Il y a 100 ans, en août 2020, était signé à Sèvres un traité international entre les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et l’Empire ottoman.
Ce traité qui prévoyait notamment la création d’une Arménie indépendante et d’un Kurdistan est le premier texte juridique international reconnaissant le droit du peuple kurde à disposer de son propre Etat sur une partie du territoire à majorité kurde de l’Empire ottoman. La délimitation des frontières entre les futurs Arménie et Kurdistan était laissée à l’arbitrage du président américain Woodrow Wilson.
Ce traité ne fut jamais appliqué, mais depuis sa signature les nationalistes turcs ne cessent d’évoquer et de conjurer « le syndrome de Sèvres ».
« Le syndrome de Sèvres » ! Ce lieu commun qui présente la Turquie comme une victime des impérialismes franco-britanniques, qui n’auraient eu pour volonté que de détruire l’Empire ottoman, sert de justificatif ultime à la politique de la terre brûlée qu’Ankara met en œuvre au Kurdistan depuis près d’un siècle.
Sans renoncer à un regard critique à l’encontre des diplomaties britannique et française à la sortie de la « Grande Guerre », il convient cependant de comprendre le traité signé à Sèvres il y a un siècle dans son contexte propre : venant après l’entrée en guerre d’Istanbul sans provocation aucune de la part des Alliés et surtout après le génocide des Arméniens et des autres communautés chrétiennes de l’Asie mineure, la déportation de centaines de milliers de Kurdes et la phase initiale du déplacement forcé des juifs de la Palestine, il semblait promettre l’émancipation des Arméniens et des Kurdes. Pour ces derniers, il constituait le premier acte international de reconnaissance comme entité nationale. Comme l’atteste l’utopie du président Wilson d’accorder le droit de disposer de soi-même à chaque entité nationale pour éviter la répétition des luttes hégémoniques des « grands » sur le dos des « petits », il voulait également accoucher d’un monde nouveau où chacun serait heureux « chez soi ».
Comme nombre d’observateurs le constatèrent dès sa signature, le Traité de Sèvres était mort-né, ne serait-ce que parce qu’engagés dans des politiques mandataires couteuses en ressources et vies d’hommes, Londres et Paris n’avaient pas les moyens de l’imposer. Le Traité de Lausanne, qui allait être signé trois ans après, n’allait pas seulement enterrer les questions arménienne et kurde, et mais aussi consacrer la victoire du pouvoir kémaliste formé pour l’essentiel par les génocidaires de 1915.
Le colloque organisé par l’Institut kurde de Paris n’a nullement pour ambition de réhabiliter ce traité ou défendre les diplomaties des puissances alliées à la sortie de la guerre. Il souhaite cependant apporter un éclairage pluriel, sensible aux complexités du monde du tournant des années 2020 et placer la reconnaissance internationale de la question dans une perspective historique longue.
Programme
13h30 Accueil des invités
14h00 Mots de bienvenue et présentation du colloque
14h10 – 17h00
Table Ronde
Modérateur : Kendal NEZAN, président de l'Institut kurde Paris
Intervenants :
- M. Metin ATMACA, Université d’Ankara
Accomplished on the Paper Failed on the Ground : Kurdish Delegation’s Initiative for a State in Sèvres
- M. Hamit BOZARSLAN, EHESS, Paris
Un traité pour ne pas terminer une guerre
- M. Raymond KEVORKIAN, Université Paris 8
L’héritage arménien en monde kurde
- Mme Taline Ter MINASSIAN, INALCO, Paris
Le Traité de Sèvres : de la faillite diplomatique à la résurrection politique (1920-2020)
17h00-17h30 Débat
Inscription obligatoire. Une pièce d’identité sera demandée à l’entrée.
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Note importante : En raison de mesures de prévention de la COVID-19, le port du masque est obligatoire tout au long du colloque. De même, le nombre de places disponibles est limité à environ 110. De ce fait, ne vous inscrivez que si vous êtes sûr de pouvoir assister au colloque afin de ne pas priver d’autres auditeurs d’accès au colloque.