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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 196

28/3/2001

  1. L’ETAT D’URGENCE RECONDUIT DANS QUATRE PROVINCES KURDES
  2. LE NEWROZ 2001 : À DIYARBAKIR LES FESTIVITÉS ONT RASSEMBLÉ DANS LE CALME PLUS DE 500 000 PERSONNES ; NOMBREUX INCIDENTS À ISTANBUL
  3. LE PROGRAMME NATIONAL TURC POUR L’UNION EUROPÉENNE EST UNE COQUILLE VIDE
  4. L’IMPUNITÉ PARLEMENTAIRE TURQUE PROTÈGE DES CRIMINELS
  5. CENGIZ SOYDAS, 28 ANS, PREMIÈRE VICTIME DE LA GRÈVE DE LA FAIM LANCÉE DANS LES PRISONS TURQUES IL Y A CINQ MOIS
  6. TROIS PRIX NOBEL SOUTIENNENT L’ECRIVAIN KURDE MEHMED UZUN QUI RISQUE 15 ANS DE PRISON POUR DEUX ROMANS
  7. LE FMI REFUSE DE SOUTENIR D’AVANTAGE LA TURQUIE QUI TARDE À ENGAGER LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES REQUISES


L’ETAT D’URGENCE RECONDUIT DANS QUATRE PROVINCES KURDES


Le Parlement turc a, le 27 mars, reconduit l'état d'urgence en vigueur depuis 14 ans dans quatre provinces kurdes. Le Parlement se prononce tous les quatre mois sur le maintien de l'état d'urgence. Les provinces concernées sont Diyarbakir, Hakkari Sirnak et Tunceli.

Sa levée fait partie des mesures politiques réclamées à "moyen terme" à la Turquie par l'Union européenne si elle veut ouvrir des négociations d'adhésion. Le gouvernement turc s'est engagé à le lever, mais sans donner de date, dans son "programme national", vaste catalogue de mesures devant mettre la Turquie en conformité avec les normes européennes en matière politique et économique.

Les combats ont quasiment cessé dans la région, mais l'armée turque s'est déclarée déterminée à pourchasser jusqu'au bout les "rebelles du PKK" à moins qu'ils ne se rendent, et elle mène régulièrement des opérations dans le Kurdistan irakien, où la plupart des combattants du PKK se sont repliés.

Un regain de tension s'est fait cependant sentir fin janvier 2001 avec un attentat qui a coûté la vie au chef de la police de Diyarbakir, dont les auteurs n'ont toujours pas été retrouvés, et la disparition de deux responsables du HADEP de la province de Sirnak après une visite au poste de gendarmerie, qui n'ont toujours pas réapparu. Nombreux sont ceux qui accusent "l’Etat profond" de cultiver la terreur dans la région pour maintenir celle-ci sous un régime d’exception.

LE NEWROZ 2001 : À DIYARBAKIR LES FESTIVITÉS ONT RASSEMBLÉ DANS LE CALME PLUS DE 500 000 PERSONNES ; NOMBREUX INCIDENTS À ISTANBUL


La fête du Newroz, le Nouvel an kurde, a été marquée par des incidents et des interpellations, le 21 mars, à Istanbul, mais célébrée dans le calme par plus d’un demi million de personnes dans les provinces kurdes.

La police anti-émeutes est intervenue à Istanbul contre un groupe de 200 personnes qui auraient scandé des slogans en faveur d’Abdullah Ocalan, après une manifestation dans le calme d'une foule de 3.000 personnes sur une place près du palais de Topkapi. La police a tiré en l'air pour disperser les manifestants et a interpellé plusieurs personnes. Toujours à Istanbul, la police a interpellé une personne en intervenant contre des manifestants qui avaient allumé un feu à Dolapdere.

Le Parti de la Démocratie du Peuple (HADEP, pro-kurde) n'a pas été autorisé par le gouvernorat d'Istanbul à organiser des festivités dans la métropole à l'occasion du Newroz.

