Il y a cinq ans
Peintre, pastelliste et graveur kurde, co-fondateur de l'Institut kurde de Paris, nous a quittés à l'âge de 87 ans.
Tous ceux qui l’ont connu et apprécié peuvent venir lui rendre hommage et évoquer sa mémoire
en présence de sa famille
Le jeudi 23 juillet 2020
à 14h30
au cimetière de Montmartre,
20 avenue Rachel,
75018 Paris,
Métro Place Clichy 2 13
Remzi Raşa dit Remzi, né en 1928 à Kirikhan (Hatay) en Turquie et mort à Paris le 23 juillet 2015, est un peintre, pastelliste et graveur français d'origine kurde.
Kirikhan est alors la sous-préfecture du Sandjak d’Alexandrette sous mandat français. Son père est un notable, chef de tribu, issu de l’aristocratie kurde et sa mère, une riche propriétaire terrienne.
Ses parents se séparent avant sa naissance. Remzi sera confié à une amie proche de la famille qui l’élèvera dans la langue kurde avant qu’il ne rejoigne sa mère en 1937.
Il découvre des reproductions de tableaux dans ses livres de français, suit les cours de dessin dispensés à l’école primaire. « Né dans une région où n’existaient ni peintres, ni peinture, je suis un autodidacte. On peut dire que je suis peintre de naissance. »
En 1940 chassé par sa mère, il retrouve son père remarié, et entame ses études secondaires à Antioche. Il voit le musée des mosaïques. Il se procure pigments, huile et essence chez un garagiste, peintre en lettres à l’occasion.
En 1946 soutenu par le préfet de région et bravant l’opposition paternelle, il part pour Istanbul et intègre l’École des Beaux-Arts dans l’atelier de Bedri Rhami Eyuboglou. Il fera partie de « 10lar Grubu » (le groupe des 10) tous élèves de Bedri Rahmi Eyuboglu avec Turan Erol, Orhan Peker, Nevin Çokay, ..
La section peinture et gravure est alors dirigée par le peintre français Léopold Lévy4. En 1947, il expose ses premières œuvres à Kirikhan et Antioche dans « les maisons du peuple » et en 1948 à Istanbul.
Après un premier séjour en 1953, Remzi décide de se fixer définitivement à Paris en 1956. C’est pour lui une « Deuxième naissance ». À l’époque centre du monde pour les artistes étrangers. Montparnasse, est alors fréquenté par Kremègne, Manekatz, Zadkine, Yves Klein, César, Charchoune, Giacometti… Il y retrouve des compatriotes comme Fikret Mualla, Nejad Devrim, Selim Turan, Abidin Dino, Hakki Anli, Mübin Ohon, Avni Arbas, Albert Bitran, avec lesquels il constitue « L’École de Paris turque ».
Tenté par l’abstraction, très en vogue à l’époque, il en éprouve rapidement les limites. Il fréquente l’atelier du graveur Friedlaender et la Grande Chaumière. Il se remet à peindre des personnages, des natures mortes, des paysages…les compagnons de son enfance. « Remzi a peint de nombreuses natures mortes dans lesquelles les objets qui l’ont accompagné dans ses déplacements ont une place privilégiée : un sucrier blanc, une cruche verte ou un buffet…On peut tout à fait voir dans la peinture de ces objets la construction d’un monde protégé, rassurant dans l’exil. »
C’est à Paris qu’une relation filiale se noue avec Léopold Lévy jusqu’à la mort de ce dernier en 1966. Tous deux partiront peindre dans le midi, à Ceyreste près de La Ciotat, et en Normandie.
De 1972 à 1985, Remzi passe les étés au Poët Sigillat à côté de Nyons dans la Drôme provençale. Il retrouve là les montagnes de son Kurdistan natal. Sa palette, plutôt sombre s’éclaircit.
À partir de 1985, Remzi retourne à une palette plus sourde. Ses thèmes de prédilection se portent sur les femmes souvent seules dans les cafés. Au départ, des croquis sur le vif puis des déclinaisons de formats et de techniques : huile ou pastel dont il a acquis une grande maîtrise.