Nous avons la profonde tristesse de faire part du décès de Rauf Dursun survenu le 3 août des suites d’une longue maladie, à l’âge de 65 ans.

Né le 26 février 1959 à Dersim, au Kurdistan de Turquie, où son père était mufti, il a grandi à Farqîn (Silvan). Il est arrivé en France à l’âge de 18 ans, son bac en poche. Après quelques mois d’apprentissage du français il s’est inscrit à l’Université de Paris-Nanterre où il a fait des études de sociologie et de cinéma. Parallèlement à ses études, il était aussi très actif au sein de l’Union des étudiants et des travailleurs du Kurdistan qui regroupait alors des militants kurdes de toutes les parties du Kurdistan.

Rauf a commencé sa carrière professionnelle dans le cinéma où il a notamment été le directeur de casting de la postproduction du film YOL de Güney. Il a été également directeur de casting et l’assistant de Güney lors du tournage de son ultime film LE MUR. Plus tard, il a changé d’orientation pour devenir un artisan et décorateur talentueux très apprécié. Dans sa clientèle de nombreuses célébrités de télévision dont Frédéric Mitterrand ainsi que des personnalités comme Vassílis Vassilikós, auteur grec de Z porté à l’écran par Costa Gavras.

Les années passant, en quête d’une certaine stabilité pour sa famille il a passé avec succès des concours pour devenir fonctionnaire au Ministère de la Culture. Affecté d’abord au Domaine national de Saint-Cloud, il a ensuite rejoint le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Il s’y sentait plus à l’aise avec les jeunes comédiens et comédiennes en formation dans cette institution prestigieuse fondée au XVIIIème siècle. Il a été l’un des piliers de la CGT du Conservatoire.

Homme de gauche, patriote kurde et internationaliste, il a épousé une descendante des Républicains espagnols, Nadine, avec qui ils ont eu deux filles : Melody et Gloria.

Atteint d’un cancer des poumons, Rauf était suivi et soigné depuis plus d’un an à l’hôpital La Pitié-Salpétrière de Paris. Il s’est éteint paisiblement le 3 août à son domicile.

Homme discret et modeste, solidaire et ouvert d’esprit, Rauf était très apprécié dans la communauté kurde, dans sa famille espagnole ainsi, bien sûr, que dans les rangs de la CGT.