La veille au soir, neuf personnes, dont un policier, avaient été blessées et une cinquantaine d'autres interpellées dans plusieurs villes kurdes. D'importantes mesures de sécurité avaient été prises à travers la Turquie pour la circonstance. À Mersin, qui compte une forte communauté kurde, 300 manifestants réunis, le 20 mars, "illégalement" ont scandé des slogans Lors de l'intervention de forces de l'ordre, un policier a été blessé par un jet de pierre, 45 manifestants ont été interpellés, dont 32 ont été relâchés par la suite. À Antalya, des inconnus ont lancé des pierres contre un véhicule de la police, cassant son phare-- Quatre suspects ont été interpellés. À Siirt, la police est intervenue pour mettre fin à une manifestation "illégale". Sept personnes, dont deux enfants, ont été blessées. Des célébrations se sont déroulées sans incident dans plusieurs autres grandes villes turques comme Ankara, Izmir et Bursa.

Le Newroz, fête païenne d'origine zoroastrienne, qui annonce le réveil de la nature, est traditionnellement pour les Kurdes l'occasion d'affirmer leur identité, et a souvent été perturbé dans le passé par des affrontements sanglants. Pour les Kurdes, il commémore également la première révolte de l'histoire de leur peuple, qui s'est soulevé, selon la légende, contre le tyran perse Dehaq, sous la direction du forgeron Kawa. Celui-ci appela ses compatriotes à la rébellion en allumant des feux dans les montagnes. Suivant cet exemple, les participants aux festivités mettent le feu à des pneus et dansent autour. Cette année, pour des raisons "écologiques", le gouvernorat de Batman a distribué du bois pour ces feux. Le HADEP en a fait autant à Diyarbakir.

Après avoir interdit pendant sept décennie cette fête "séparatiste", l'Etat turc a récupéré le Newroz depuis 1995 en le présentant comme un Nouvel an traditionnel pour de nombreux peuples de la région y compris les Turcs. En 1992, cette fête avait été marquée par des affrontements avec les forces de l'ordre, faisant une centaine de morts, notamment à Cizre.

Le HADEP a en revanche été autorisé pour la deuxième année consécutive à organiser des festivités à Diyarbakir, principale ville kurde, et dans la province voisine de Batman où elles se sont déroulées sans incident.

À Diyarbakir, quelque 500.000 personnes se sont rassemblées sur un emplacement utilisé pour des foires à la lisière de la ville, dansant sur des airs folkloriques et allumant des feux selon la tradition, sous la surveillance de la police. De nombreux représentants d'organisations non gouvernementales italiennes et allemandes ont assisté aux festivités. "Le Newroz est la fête de la paix et de la fraternité (...) Nous sommes en faveur de la démocratie et du dialogue", a déclaré le président du HADEP, Murat Bozlak, qui s'est adressé à la foule.

LE PROGRAMME NATIONAL TURC POUR L’UNION EUROPÉENNE EST UNE COQUILLE VIDE


La Turquie a, le 19 mars adopté un programme de réformes en vue d'adhérer à l'Union européenne loin de répondre aux demandes de l'Europe sur l'octroi de droits culturels aux Kurdes, l'abolition de la peine de mort et une diminution du rôle de l'armée.

Le "programme national", entériné en conseil des ministres, prévoit en termes généraux des amendements légaux pour améliorer la liberté de pensée et d'expression, les conditions dans les prisons, et la lutte contre la torture. Mais il exclut tout enseignement en kurde, maintenant que la "langue officielle de la Turquie, y compris dans l'éducation, est le turc". Il reconnaît aux citoyens le droit "d'utiliser librement des langues ou dialectes différents dans leur vie quotidienne", à condition que cela ne soit pas dans des "buts séparatistes". Le programme laisse au Parlement la responsabilité de se prononcer, à moyen terme, sur une abolition de la peine de mort, et décrit comme un organe "consultatif" le Conseil national de sécurité (MGK), instance dominée par l'armée réunissant les plus hauts dirigeants civils et militaires à travers lequel ces derniers pèsent ouvertement sur la vie politique. Son rôle et sa structure, ancrés dans la Constitution comme dans les mentalités dans un pays où la population fait apparemment plus confiance à son armée qu'à ses hommes politiques, doivent être revus "à moyen terme".

