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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 246

4/7/2002

  1. L’UNION EUROPÉENNE REFUSE DE FIXER UN CALENDRIER À LA TURQUIE QUI EST À LA TRAINE
  2. LE MHP, PARTI D’EXTRÊME DROITE, MENACE DE SE RETIRER DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE EN CAS DE RÉFORME SUR L’EDUCATION ET LA DIFFUSION EN KURDE
  3. BULENT ECEVIT, MALADE, AFFRONTE UNE LARGE OPPOSITION PARTICULIÈREMENT OFFENSIVE QUI DEMANDE SA DÉMISSION
  4. L’ÉCRIVAIN TURC FIKRET BASKAYA LIBÉRÉ
  5. MALGRÉ LA CRISE ÉCONOMIQUE DU PAYS, L’ARMÉE TURQUE VA ACHETER 150 AVIONS DE COMBAT D’UN MONTANT DE 6 MILLIARDS DE DOLLARS


L’UNION EUROPÉENNE REFUSE DE FIXER UN CALENDRIER À LA TURQUIE QUI EST À LA TRAINE


Alors que le Danemark a pris 1er juillet le relais de la présidence semestrielle de l'Union européenne devant déboucher impérativement sur un accord sur les conditions d'élargissement de l'UE au sommet de Copenhague, en décembre 2002, le commissaire européen chargé de l’élargissement, Gunter Verheugen, a déclaré au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qu’aucun calendrier ne pourrait être fixé à la Turquie pour son adhésion à l’UE.

En recevant à Copenhague le président de la Commission européenne, Romano Prodi, et tous les commissaires, M. Rasmussen a “ émis l'espoir que tous les dix pays candidats seront prêts pour entrer dans l'UE ”. [ndlr : la Turquie onzième candidat à l’UE] M. Rasmussen a mis une nouvelle fois en garde “ contre tout petit retard dans les négociations d'adhésion qui résulterait en un report de plusieurs années de cet élargissement ”, faisant référence à l'agenda très chargé de l'UE dans les années à venir. Il a indiqué que “ l'Union européenne présentera au tout début novembre sa position commune aux pays candidats, et qu'il restera à mener des négociations intenses avec ces pays jusqu'au sommet de Copenhague ” des 12 et 13 décembre. Ce sommet pourrait même être prolongé d'un ou deux jours, au besoin.

LE MHP, PARTI D’EXTRÊME DROITE, MENACE DE SE RETIRER DE LA COALITION GOUVERNEMENTALE EN CAS DE RÉFORME SUR L’EDUCATION ET LA DIFFUSION EN KURDE


Le vice-président du Parlement turc, Murat Sokmenoglu, un des poids lourds du parti de l’Action nationaliste (MHP), a prévenu le 1er juillet les deux autres partis de la coalition, que le MHP quitterait le gouvernement si les réformes concernant l’éducation et la diffusion en kurde arrivaient devant le Parlement. “ Si nos partenaires établissent un consensus avec les partis d’opposition, le Parlement serait appelé pour une session d’urgence et la peine de mort serait abolie. Mais, notre position est claire sur l’éducation et la diffusion en kurde. Notre position est que si notre deux partenaires de la coalition s’accordent avec l’opposition sur ces questions, alors ils ne pourraient pas nous voir dans le gouvernement dans la période d’après ”, souligne M. Sokmenoglu.

BULENT ECEVIT, MALADE, AFFRONTE UNE LARGE OPPOSITION PARTICULIÈREMENT OFFENSIVE QUI DEMANDE SA DÉMISSION


Le Premier ministre turc Bulent Ecevit, a semé la plus grande confusion le 27 juin en admettant pour la première fois la probabilité d'élections législatives anticipées avant de revenir peu après sur ses propos en affirmant avoir été “ mal compris ”. “ Je crois avoir été mal compris. Il est hors de question d'organiser des élections anticipées avant 2004, j'y suis catégoriquement opposé ”, a-t-il déclaré à la presse devant son domicile où il est au repos médical assisté.

Un peu plus d'une heure auparavant, M. Ecevit avait pourtant indiqué devant le groupe parlementaire de son parti de la Gauche démocratique (DSP), première réunion politique à laquelle il participait depuis près de deux mois, que des “ élections se profilent à l'horizon ”, tout en s'affirmant opposé à une telle éventualité.

Il avait même demandé aux 128 députés de sa formation de se rendre dans leurs circonscriptions respectives afin de préparer le terrain à un scrutin.

Le bref discours devant ses députés de M. Ecevit, qui a subi la veille au soir un contrôle médical complet à l'hôpital, a été émaillé de confusions dans l'emploi des mots. À l'issue de cette intervention, il s'est entretenu avec le président Ahmet Necdet Sezer, comme il le faisait une fois par semaine avant son alitement. Puis il s'est présenté devant les nombreuses caméras qui campent devant son domicile pour réfuter ses propres propos: “ Quand j'ai évoqué des élections, c'étaient les prochaines, en 2004 ”, a-t-il dit.

M. Ecevit a rejeté depuis sa première hospitalisation le 4 mai dernier les multiples appels à la démission et à des élections anticipées en raison de sa santé défaillante. Mme Tansu Ciller, chef du parti de la juste Voie (DYP), principal parti d'opposition, a réagi aux déclarations du Premier ministre en estimant qu'il était “ grand temps pour M. Ecevit de faire ses adieux au peuple. Il est même trop tard ”, a-t-elle ajouté. M. Abdullah Gul, vice-président du Parti islamiste de la justice et du développement (AK), a renchéri en réclamant des élections législatives, “ inévitables ”, à l'automne prochain. Il s'est en outre interrogé ouvertement sur la “ faculté de jugement ” du Premier ministre. Un député du parti de la Mère patrie (ANAP), membre de la coalition gouvernementale, a relevé que les propos de M. Ecevit avaient ouvert la voie à des discussions sur des élections anticipées. “ Le génie est sorti de la lampe ”, a estimé Nihat Akbulut.

