Afficher l'unité


12 juin 2007 | Correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

A l'approche des élections législatives, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est clairement opposé, mardi 12 juin, à une incursion militaire turque dans le nord de l'Irak contre les bases des rebelles kurdes, prenant le risque de se couper de l'armée qui y est favorable. Recep Tayyip Erdogan s'exprimait juste avant une réunion des dirigeants civils et militaires du pays consacrée aux mesures à prendre contre les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) qui ont intensifié leurs attaques en Turquie avant le scrutin du 22 juillet.


Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le 23 mai 2007 à Istanbul. (Photo : AFP)

En Turquie, les obsèques d'un caporal tué par la rébellion kurde ont, à nouveau, été l'occasion d'un rassemblement important - 10.000 personnes - qui ont exprimé leur réprobation quant à la lutte anti-guérilla menée par le gouvernement; une gerbe déposée par le Parti de la justice et du développement au pouvoir a même été piétinée par un manifestant.

C'est pour répondre à ce mécontentement croissant que le chef du gouvernement avait convoqué une réunion extraordinaire, avec les plus hauts responsables de l'armée. Elle s'est achevée sur une simple déclaration de bonne coopération entre le pouvoir civil et la hiérarchie militaire, mais pas sur la décision de lancer en Irak du nord une opération militaire contre les sanctuaires de la rébellion kurde, comme on le redoutait.

A une semaine de la convocation du Conseil de Sécurité Nationale, l’objectif de cette réunion n’était manifestement pas de prendre une décision stratégique concernant la lutte anti-terroriste. Son but immédiat était en revanche de calmer le mécontentement populaire, de plus en plus virulent, et d’afficher l’unité et la bonne collaboration des pôles civil et militaire du pouvoir dans la gestion de ce dossier sensible, priorité des autorités, stipule le communiqué final.

 Aucune décision concrète n’a été annoncée pour lutter contre les activités de la rébellion, mais on y rappelle la détermination, l’harmonie et la collaboration entre les institutions de la République, le gouvernement et l’armée donc, dont on sait qu’ils ne sont pas d’accord sur l’éventualité d’une intervention militaire en Irak du nord.

Ce sujet précis a-t-il été abordé par ce mini-sommet consacré à la sécurité. Certainement, puisque l’état-major ne cache pas son point de vue sur cette opération, qu’il qualifiait de nécessaire il y a deux mois déjà. Mais avant même la rencontre, le Premier ministre estimait que la Turquie n’était pas encore au pied du mur, qu’il fallait épuiser les moyens existants avant de choisir cette option, et surtout ne pas entraver la tenue des élections, fin juillet. Rendez-vous donc au mois d’août !