Attentats-suicide en série en Irak


15 août 2007

Les quatre attentats-suicide aux camions piégés, qui visaient une minorité religieuse kurde, sont parmi les plus meurtriers depuis le début de la guerre en 2003.


Deux frères de la minorité yézédie font partie des centaines de victimes tuées dans les quatre attentats-suicides de mercredi. AFP/Ibrahim

Quatre camions piégés ont explosé mardi dans les villages irakiens d'al-Khataniyah et d'al-Adnaniyah dans la province de Ninive, au nord du pays. Deux localités essentiellement peuplées de Yézédis, des partisans d'une croyance minoritaire pré-islamique.

Le bilan est très lourd. D’après Dakhil Qassim Hassun, le maire de la municipalité de Sinjar, ces attaques ont tué au moins 200 personnes. Un médecin de la province, le Dr Mohammed Waadallah, a ensuite indiqué que 375 blessés avaient été transportés dans sept hôpitaux.  Il n'est pas exclu que le bilan s'alourdisse encore.

De son côté, le maire d'une localité proche de Mossoul, chef lieu de la province de Ninive a ajouté que 70 maisons avaient été soufflées et précisé que la police avait imposé un couvre-feu à Sinjar et dans les environs de Tal Afar, à 80 km à l'ouest de Mossoul.

La communauté yézédie, dont le nombre est estimé à 500.000 personnes, est une minorité kurde installée dans le nord de l'Irak qui considère le Diable comme le chef des anges. Cette secte dispose de trois députés sur les 275 sièges du Parlement irakien.

Cette secte a tenté de demeurer à distance des violents conflits sectaires et politiques qui ensanglantent une grande partie du reste de l'Irak, mais ces derniers mois, les relations avec les communautés sunnites voisines se sont gravement détériorées.

"Attaques barbares"

Ces attaques, parmi les plus meurtrières en quatre ans de guerre, interviennent après l'enlèvement à Bagdad, plus tôt dans la journée, du ministre-adjoint irakien du Pétrole, Abdel Jabar al-Wagaa, par des hommes armés portant des uniformes des forces irakiennes. Les attaques se sont également produites au moment où les dirigeants des principales communautés en Irak menaient des discussions pour préparer la réunion de crise souhaitée par le premier ministre Nouri al-Maliki pour sauver la coalition gouvernementale.

A l’annonce des attentats, la Maison Blanche a réagit dénonçant des "attaques barbares contre des civils innocents". "Les extrémistes continuent de montrer jusqu'où ils sont capables d'aller pour empêcher l'Irak de devenir un pays stable et sûr", a déclaré Dana Perino, une porte-parole de la Maison Blanche, avant de présenter les condoléances du gouvernement américain aux familles des victimes de ces attentats. De son côté, le premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a dénoncé un "crime ignoble", ordonné une enquête et affirmé que ce crime ne l'empêcherait pas de "poursuivre le processus politique".