Des militants pro-Erdogan font retirer une affiche de l’hebdomadaire « Le Point »

mis à jour le Dimanche 27 mai 2018 à 20h16

Lemonde.fr
 
Au Pontet, dans le Vaucluse, une dizaine d’hommes ont exigé vendredi qu’un kiosquier ôte la « une » de l’hebdomadaire, qui qualifie le président turc de dictateur.

La « une » du Point qualifiant le président turc Recep Tayyip Erdogan de « dictateur » ne plaît visiblement pas à une partie de la communauté turque. Vendredi 25 mai dans l’après-midi, une dizaine d’hommes ont exigé le retrait de la couverture de l’hebdomadaire affichée sur un kiosque du centre-ville du Pontet (Vaucluse).

Interviewé par le HuffPost, Jean-Paul Abonnenc, directeur général de MédiaKiosk, filiale de JCDecaux, affirme que ces militants pro-Erdogan sont venus « faire pression sur la kiosquière pour lui demander de retirer l’affiche ». « Un peu paniquée, elle a appelé un de nos agents. Compte tenu de la pression qui était exercée sur lui, il a décidé de retirer l’affiche », ajoute-t-il.

Sur plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on voit la suite de cette scène : des militants déploient une banderole à l’effigie du président turc tandis qu’un employé de JCDecaux se charge de retirer l’affiche du Point.

Des incidents « inacceptables »

Le maire du Pontet, Joris Hebrard (Front national), a dénoncé dès samedi des incidents « inacceptables ». Dans un communiqué, il affirme avoir demandé au directeur régional de la société mise en cause de remettre l’affiche au plus tôt. « On ne transige pas avec la liberté d’expression en France et encore moins au Pontet », écrit le maire frontiste. Selon La Provence, il compte saisir le procureur de la République afin qu’une enquête soit menée et que « les fauteurs de troubles soient identifiés et expulsés ».

Selon Le Point, « un second cas de destruction d’affiche par des sympathisants de l’AKP est recensé à Valence » (Drôme). L’hebdomadaire assure avoir « demandé le rétablissement des affiches dans les kiosques » de ces deux villes, « ce qui fut fait dans les deux heures ». Au Pontet, l’affiche du Point a été replacée sur le kiosque samedi, sous la protection d’agents de la police municipale et d’une dizaine de gendarmes.

L’hebdomadaire confie que ce numéro, consacré au président turc en campagne pour les élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin, « a fait ces derniers jours l’objet d’une intense campagne de dénigrement dans les médias officiels turcs et de la part d’organisation politiques franco-turques ». « Après une semaine de harcèlement, d’insultes, d’intimidation, d’injures antisémites et de menaces à notre attention sur les réseaux sociaux, voici venu le moment où les sympathisants de l’AKP s’attaquent aux symboles de la liberté d’expression et de la pluralité de la presse », regrette le magazine.