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POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
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Liste
NO: 104

9/7/1998

  1. .
  2. 30 040 VICTIMES EN 11 ANS DE GUERRE AU KURDISTAN
  3. NOUVELLE TENSION ENTRE L'ARMÉE ET LE GOUVERNEMENT TURC
  4. L'INTERNATIONALE SOCIALISTE DEMANDE UNE SOLUTION POLITIQUE À LA QUESTION KURDE
  5. PROLONGATION DU MANDAT POUR LES AVIONS ALLIÉS D'INCIRLIK


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30 040 VICTIMES EN 11 ANS DE GUERRE AU KURDISTAN


Selon les chiffres avancés vendredi 3 juillet 1998 par M. Aydin Arslan, gouverneur de la région sous état d'exception (OHAL), 30 040 personnes ont été tuées au cours de la guerre au Kurdistan depuis 1987, soit 21 041 morts dans les rangs du PKK, 4 606 membres des forces de sécurité turque et 4 399 civils dont 493 enfants.

NOUVELLE TENSION ENTRE L'ARMÉE ET LE GOUVERNEMENT TURC


Depuis que le parti de la Prospérité (RP) est sorti vainqueur des élections législatives de 1995, la "lutte contre le fondamentalisme" est un sujet de prédilection en Turquie. Cependant les militaires et le gouvernement n'ont pas toujours la même approche de la question. Ces trois dernières années une série de mesures anti-islamistes ont été prises; Le Parti de la Prospérité (RP) a été dissous. Necmettin Erbakan, leader du dit parti a été interdit de vie politique au même titre que cinq autres dirigeants islamistes. Le maire d'Istanbul, Recep Tayyip Erdogan, considéré comme un des leaders potentiels du parti de la Vertu (FP), fondé à la suite de l'interdiction du RP, risque aujourd'hui le même sort. La MUSIAD, l'association pro-islamiste des hommes d'affaires est également menacée d'interdiction.

C'est dans ce contexte que le général Çevik Bir, chef adjoint de l'état-major des armées a déclaré que le fondamentalisme islamique restait toujours le danger numéro un dans le pays, tout en reconnaissant que le nouveau Parti islamiste de la Vertu gardait sa position de première force politique du pays. L'intégrisme a été désigné en 1997 par l'armée comme le danger numéro un pour la Turquie et les militaires restent mécontents de la performance du gouvernement de Mesut Yilmaz dans ce domaine et ils le font savoir. Face aux déclarations de Çevik Bir, le vice-premier ministre Bulent Ecevit, le 1er juillet 1998, suivi du Premier ministre ont indiqué implicitement leur mécontentement puis ont demandé à l'armée de rester en dehors de la politique. "J'apprécie la vigilance de l'armée pour la protection de l'État laïc, mais je désapprouve l'attitude [des militaires] allant jusqu'à exprimer des points de vue politiques" a déclaré M. Yilmaz, samedi 4 juillet 1998. À la suite d'une réunion, dimanche 5 juillet 1998, à Ankara, des quatre commandants en chef des armées turques sous la présidence du chef d'état-major, le général Ismail Hakki Karadayi, les militaires turcs ont réaffirmé avec force leur détermination à lutter contre l'intégrisme musulman en Turquie. "Dans leur tâche de protéger l'ordre constitutionnel contre tous les dangers, les forces armées turques agissent dans le cadre des lois en respectant la suprématie du droit" a réaffirmé le général Karadayi.

L'INTERNATIONALE SOCIALISTE DEMANDE UNE SOLUTION POLITIQUE À LA QUESTION KURDE


Les 2 et 3 juillet 1998 une conférence sur le thème de "En route vers l'Europe: L'avenir de la question kurde pour la Turquie et ses voisins" a réuni une soixantaine de représentants de partis occidentaux membres de l'Internationale socialiste, des représentants des partis kurdes (PDK-Iran, PDK-Irak, UPK, HADEP et des experts). Au terme de diverses communications, des auditions et des débats, une déclaration a été rendue publique. En voici les principaux extraits:

"Nous, les députés socialistes européens des partis socialistes européens des États membres de l'Union Européenne, déclarons ceci:

Qu'une paix durable ne peut être établie au Moyen-Orient sans que soit prise en compte la question kurde.

Que les problèmes rencontrés par les Kurdes, y compris les violations massives des droits politiques, socio-économiques et culturels, le sous-développement économiques et la migration forcée, ont eu, et ont toujours un impact sur la paix, la sécurité et la stabilité de la région et de l'Europe, procurant une dimension internationale aux problèmes.

Que l'Europe a un intérêt direct à trouver des solutions à ces problèmes, non pas parce que cela a causé une crise de réfugiés.

Qu'une solution stable et juste à la question kurde ne peut jamais être réglée par des moyens militaires ou violents mais seulement par un processus politique de dialogue mené entre les représentants kurdes et les autorités gouvernementales aussi bien qu'entre les organisations kurdes.