La Turquie a été déclarée candidate à l'UE en décembre 1999, mais doit remplir les critères de Copenhague sur le respect des droits de l'homme et de la démocratie pour pouvoir ouvrir des négociations d'adhésion. Ce programme est le fruit d'un compromis entre les partenaires de coalition du Premier ministre Bulent Ecevit : son parti de la Gauche démocratique DSP (gauche nationaliste), le parti de la Mère patrie ANAP et le parti de l'Action nationaliste MHP (ultra nationaliste).

Le MHP est opposé à des droits culturels pour les Kurdes, comme l'armée. Le MHP est également opposé à l'abolition de la peine de mort à cause d'Ocalan. Il avait mené campagne pour son exécution avant son arrivée au pouvoir aux législatives d'avril 1999. La Turquie a repoussé son exécution dans l'attente d'une décision de la Cour européenne des droits de l'homme.

Mesut Yilmaz, ministre chargé de l'Europe et chef du parti de la Mère patrie (ANAP), a souligné devant la presse que le programme "doit être achevé en cinq ans au plus. Sinon je crains que nous n'arrivions plus à suivre le calendrier d'élargissement de l'UE".

"La balle est toujours dans le camp de la Turquie", souligne un autre diplomate européen. "Les Européens peuvent dire que ça ne va pas assez loin, mais c'est aux Turcs de fixer le rythme. Au moins, le programme fait passer le message que le gouvernement reste engagé dans le processus européen malgré tous les problèmes".

Le programme comprend aussi un volet économique en vue d'une harmonisation avec l'UE. Mais la crise que traverse la Turquie, dont la monnaie a été dévaluée de 30 % face au dollar, est désormais passée au premier plan des préoccupations du gouvernement et de la population, et risque de rendre plus difficile sa mise en œuvre. L'Union européenne a, le 26 mars, accordé un satisfecit au volet économique du programme turc d'adhésion à l'UE, mais a souligné que des " efforts supplémentaires " étaient nécessaires en matière de respect des droits de l'Homme et d'abolition de la peine de mort.

Ce programme d'adhésion constitue un paquet d'environ 200 nouvelles lois et amendements qui devront être débattus d'ici cinq ans. Ce programme " est une contribution importante à la préparation de la Turquie à l'adhésion à l'UE et la première étape d'un programme profond de réformes politiques ", a commenté Gunter Verheugen, le commissaire européen à l'élargissement. En ce sens, il constitue " le point de départ pour la transformation fondamentale de la Turquie en une démocratie moderne". Toutefois, a poursuivi M. Verheugen, " une analyse préliminaire laisse apparaître que des efforts supplémentaires seront requis dans des domaines tels que l'abolition de la peine de mort et l'assurance des droits culturels pour tous les citoyens, quelle que soit leur origine ", a-t-il indiqué en faisant implicitement référence à la question kurde.

L’IMPUNITÉ PARLEMENTAIRE TURQUE PROTÈGE DES CRIMINELS


La police turque a, le 24 mars, arrêté quatre hommes, dont le neveu et le chauffeur de Mustafa Bayram, député turc, qui auraient essayé de vendre deux tableaux volés de Pablo Picasso à des policiers en civil. Le neveu de M. Bayram venait apparemment d'accepter de vendre les tableaux aux policiers en civil pour 1,5 million de dollars pièce.

