À Paris, la mairie du Xe arrondissement met à l’honneur la culture kurde

mis à jour le Lundi 9 janvier 2023 à 15h40

Leparisien.fr

À compter de ce samedi et jusqu’à début février, l’exposition « Arts kurdes en exil », rend hommage à la culture kurde et aux victimes de la rue d’Enghien tuées au mois de décembre, issues de cette communauté.

« Au Kurdistan, les femmes sont très soudées. On travaille ensemble, on mange ensemble, on fait tout ensemble. » Derrière Melis Kaya, commissaire d’exposition, un tableau d’Inaya Attar illustre trois femmes Kurdes vêtues de leur habit traditionnel. Du 7 janvier au 2 février 2023, le hall de la mairie du Xe arrondissement de Paris accueille « Arts kurdes en exil ».

Programmée dans le cadre d’une série d’évènements consacrés à la célébration du 40e anniversaire de l’Institut kurde de Paris, l’exposition a été organisée des mois avant l’attaque raciste de la rue d’Enghien perpétrée fin décembre à quelques rues de là. Mais « elle a aujourd’hui une signification beaucoup plus symbolique », explique Melis Kaya, qui espère « rassembler les Kurdes de Paris en cette période de deuil et montrer que nous sommes toujours là et plus forts ensemble ».

Le souci de « maintenir l’exposition après le drame »

« Maintenir l’exposition après le drame était important, souligne Laurence Patrice, élue à la maire du Xe en charge de la Culture. Je veux montrer que les Kurdes existent, qu’ils ont un combat politique que nous soutenons fermement, tant la maire de Paris que l’équipe du Xe, mais que ce sont aussi des artistes. » Melis Kaya abonde, soucieuse de « montrer que les Kurdes ne se résument pas à la guerre et à une population apatride, mais qu’ils ont un art, une culture et des artistes contemporains productifs. »

« Chaque être humain préférerait être à l’aise avec son art dans son pays »

Adbin Mostafa, Juhad Moussa ou encore Nesrin Mahmoud font partie des dix-neuf sculpteurs et peintres exposés. Tous ont connu l’exil et y ont puisé leur inspiration. Ici, « impossible d’inscrire les artistes dans un mouvement ou genre artistique commun », résume Melis Kaya : l’exposition met à l’honneur les trois parties du Kurdistan, en Iran, en Irak et en Syrie.

Ici, les œuvres de Kaniwar Alan, empreintes de couleurs vives, illustrent les persécutions subies par la population kurde, perpétrées notamment par Daech en Syrie. Là, au milieu des peintures se dressent les visages sculptés dans le marbre d’Eido Alhussein. « Chaque être humain préférerait être à l’aise avec son art dans son pays, résume ce dernier. Mais en Syrie nous, on ne pouvait pas s’exprimer en tant que Kurdes, même à travers l’art. »