Selon Beaudoin, le fédéralisme est un «passage obligé» pour les Kurdes d'Irak

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Presse Canadienne

Le 13 octobre 2005

Le "fédéralisme est un passage obligé" pour les Kurdes d'Irak qui rêvent d'indépendance, estime Louise Beaudoin. D'après l'ancienne ministre, le Québec demeure pour eux un "modèle" notamment en matière de relations internationales et de protection de la langue.


Opprimés par le régime de Saddam Hussein, les Kurdes, comme l'ensemble des Irakiens, se prononcent samedi par referendum sur leur nouvelle constitution. Invitée par l'Institut kurde de Paris, Mme Beaudoin vient d'effectuer une visite de quatre jours à Erbil, la capitale de la "région". Elle y a découvert, non sans un certain étonnement, que le Québec y était perçu comme un "exemple".

"Les Kurdes veulent continuer d'exister sur la scène internationale, a-t-elle expliqué à son retour à Paris. Le premier ministre Barzani m'a dit que même avec les Américains, ils parlent du modèle québécois. Pour les Kurdes, le Québec est un exemple logique, en matière d'existence internationale et de protection de la langue."

Même s'ils ont des "problèmes (constitutionnels) similaires", les Kurdes, conseillés depuis plusieurs années par le constitutionnaliste québécois André Poupart, ont obtenu au sein de leur nouveau régime fédéral davantage d'autonomie que les Québécois au sein du leur.

"Ils ont pas mal plus que la société distincte...", résume Louise Beaudoin.

L'ex-ministre èuvre désormais dans l'enseignement universitaire, sur des thèmes comme la Francophonie et la mondialisation; avec la question kurde, elle ajoute "une plume à son chapeau". En avril, elle compte participer, avec l'Institut kurde de Montréal, à l'organisation d'une conférence sur l'avenir de cette région. Elle projette par ailleurs d'effectuer une nouvelle mission

à Erbil au printemps.

"Pour les Kurdes, l'arrivée des Américains et la chute de Saddam ont été vécues comme une libération, rappelle-t-elle. Cette constitution, ils l'ont voulue. Il leur était impossible de faire plus et mieux. Pour eux, c'est certain qu'il faut en passer par le fédéralisme pour en arriver à autre chose."

Dans le quotidien Le Devoir, il y a quelques jours, André Poupart soulignait que le Kurdistan irakien (comme les autres " régions " du pays) disposera après le référendum de samedi de plus de pouvoirs que les provinces canadiennes. Sur le plan linguistique, la situation est moins claire: la constitution fait du kurde une des deux langues officielles de l'Irak, mais le Kurdistan sera une "zone bilingue", alors que le reste du pays sera unilingue.