Page Précédente

Syrie: Ankara exhorte Paris à ne "pas reproduire les erreurs" américaines


Jeudi 5 avril 2018 à 14h49

Ankara, 5 avr 2018 (AFP) — La Turquie a exhorté jeudi la France à "ne pas reproduire les erreurs" commises, selon elle, par Washington, en envoyant des militaires dans la ville syrienne de Minbej, qu'Ankara menace d'attaquer pour en déloger une milice kurde.

Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a adressé cette mise en garde à Paris à la suite d'informations sur la présence de troupes françaises à Minbej aux côtés de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara veut chasser.

Des soldats américains sont également stationnés dans cette ville, un ancien fief jihadiste repris en 2016 par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées les YPG et soutenues par la coalition internationale emmenée par Washington contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), près de 350 soldats de la coalition anti-EI, essentiellement des Américains et des Français, sont aujourd'hui stationnés à Minbej.

D'après l'OSDH, la coalition a même envoyé ces derniers jours des renforts, principalement de ces deux nationalités, au moment où le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les menaces d'attaquer la ville pour en déloger les YPG.

"Lors de nos entretiens avec nos homologues français, ceux-ci nous ont dit +L'envoi de soldats (à Minbej) n'est pas à l'ordre du jour, n'accordez aucune foi aux informations de presse+", a déclaré M. Kalin lors d'une conférence de presse.

"Voici notre message aux autorités françaises: ne reproduisez pas les mêmes erreurs que les Américains", a-t-il ajouté.

Ankara considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla sanglante sur le territoire turc depuis 1984. Pour lui, les FDS, qui comptent également des combattants arabes dans leurs rangs, ne sont qu'un paravent visant à légitimer le soutien que les Etats-Unis et d'autres pays Occidentaux accordent aux miliciens kurdes.

La Turquie avait opposé une fin de non-recevoir à une offre de médiation du président français Emmanuel Macron entre la Turquie et les FDS, dont il a reçu une délégation à l'Elysée le 29 mars.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.