Ankara va discuter avec les Kurdes irakiens des rebelles du PKK

11 octobre 2008 | Correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Au moment où l’état-major annonce de nouveaux bombardements sur des cibles de la rébellion kurde en Irak du nord, et où un attentat a été déjoué en plein centre d’Istanbul avec l’arrestation d’une femme transportant une dizaine de kilos d’explosifs, l’Etat turc se dit prêt à discuter directement avec l’administration kurde du nord de l’Irak pour coordonner la lutte contre la rébellion du PKK, qui a lancé ces dernières semaines des attaques sanglantes sur le territoire turc. Une première.


Une patrouille de l'amée turque à la frontière turco-irakienne, le 22 février 2008.
(Photo: Reuters)

C’est un changement assez radical de stratégie, qui prouve que le gouvernement est prêt à jouer de la realpolitik, même sur des sujets extrêmement sensibles et toujours tabous. Il y a quelques jours à peine, l’opposition appelait d’ailleurs à déclarer l’administration locale kurde ennemie officielle de la Turquie, comme s’il ne restait plus qu’à lui déclarer la guerre…

Il y a 5 ans encore, Ankara promettait une réponse ferme y compris militaire à toute velléité de déclaration d’indépendance des Kurdes d’Irak. Et l’an dernier, les Turcs menaçaient d’intervenir physiquement contre le PKK sans le feu vert d’Erbil. Mais les temps ont changé, et il y a urgence.

Et surtout, comme le dit le Premier ministre kurde Nerçivan Barzani, « sans nous parler, qu’est-ce que  les Turcs peuvent attendre de nous? ». Réponse de ce diplomate turc : « Jusque là, nous demandions aux Kurdes d’Irak de faire le nécessaire, mais maintenant, nous allons dialoguer et le faire ensemble ».

Confirmant cette nouvelle orientation, le président Gül a rappelé que la Turquie avait déjà, par le passé, pris langue avec les Kurdes irakiens, certes dans un autre contexte, les deux factions kurdes se battant entre elles à l’époque, mais aussi pour fermer le sanctuaire du PKK. Aujourd’hui, la stabilité de l’Irak passe par l’amitié et la coopération avec la Turquie, dit encore M. Gül. Le cadre de cette coopération devrait être bientôt connu.