Bruits de bottes à la frontière turco-irakienne


6 juin 2007

Bruits de bottes à la frontière turco-irakienne où, selon plusieurs sources, l’armée turque aurait lancé une opération vers l’Irak du nord contre la présence de la rébellion kurde. C’est en tous cas ce qu’annonçait en fin d’après-midi l’agence de presse Associated Press, parlant de «quelques milliers de soldats». L’information n’a pas été confirmée par l’état-major turc, elle a même été démentie par le PKK lui-même sur son site internet. Pourtant, tout indique que cette intervention militaire, longtemps annoncée, est bien en cours ou sur le point d’être lancée.


L'armée turque en plein exercice militaire près de la ville de Cizre (à 10 km de la frontière turco-irakienne) le 5 juin 2007. (Photo : AFP)Avec notre correspondant en Turquie

Hormis la visite de hauts gradés sur la frontière même, annoncée par l’agence DHA, une information publiée en milieu de soirée sur le site de l’état-major turc confirme bien que la frontière est le siège d’une activité militaire particulièrement intense ; voici ce qu’il dit: dans les 3 provinces de Shirnak, Siirt et Hakkari, c’est-à-dire dans les montagnes bordant l’Irak, ont été définies des zones dites de sécurité interdites à toute circulation jusqu’à nouvel ordre. A 18h00 TU, le chef de la diplomatie Abdullah Gül affirmait qu’il n’y avait pas encore eu entrée de l’armée turque en Irak, l’intrusion pourrait ne se limiter pour l’instant qu’à quelques unités de reconnaissance préparant une pénétration massive, et plus ou moins imminente. M. Gül parlait bien d’ailleurs ce soir de préparatifs. Selon l’agence d’informations Anka, ces éclaireurs seraient d’ailleurs déjà à une trentaine de kilomètres à l’intérieur du territoire irakien, mais sans contact avec l’ennemi. Cette présence ne serait pas vérifiable par les rebelles kurdes retranchés dans la région, mais alertés d’une possible attaque et donc repliés loin dans les montagnes. Préparée depuis des semaines, cette opération transfrontalière ne surprendra donc personne, mais promet de susciter de vives réactions, verbale autant, peut-être, que militaire.

On peut ajouter que la presse turque donne déjà un nom à cette opération militaire transfrontalière: elle s'appellerai «Balyoz», ce qui veut dire «masse» (du forgeron ou du casseur de pierre). Le site de l'Union Patriotique du Kurdistan (PUK, faction du président Djalal Talabani), explique de son côté que s'il n'y a pas de déploiement, il y a bien eu des vols et des atterrisages de reconnaissance dans la région, effectués par 10 hélicoptères militaires, précise pukmedia.com.

Avec Jérôme Bastion