Cinq soldats turcs tués dans un attentat attribué à des rebelles kurdes

ANKARA, 5 août 2005 (AFP) - 16h11 - Un attentat à la bombe imputé aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a tué cinq soldats turcs vendredi dans le sud-est anatolien à majorité kurde, une région confrontée à une multiplication des actes de violence depuis le début du printemps. La bombe a explosé à 00H40 (21H40 GMT jeudi) entre le mur de sécurité protégeant la gendarmerie de Semdinli, une ville de la province de Hakkari, frontalière de l'Iran et de l'Irak, et une résidence hébergeant des fonctionnaires municipaux, a affirmé le gouvernorat de Hakkari dans un communiqué.

L'engin, de forte puissance, a sans doute été actionné par une minuterie ou un système de mise à feu à distance, ajoute le document.

L'agence de presse Anatolie, citant des sources militaires sans les nommer, a précisé que la bombe avait été déposée dans un sac en plastique et avait explosé au passage de militaires.

Le général Hilmi Özkök, chef de l'état-major, a vivement condamné cet attentat, l'opération la plus meurtrière dirigée contre l'armée turque au cours des derniers mois, marqués par une recrudescence des actions du PKK.

"Nous sommes tous les tristes témoins des brutales attaques à la bombe menées récemment par l'organisation terroriste du PKK contre des personnels et bâtiments aussi bien militaires que civils", a déclaré M. Özkök à Ankara lors d'une cérémonie célébrant le retour de militaires turcs d'Afghanistan.

"En dépit d'une autorité réduite, les forces armées turques continuent et continueront de combattre, avec le sens du sacrifice, l'organisation terroriste qui vise à ramener notre nation vers les jours douloureux du passé", a-t-il poursuivi.

Le général n'a pas développé ses commentaires sur "l'autorité réduite" de l'armée, mais de récents amendements à la loi anti-terrorisme turque, votés pour faciliter l'entrée du pays dans l'Union européenne, ont limité les pouvoirs des forces de sécurité, notamment dans le domaine des perquisitions et des arrestations.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a pris les armes en 1984 pour revendiquer l'indépendance de la région, déclenchant un conflit qui a fait depuis quelque 37.000 morts.

Les rebelles ont décrété unilatéralement un cessez-le-feu en 1999 après la capture de leur chef Abdullah Öcalan, condamné par la Turquie à la réclusion à perpétuité, et ont battu retraite dans le nord de l'Irak.

Ils ont cependant mis fin à leur trêve en juin 2004, estimant que les réformes d'Ankara en faveur de la minorités kurde n'étaient pas suffisantes.

Les opérations armées du PKK contre le gouvernement dans le sud-est anatolien ont connu une forte recrudescence depuis le début du printemps, l'organisation ayant en outre été accusée d'avoir commis des attentats à la bombe contre des cibles touristiques.

La police a ainsi imputé au PKK un attentat contre un minibus le 16 juillet dans la station balnéaire de Kusadasi (ouest), qui a tué cinq personnes dont deux touristes étrangères.

Un groupe se faisant appeler les Faucons de la liberté du Kurdistan et apparenté selon la police au PKK, a revendiqué une autre explosion plus tôt en juillet qui a fait une vingtaine de blessés dans la ville touristique voisine de Cesme.

La région de Hakkari, aux confins de l'Irak et de l'Iran, est un des hauts lieux de la lutte du PKK. Il y a une semaine, l'exposion d'une bombe, dissimulée dans un véhicule, a fait deux morts et un blessé dans cette ville.

Une mine télécommandée a explosé vendredi sans faire de victimes dans la province voisine de Bingöl, peu après le passage d'un convoi transportant des officiels locaux et trois députés, les autorités imputant l'attentat au PKK.