Ces deux tableaux saisis s'ajoutent à six autres, qui seraient également des œuvres du peintre espagnol, retrouvés en Turquie au cours de l'année écoulée. Ils auraient été volés dans un palais au Koweït pendant la guerre du golfe, en 1991, et passés en contrebande en Turquie via l'Irak.

Depuis l’arrestation du député de Van, les médias turcs ne manquent pas de révélations jusqu’alors passées sous silence. Alors que la première déclaration de M. Bayram a été "Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Je suis un représentant du peuple à l’Assemblée turque". Mustafa Bayram, aujourd’hui député indépendant, a d’abord été présenté sur une liste ANAP pour les élections de 1995 puis s’est présenté sur la liste du parti islamiste (RP) au cours des élections de 1999. Interrogée sur la question, la commission électorale rétorque que M. Bayram, poursuivi dans le cadre de huit affaires, comprenant l’homicide et trafic de drogue, aurait trompé la commission électorale en faisant une erreur volontaire sur son nom, passant de "Bayram" à "Bayrak" évitant ainsi toute opposition.

Le Parlement turc comprend aujourd’hui dans ses rangs de nombreuses personnes impliquées dans des crimes et délits, mais ces dernières échappent aux poursuites grâce à l’amnistie, aux prescriptions dûes à la lenteur de l’instruction, ou aux subterfuges grotesques comme cette dernière affaire. Alors que Leyla Zana et ses collègues purgent depuis plus de 7 ans leurs peines de 15 ans de prison pour avoir osé dénoncer la politique turque sur les Kurdes. L’immunité parlementaire, levée avec aisance quand de délits d’opinion sont commis, protège un gros bataillon de députés turcs impliqués dans des crimes infamants et des trafics de toutes sortes.

CENGIZ SOYDAS, 28 ANS, PREMIÈRE VICTIME DE LA GRÈVE DE LA FAIM LANCÉE DANS LES PRISONS TURQUES IL Y A CINQ MOIS


Cengiz Soydas est décédé le 21 mars à l’âge de 28 ans des suites d’une grève lancée en novembre 2000 dans les prisons turques. Selon la Chambre des médecins d'Ankara, 31 autres détenus, courent le "risque d'une mort soudaine que même leurs médecins ne seront pas en mesure de prévoir".

Les prisonniers ont entamé ce mouvement de grève de la faim pour protester contre leur transfert dans de nouveaux établissements pénitentiaires dotés de cellules pour une ou trois personnes. Incarcérés jusqu'à présent dans des dortoirs collectifs, ils déclarent craindre des abus commis par des gardiens en cas d’isolement. Les forces de l'ordre turques avaient lancé du 19 au 22 décembre un assaut massif pour briser un mouvement de grève de la faim de détenus d'extrême gauche dans les prisons. 19 prisonniers avaient succombé à leurs brûlures après s'être immolés par le feu selon les autorités, 10 autres morts dans les affrontements avec les forces de sécurité, et un détenu est décédé de blessures dont la nature n'a pas été précisée. Deux gendarmes avaient trouvé la mort dans l'assaut.

Une détenue, Hatice Yazgan, se trouve dans un état particulièrement critique. À 30 kg, elle a perdu toute intelligence, incapable de dire son âge, dans quel pays elle se trouve, ne reconnaissant même pas sa famille.

Le Conseil de l'Europe a, le 16 mars, exhorté les autorités d'Ankara à réformer les prisons turques et à enquêter sur les allégations relatives à des abus dont seraient victimes des détenus. Tabassages de prisonniers, tirs sur des détenues qui n'opposaient pas de résistance : le Comité anti-torture du Conseil de l'Europe ne ménage pas ses critiques contre les méthodes des autorités turques, lors de l'assaut meurtrier contre le mouvement de grève de la faim dans les prisons.

Le Comité pour la prévention de la torture (CPT), dont une délégation s'est rendue à deux reprises en Turquie, en décembre et janvier, a pointé les méthodes "pas toujours proportionnées" des forces de l'ordre, au cours de ces interventions, menées du 19 au 22 décembre, et qui s'étaient soldées par 32 morts.