M. Ecevit dirige depuis 1999 une coalition tripartite, mais sa mauvaise santé et les divisions de son gouvernement sur les réformes à mener pour adhérer à l'Union européenne font planer une lourde incertitude sur la vie politique du pays, avec des répercussions sur son économie en crise. Ses propos ont provoqué une onde de choc sur les marchés financiers volatils, la livre turque (TL) perdant du terrain le contre le dollar (1,64 million de TL), avant de se redresser pour revenir à son niveau de la veille (1,60 million TL). La Bourse d'Istanbul, qui était tombée la veille à son niveau le plus bas de l'année, chutant de 5,1 % à la clôture, s'est toutefois reprise le 27 juin, en hausse de 4,4 %, à 9.009 points, un phénomène lié, selon les analystes, à la reprise --même très partielle-- des activités politiques de M. Ecevit ce jour.

Le 1er juillet, de nombreux journalistes turcs de différentes tendances demandaient de concert dans le quotidien turc Hurriyet au Premier ministre turc de démissionner. “ Ce n’est pas seulement mal pour lui mais aussi pour la Turquie. Je regarde autour de moi et presque tout le monde pense comme moi et ils crient “ ça suffit ” ” écrit Emin Çolasan. “ Si Ecevit n’est pas enclin à partir alors il faut le faire partir… Un pays ne peut pas être sacrifié pour une personne. Ça suffit maintenant ”, poursuit Bekir Çoskun. “ Je pense qu’il est temps pour le Premier ministre de se retirer. Il doit se retirer non seulement de la tête du gouvernement mais également de celui de son parti ” souligne Mehmet Yilmaz. “ Après avoir discuté avec Kemal Dervis, je peux dire ceci : Si l’on veut de la stabilité, on n’a pas d’autres choix que de prévoir l’avenir proche de la politique, de l’après-Ecevit et des élections. Soit, on le fait maintenant ou alors ce sera après avoir subi une crise sans précédent ? ”, lance Hasan Cemal. “ Y a-t-il un capitaine dans le bateau ? ” demande Guneri Civaoglu et Ertugrul Ozkok, le rédacteur en chef de Hurriyet invoque l’exemple russe : “ Yeltsin en donnant sa place à Putin a non seulement effacé sa mauvaise fortune mais a également créé un leader capable de sauver la Russie. Aujourd’hui, ce leader “ homme malade ” fait la prospérité de la Russie et les gens se rappellent de Yeltsin comme le leader qui a développé la Russie. Il reste un service à faire pour le pays pour Ecevit. C’est d’agir comme Yeltsin courageusement et à temps…et d’ouvrir la voie à un leader… C’est pourquoi je vous supplie, M. Le Premier ministre, de lire les mémoires de Yeltsin ”.

Le quotidien Hurriyet n’en reste pas là, le lendemain, Emin Çolasan dans un plaidoyer cru et trivial à la Une du journal, accuse directement la femme et compagne de route du Premier ministre, Mme Rahsan Ecevit, d’être la cause de la maladie de ce dernier. Elle refuserait toute assistance, elle le nourrirait depuis des années que de biscuit sec et du thé, ses résultats sanguins prouveraient qu’il serait affamé… Le Premier ministre turc s’est dit particulièrement triste et choqué par les propos du journal.

L’ÉCRIVAIN TURC FIKRET BASKAYA LIBÉRÉ


L'écrivain, universitaire et journaliste turc de gauche Fikret Baskaya a été libéré de prison le 27 juin après avoir purgé une peine d'un an pour un article sur le problème kurde. M. Baskaya, 62 ans, a été accueilli par des défenseurs des droits de l'Homme à la sortie de sa prison de Kalecik, près d'Ankara.

M. Baskaya, un universitaire spécialiste de l'économie, qui a purgé dans le passé vingt mois de prison entre 1993 à 1995 pour sa défense des droits des Kurdes, avait été condamné à 16 mois de prison pour “ propagande séparatiste ” par une Cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul pour un article publié en 1999 dans le journal Ozgur Bakis qui a cessé de paraître depuis.

MALGRÉ LA CRISE ÉCONOMIQUE DU PAYS, L’ARMÉE TURQUE VA ACHETER 150 AVIONS DE COMBAT D’UN MONTANT DE 6 MILLIARDS DE DOLLARS


Selon le quotidien turc Milliyet du 5 juillet, la Turquie s’apprête à signer le 11 juillet prochain avec le département d’Etat américain un contrat de commande de 150 avions de guerre de nouvelle génération, des F-35, de fabrication américano-britannique, d’un montant de 6 milliards de dollars (soit 40 millions de dollars par avion), payable avant 2013 et livrés à partir de 2015 jusqu’en 2030.

L’état-major turc compte également confirmer sa commande de 30 nouveaux avions F-16 d’un montant d’un milliard de dollars mais demande aux Etats-Unis son soutien dans la vente de ses anciens F-16.

Le programme F-35 avec un projet de vente de 5000 avions constitue le plus vaste projet militaire concernant les avions à réaction.

Malgré l’injection de 16 milliards de dollars par le FMI, la Turquie a le plus grand mal à faire face à une crise économique sans précédent qui touche toutes les couches de la société mais vraissemblement pas l’armée turque. D’ailleurs, les leaders des trois partis de la coalition gouvernementale et pour la première fois depuis deux mois le Premier ministre Bulent Ecevit, réunis le 4 juillet au sommet avec les différents ministres en charge des dossiers économiques n’ont pas réussi à avancer concrètement sur les réformes économiques.