunion des ministres de la Défense de l'Alliance en février. Mais la décision du président turc de poursuivre les opérations militaires pour déloger les forces kurdes du nord de la Syrie après avoir expulsé les Unités de protection du peuple (YPG), bras armé des Forces démocratiques syriennes (FDS), de la ville d'Afrine, a provoqué la colère du ministre luxembourgeois.

"Les kurdes des YPG ont aidé la coalition internationale et les forces américaines, ils ont libéré la ville de Raqa. On ne peut pas faire l'amalgame avec des terroristes", a-t-il dénoncé.

La milice kurde des YPG, est classée "terroriste" par Ankara mais est une alliée importante de Washington dans la lutte contre l'EI.

Des troupes américaines, qui continuent de soutenir les combattants kurdes dans la lutte contre l'EI, sont actuellement stationnées à Minbej, à une centaine de km à l'est d'Afrine.

M. Asselborn a assuré avoir reçu le soutien de beaucoup de ses collègues. Le secrétaire d'Etat américain "Mike Pompeo n'a pas réagi mais je ne pense pas qu'il soit en désaccord", a-t-il ajouté.

Le nouveau chef de la diplomatie américaine a rencontré en tête à tête son homologue turc Mevlüt Cavusoglu après un déjeuner de travail des ministres.

M. Pompeo a mis en garde Ankara contre le choix d'un système de défense aérienne russe, selon un compte rendu américain de la rencontre.

Le secrétaire d'Etat a averti que si la Turquie déployait le système russe S-400, ses radars et batteries de missiles ne seraient pas intégrés à ceux de ses partenaires de l'OTAN.

En outre, un tel achat pourrait être considéré comme une violation d'une loi américaine de 2017 visant à sanctionner les clients des industries russes de l'armement et de l'aérospatiale, a précisé un responsable américain.

Washington veut que ses alliés se concentrent sur les menaces de la guerre hybride russe et la lutte anti-terroriste.

"La réunion a été cordiale et professionnelle", a commenté le responsable américain. "Il y avait un désir commun de trouver une solution commune en matière de défense aérienne pour la Turquie", a-t-il précisé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.