Dans des observations préliminaires, rendues publiques, le 15 mars, à Strasbourg avec l'assentiment des autorités turques, la délégation du CPT confie notamment ses "sérieux doutes" sur la manière dont l'intervention a été menée dans un dortoir de femmes de la prison et maison d'arrêt d'Istanbul, Bayrampasa: Six femmes, sur les 27 occupantes du dortoir C1, ont été tuées et plusieurs autres blessées ou brûlées, alors qu'elles s'étaient simplement enfermées, sans opposer de "résistance violente", selon les explications recueillies par la délégation. Les détenues auraient néanmoins été "bombardées de grenades lacrymogènes" pendant plusieurs heures et des "coups de feu auraient été tirés sur elle" par intermittence. Par ailleurs, un incendie aurait été provoqué au dernier étage du dortoir sans que les forces de sécurité -qui en avaient les moyens matériels-- interviennent immédiatement pour éteindre le sinistre, affirme le CPT dans un communiqué.

La délégation, qui s'est rendue en Turquie du 10 au 16 décembre et du 10 au 15 janvier, pointe également des passages à tabac de détenus déjà maîtrisés, ainsi que des fouilles "indiscrètes ou humiliantes". "Des détenus auraient été frappés par les membres de la gendarmerie après leur évacuation des dortoirs des prisons où les interventions se sont déroulées", relate le CPT, qui cite de "nombreuses allégations concordantes" et "des données médicales compatibles aves des allégations de passage à tabac de détenus".

Le CPT, qui note que "les forces de sécurité se sont heurtées à des barricades et à une violente résistance" dans de nombreuses prisons, réclame donc une "enquête approfondie et indépendante" concernant le dortoir C1 et toutes les interventions effectuées à partir du 19 décembre.

Le CPT, habilité à entrer dans toutes les prisons des Etats membres du Conseil de l'Europe afin de prévenir la torture et les mauvais traitements, établira prochainement un rapport détaillé sur ses visites en Turquie, mais l'autorisation d'Ankara sera nécessaire pour qu'il soit rendu public.

TROIS PRIX NOBEL SOUTIENNENT L’ECRIVAIN KURDE MEHMED UZUN QUI RISQUE 15 ANS DE PRISON POUR DEUX ROMANS


Un appel en faveur de l'écrivain kurde suédois Mehmed Uzun, poursuivi par la justice turque, a été signé par trois lauréats de prix Nobel : L'écrivaine sud-africain Nadine Gordimer (Prix Nobel de littérature 1991), son homologue allemand Gunther Grass (Prix Nobel de littérature 1999) et l'écrivain américain d'origine roumaine Elie Wiesel (Prix Nobel de la paix 1986), ont soutenu et signé l'appel rédigé par l'écrivaine suédoise Kerstin Ekman. Ces écrivains et intellectuels protestent contre les poursuites entreprises par la Cour de sûreté de l’Etat d'Istanbul qui accuse Mehmed Uzun d'avoir "soutenu le terrorisme, incité à la révolte menant vers le séparatisme".

"Tous les membres de l'Académie royale de Suède et de l'Académie royale du Danemark ont aussi signé cet appel, sans compter d'autres écrivains célèbres du monde entier", a déclaré Mme Kerstin Ekman. Cet appel a été envoyé au président de la République turque, au Premier ministre et autres membres du gouvernement turc, a précisé l'écrivaine suédoise.

Mehmet Uzun, arrivé en 1980 en Suède en tant que réfugié, est un romancier écrivant en langue kurde. Ses livres ont été traduits en suédois, en allemand et en français. Deux de ses romans "Clair comme l'amour, sombre comme la mort" et "Floraison d'une grenade", traduits en turc et publiés à Istanbul font l’objet de poursuites judiciaires.

