Syrie : Merkel juge la situation à Afrine «inacceptable»

mis à jour le Mercredi 21 mars 2018 à 15h37

Leparisien.fr | M.-L.W. avec AFP

La chancelière a pris position contre Ankara alors que le conflit entre Turcs et Kurdes s’exporte aussi sur le sol allemand.

Les relations entre la Turquie et l’Allemagne n’étaient déjà pas au beau fixe. Elles ne devraient pas s’améliorer. Mercredi Angela Merkel tout juste réélue chancelière a jugé « inacceptable » que des milliers de civils souffrent des combats à Afrine, enclave kurde en Syrie dont la Turquie a pris le contrôle après une offensive controversée.

« Indépendamment des intérêts sécuritaires justifiés de la Turquie, c’est inacceptable ce qu’il se passe à Afrine où des milliers et des milliers de civils sont réprimés, meurent ou sont forcés de fuir », a dit la chancelière dans son discours de politique générale devant les députés. Elle a « condamné de la manière la plus ferme » la situation dans cette zone kurde dont la Turquie a pris le contrôle dimanche, près de deux mois après le début cette offensive qui préoccupe également les Etats-Unis.

 

La quasi-totalité de la classe politique allemande, y compris des personnalités influentes du parti conservateur d’Angela Merkel, avait condamné les agissements turcs, un allié clé au sein de l’Otan.

Afrine, un symbole pour les Kurdes

La perte d’Afrine a une portée symbolique pour les Kurdes car la région a été le laboratoire de leur émancipation. C’est le premier secteur où les Kurdes de Syrie ont installé en 2012 une administration semi-autonome, avec l’introduction à l’école de leur langue, longtemps bannie, et la création de leurs propres forces de sécurité.

Les Kurdes d’Allemagne ont aussi critiqué ces derniers jours Berlin mais aussi l’Europe pour son absence de réactions face aux exactions présumées commises par la Turquie à Afrine.

Mosquées et établissement turcs vandalisés

L’Allemagne, qui abrite quelque trois millions de Turcs ou personnes d’origine turque, entretient des relations compliquées avec la Turquie, les deux pays ayant multiplié les crises et les disputes depuis près de deux ans. Elle craint aussi une importation sur le territoire allemand du conflit turco-kurde.

Depuis le début de l’année, une trentaine d’établissements, notamment religieux, de la communauté turque ont été vandalisés ou incendiés. La police soupçonne des attaques de groupuscules kurdes mais aussi de l’extrême droite.

En représailles, Ankara a convoqué mi-mars l’ambassadeur allemand pour lui transmettre des « avertissements nécessaires ».