Que la base d'une quelconque solution politique doit inclure:

- la démocratie politique dans ces pays

- la reconnaissance et des garanties des droits des Kurdes (civils, politiques et culturels) à l'intérieur des frontières de ces pays

- le respect de l'intégrité territoriale des pays concernés

- le développement économique et social dans la région

Que, afin de contribuer aux entreprises de solutions politiques, l'Union Européenne devrait faire des efforts spéciaux pour apaiser la souffrance des victimes des conflits à travers ses programmes humanitaires

et, sur la base de ceci, adoptons les positions suivantes sur la situation des Kurdes en Irak, Iran et la Turquie.

Sur la situation des Kurdes en Irak

1- Nous croyons que le régime irakien actuel empêche le développement d'une solution durable pour les Kurdes du nord de l'Irak et qu'une direction responsable démocratique est requise pour des délibérations et négociations sérieuses sur l'avenir de la région du Kurdistan irakien. Toute solution similaire doit impliquer une large autonomie de la région.

2- Cependant, nous croyons qu'il est vital que toutes les forces politiques fassent tout leur possible pour promouvoir des développements positifs dans la région et encourager une assise politique durable au conflit UPK-PDK ()

4- Nous reconnaissons les effets positifs du programme des Nations Unies "pétrole contre nourriture" et soutenons son extension et sa mise en uvre en maintenant l'intégrité du programme et des fonds alloués pour la région du Kurdistan irakien comme le stipule la résolution 986 du Conseil de sécurité de l'ONU pour apporter une base solide au développement économique de la région. Nous soutenons également d'autres moyens ayant le but d'améliorer les conditions de vie du peuple et la reconstruction de l'infrastructure de la région du Kurdistan irakien ()

6- Nous sommes d'accord pour l'examen complet de la requête conjointe du PDK et de l'UPK pour la tenue d'une conférence internationale sur la reconstruction et l'avenir de la région du Kurdistan irakien. ()

Sur la situation des Kurdes d'Iran

8- Considérant l'élection du président Khatami et certains initiatives prises par son gouvernement comme des signaux positifs pour le développement futur de la République islamique d'Iran, nous espérons avec force que les réformes démocratiques et spécialement des améliorations substantielles dans le domaine des droits de l'homme suivront.

9- Dans ce contexte, nous appelons les autorités iraniennes à cesser leurs accusations continuelles relatives à la populations kurde en Iran et spécialement contre des membres du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI) vivant en Iran aussi bien que ses responsables en exil ()

11- Nous sommes d'accord pour encourager et soutenir le développement de l'activité des organisations d'aide humanitaire qui viennent en aide aux dizaines de milliers de Kurdes iraniens vivant dans des conditions critiques dans des camps de réfugiés, pour la plus part au Nord de l'Irak. ()

Sur la situation des Kurdes en Turquie

13- Nous affirmons que l'Europe a un intérêt direct dans la résolution de la question kurde en Turquie étant donné le statut de la Turquie comme pays candidat à l'Union européenne.

14- Nous croyons fermement qu'une solution à la question kurde en Turquie implique la démocratie, les droits de l'homme et des minorités en Turquie ()

15- Nous croyons également que la reconnaissance et la solution subséquente de la question kurde constitue non pas une menace à son intégrité territoriale, mais tout au contraire, renforcerait les institutions, société et identité politiques de la Turquie.

16- Nous croyons que les propositions ci dessous énumérées constituent des éléments substantiels d'une solution:

-Des droits culturels garantis par la constitution, renfermant la liberté d'expression et de publication en langue kurde aussi bien que les droits à l'éducation en sa langue maternelle sur tout le territoire de la Turquie (notons que les droits linguistiques sont reconnus dans le traité de Lausanne)

-des réformes démocratiques qui permettraient la participation et la représentation juste des Kurdes au sein de la Grande Assemblée Nationale, comprenant la reforme de la loi sur les partis politiques, la loi électorale et, en particulier l'abaissement du seuil de 10% pour la députation.

-() des pas vers la démilitarisation de la société turque.

-la levée de l'état d'urgence dans les provinces du Sud et Sud-Est et démantèlement du système de gardiens de village dans ces régions.

-développement social et économique en faveur de la population locale dans ces régions dévastées par un conflit violent et qui a souffert pendant longtemps des effets de manque d'investissement et destruction d'infrastructure ()

-la révision de la législation établissant "les crimes de la pensée" et, en particulier, l'abrogation de l'article 8 de la loi anti-terroriste et de l'article 81 de la loi sur les parties politiques restreignant la liberté politique.

-la fin du règlement gouvernemental par décret, sans promulgation de la loi ()

-la fin de l'harcèlement des partis politiques légaux et la libération des prisonniers politiques associés dont ceux arrêtés alors qu'ils étaient députés; Leyla Zana, lauréate du prix Sakharov du Parlement européen en 1995, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak.

- protection et sécurité des défenseurs des droits de l'homme en Turquie pour mettre définitivement fin aux crimes tels que la tentative d'assassinat contre Akin Birdal ()

PROLONGATION DU MANDAT POUR LES AVIONS ALLIÉS D'INCIRLIK


Le Parlement turc a décidé, mardi 30 juin 1998, de prolonger de six mois l'autorisation accordée à l'aviation alliée d'utiliser la base aérienne américano-turque d'Incirlik, abritant environ 45 avions américains et britanniques. Incirlik sert de base pour les avions alliés qui survolent presque quotidiennement le Kurdistan irakien, zone d'exclusion aérienne décrétée après la guerre du Golf.