Appel au Président de la République : ne laissons pas nos alliés kurdes se faire massacrer en Syrie

mis à jour le Mardi 15 janvier 2019 à 16h14

Jclagarde.fr

Nous, parlementaires de différents groupes politiques, lançons un appel au Président de la République et au Gouvernement pour qu’ils renforcent le soutien de la France aux forces kurdes de Syrie et leurs alliés non kurdes au sein des FDS (Forces Démocratiques Syriennes).

Ces forces ont été les principaux artisans de la reconquête des territoires sur lesquels l’État Islamique avait imposé ses lois, et depuis lesquels il fomentait les attentats qui ont notamment endeuillé Paris. Le soutien de la France à ces forces kurdes ne relève donc pas simplement d’un devoir éthique, mais va dans le sens de notre sécurité. La France ne doit pas lâcher ses meilleurs et plus fidèles alliés sur le terrain.

L’annonce récente par Donald Trump de retirer les forces armées des États-Unis de la zone a brutalement accru la menace pesant sur les forces kurdes, menacées par la politique du Président turc Recep Tayyip Erdogan. Si le peuple turc est un peuple ami, les dérives nationalistes, dictatoriales et intégristes du gouvernement actuel laissent craindre le pire. Le Président Erdogan a ainsi promis la destruction des forces kurdes et annonce depuis plusieurs semaines une offensive des forces armées turques au Rojava, région à majorité kurde de Syrie, alors qu’il a déjà annexé le canton syrien d’Afrin en janvier 2018.

Une telle perspective serait catastrophique pour toute la région. Une attaque de l’armée turque contre les Kurdes de Syrie permettrait à court terme au groupe État Islamique, affaibli mais non vaincu, de regagner en puissance. Elle mettrait également gravement en danger le projet politique fédéral, pluraliste, féministe, écologique, non-ethnique et non confessionnel mis en œuvre au Rojava. Malgré ses imperfections, il défend des principes qui sont les nôtres. Il représente surtout un véritable laboratoire pour la paix dans un Proche-Orient ravagé par les conflits.

Il est inconcevable que les FDS restent otages du bon vouloir de quelques puissants, qui plus est instables dans le cas de Donald Trump. La France doit prendre ses responsabilités et s’impliquer davantage qu’elle ne le fait déjà dans le soutien aux forces kurdes.

Nous demandons donc à la France de prendre ses responsabilités :
en saisissant le Conseil de sécurité de l’ONU pour placer les Kurdes de Syrie sous protection internationale via l’établissement d’une « no fly zone »
en œuvrant à doter les forces du Rojava de moyens de défense anti-aériens opérationnels en toute circonstance, y compris en cas d’agression par une puissance comme la Turquie parce que les forces présentes au Rojava n’ont jamais menacé l’intégrité du territoire turc, ni aucune frontière reconnue ;
en travaillant à une solution politique négociée en retirant le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations « terroristes ». Dans un contexte où 10.000 prisonniers politiques en Turquie sont en grève de la faim, dont la députée HDP Leyla Güven, il est urgent que la France fasse pression sur le régime d’Erdogan afin de garantir des droits démocratiques pour ses opposants.

Premiers signataires

Éric COQUEREL                                           

Vice-Président du Groupe d’études sur les Kurdes

Membre du groupe La France Insoumise

Député de la Seine-Saint-Denis

Jean-Christophe LAGARDE                                              

Président du Groupe d’études sur les Kurdes

Président du Groupe UDI, Agir et Indépendants

Député de la Seine-Saint-Denis

M. Jean-Paul LECOQ,

Membre du groupe Gauche démocrate et républicaine

Député de la Seine-Maritime

M. François PUPPONI,

Membre du groupe Libertés et Territoires

Député du Val-d’Oise

M. Jean-Luc REITZER,

Membre du groupe Les Républicains

Vice-Président du Groupe d’études sur les Kurdes

Député du Haut-Rhin