L'Institut kurde vous invite à un hommage à notre ami
docteur en philosophie
décédé le 19 août 2024 à l'âge de 78 ans.
Le samedi 23 novembre 2024
de 16h à 18h
en présence de sa fille Dr Sunde KILIÇ
au siège de l'Institut
Ali KILIÇ est né à Dersim en 1945, au cours d’une transhumance, dans une famille de la tribu des Alan.
Sa prise de conscience de sa kurdicité remonte à l’âge de 6 ans : dès son premier jour d'école, il est battu par son instituteur pour avoir parlé kurde en classe. Au lycée, ses talents artistiques sont remarqués par son professeur de dessin, qui l’encourage à perfectionner son style.
Tout en étudiant la philosophie à l’Université d’Istanbul, Ali KILIÇ travaille comme instituteur. Il participe activement au mouvement politique de la jeunesse en 1968. C'est également à cette époque qu’il commence à pratiquer la sculpture.
À la suite du coup d'État militaire de 1971, il devient recherché par le pouvoir turc pour ses liens avec l’organisation de la jeunesse kurde de l’époque, le DDKO (Foyers Révolutionnaires de l'Est). En 1973, il est arrêté par la police turque et emprisonné à Diyarbakir.
Après l’amnistie de 1974, il reprend ses activités politiques, notamment en collectant des documents sur le génocide de Dersim de 1937-1938. Il enregistre de nombreux témoignages dans les villages. Parallèlement, il mène un travail sur la langue kurde de Dersim et écrit des poèmes en dialecte dersimi, le « kirmandcikî », aujourd’hui mieux connu sous le nom de « Zaza ».
En 1978, Ali est recruté comme assistant professeur au département de philosophie de l’Université Hacettepe à Ankara.
Durant cette période, Ali KILIÇ préside également le TUMAS (Tüm Asistanlar Derneği), l’Association des Assistants Professeurs. En 1977, il participe aux célébrations du 1er mai organisées par les syndicats ouvriers, des manifestations interdites en Turquie jusqu’alors. Une fusillade éclate contre les manifestants, causant la mort de quarante personnes et des centaines de blessés.
Cette période est marquée par des années sombres, où des meurtres de masse ciblant les jeunes, intellectuels, journalistes et enseignants kurdes et progressistes sont perpétrés par les fascistes turcs, les « Loups Gris », avec le soutien de l'État turc. Dans des villes comme Maras, Çorum, Malatya, Sivas et Erzincan, les Alévis sont massacrés. Le massacre de Maras, qui se déroule du 19 au 26 décembre 1978, reste l’un des plus atroces.
Le 11 juillet 1978, Bedreddin Cömert, un collègue professeur, est assassiné. Ali organise une délégation pour exprimer leur indignation, qui sera reçue par le Premier ministre de l’époque, Bülent Ecevit.
À la suite de ces tueries, le gouvernement proclame un état de siège militaire qui débouche sur le coup d'État du 12 septembre 1980. Il a élaboré un projet pour étudier la philosophie française et est arrivé en France grâce à une bourse d'études supérieures accordée par le gouvernement français.
Ali KILIÇ soutient une thèse de doctorat en philosophie intitulée « La classification des sciences et l'informatique : fondements philosophiques de l'informatique », avec les félicitations du jury.
Il commence à travailler comme traducteur assermenté, aidant de nombreuses familles à obtenir des titres de séjour.
En 2009, il participe au colloque sur le génocide de Dersim intitulé « Dersim : 1936-1938 », organisé par l’Institut kurde de Paris.
Ali KILIÇ est décédé le 19 août 2024 à l'âge de 78 ans à Dijon.