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Syrie: le CICR demande l'accès à Afrine


Lundi 19 mars 2018 à 13h06

Genève, 19 mars 2018 (AFP) — Le président du Comité international de la Croix rouge a demandé lundi un accès humanitaire à la ville syrienne d'Afrine pour acheminer de l'aide, tout en soulignant le "rôle important" joué par la Russie pour faciliter des évacuations de la Ghouta orientale.

"Maintenant, avec les combats, nous avons un grand nombre de personnes déplacées (...) Nous devrons donc trouver la meilleure façon d'atteindre cette population au cours des prochains jours et semaines, et j'espère que ce sera possible", a déclaré Peter Maurer lors d'un entretien avec des médias à Genève.

Cet appel intervient alors que l'armée turque s'est emparée de la ville syrienne d'Afrine, principal objectif de l'offensive lancée le 20 janvier par la Turquie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Ankara considère les YPG comme une organisation "terroriste", alors que ces combattants kurdes sont soutenus et armés par Washington pour combattre le groupe Etat islamique (EI).

"Nous apprécions ce que font les belligérants en termes d'assistance humanitaire, mais nous sommes aussi préoccupés par le fait que les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui arrivent après des opérations militaires, n'ont pas la crédibilité nécessaire au sein de la population civile", a poursuivi le patron du CICR.

Or, à Afrine, "la crédibilité du Croissant-Rouge turc pour travailler avec la population kurde est proche de zéro", a-t-il conclu.

L'avancée des forces pro-turques a entraîné ces derniers jours un exode massif de civils, faisant craindre un nouveau drame humanitaire dans un pays ravagé par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

Plusieurs dizaines de civils ont été tués dans la région d'Afrine depuis le lancement de l'offensive turque, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ankara dément viser les populations.

"La situation est très fluide. (...) nous ne savons pas qui est resté à Afrine", a confié M. Maurer.

Il a par ailleurs expliqué que le CICR avait commencé à "monter des opérations" de soutien humanitaire pour les déplacés "dans les villages entre Afrine et Alep parce qu'il y a pas mal de gens qui sont là".

Concernant la Ghouta orientale, dernier fief rebelle aux portes de Damas, M. Maurer a souligné le "rôle important" joué par la Russie pour permettre des évacuations.

"J'ai supervisé certaines opérations d'évacuation de la Ghouta orientale et vous voyez que le Croissant-rouge arabe syrien et les autorités syriennes font des efforts pour faire sortir les blessés et les malades et leur offrir des soins, mais je dois attirer l'attention sur le grand fossé qui existe: c'est toujours quelques personnes, (et) la plupart du temps trop tard", a jugé le président du CICR.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.