L'auteur suédois d'origine kurde se rendra le 30 mars à Istanbul où se tiendra son procès, et où il risque une peine de 15 ans de prison. "Il est important que je me présente devant le procureur turc de ce procès pour repousser ces accusations grossières selon lesquelles je soutiendrais le terrorisme", a affirmé Mehmed Uzun. "Je dois effectuer cette démarche car je crois en la liberté d’expression, au combat pour la démocratie et aux droits de l'homme", a-t-il ajouté.

Mehmed Uzun rencontrera, le 29 mars, le ministre suédois de la Culture, Mme Marita Ulvskog. Cette rencontre signifiera que l'écrivain a le soutien du gouvernement suédois.

LE FMI REFUSE DE SOUTENIR D’AVANTAGE LA TURQUIE QUI TARDE À ENGAGER LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES REQUISES


La Turquie au pied du mur doit adopter à un rythme accéléré une série de réformes économiques si elle veut regagner la confiance et décrocher une aide étrangère après la crise de février.

Le nouveau ministre de l’économie, Kemal Dervis, économiste à la Banque mondiale récemment rappelé dans son pays natal pour gérer la crise financière, est attendu, le 28 mars, en Turquie après une visite en Allemagne et aux Etats-Unis pour obtenir un soutien, notamment de la part du Fonds monétaire international (FMI). Il a souligné à Washington que 15 lois ou amendements devaient être adoptés aussi vite que possible par le Parlement. Selon lui, Ankara a besoin de 10 à 12 milliards de dollars d’aide supplémentaires pour sortir de la crise.

La Turquie et le FMI, qui en 54 ans, a participé à 17 programmes de secours financier en Turquie, sont parvenus, le 19 mars, à un nouvel accord destiné à sortir le pays de la crise financière, Ankara émettant le souhait d'obtenir un soutien "sérieux" de la part de la communauté internationale. Le plan revisé doit être finalisé mi-avril et soumis au FMI fin avril. Michael Deppler, directeur général du département Europe du FMI, qui a négocié cet accord à Ankara, a indiqué que le Fonds pourrait accorder un prêt anticipé de 6,25 milliards de dollars, dans le cadre du plan anti-inflation de 11,5 milliards de dollars actuellement au stade de la négociation. Les pourparlers concernant ce programme d'aide sur trois ans avaient été remis en cause par l'irruption de la crise financière au mois de février et la décision de laisser flotter la monnaie. "Le Fonds ne veut plus de crise en Turquie", a déclaré Deppler. "Nous cherchons à mettre en place un programme solide et la base de ce programme se trouve dans les accords passés aujourd'hui." "Nous avons été surpris par l'intensité de la crise et par les problèmes qui en ont découlé (dans les banques)", a-t-il poursuivi. De l'avis de Deppler, les difficultés rencontrées par les banques d'Etat, qui proposent aux industries des prêts à faibles taux, sont au cœur de l'actuel marasme financier. Une crise similaire avait surgi en novembre 2000 à cause de la faiblesse du secteur bancaire privé.

Le prêt accordé devrait servir à protéger la livre turque, qui a perdu plus de 30 % de sa valeur depuis le début de la crise, mais aussi à soutenir le budget et à rembourser la dette du pays.

Le Premier ministre Bulent Ecevit, avait indiqué que le prêt du FMI pourrait atteindre 25 milliards de dollars. Mais M. Dervis a fait clairement savoir que l'aide ne pourrait atteindre une telle ampleur. "Le financement étranger dépend largement de la détermination de la Turquie à mettre en œuvre ce programme", a ajouté Dervis, suggérant ainsi que l'actuelle crise avait émoussé la confiance de la communauté internationale envers la Turquie.

"La Turquie est capable de faire les démarches nécessaires pour surmonter cette tempête économique", a déclaré l'ambassadeur américain Robert Pearson. "Les Etats-Unis sont prêts à aider la Turquie à relever ces défis."