DATES


Vendredi 3 decembre 2004
De 15h30 à 18h00

ADRESSE

Concerts de Musique : Kurdistan



à Saint-Michel sur Orge
Concerts de Musique : Kurdistan (Sivan Perwer), Azerbaïdjan (Alim Qasimov). ESPACE MARCEL CARNÉ Place Marcel Carné (Quartier du Bois des roches, face à l'hypermarché Géant) - 91240 Saint-Michel sur Orge.

Tarifs : Film : 2,34 euros / Concert : 6,40 euros


15h30 : projection
UN TEMPS POUR L'IVRESSE DES CHEVAUX

Caméra d'Or - Festival de Cannes 2000
De Bahman Ghobadi

Avec Amaneh Ekhtiar-Dini, Ayoub Ahmadi, Jouvin Younessi
Iran, 2000, 1h20, version originale


Au Kurdistan iranien, tout près de la frontière avec l'Irak, les enfants d'une même famille vivent en subvenant seuls a leurs besoins. Le benjamin souffre d'une maladie grave. Sa soeur accepte de se marier avec un Irakien prêt à les aider financièrement. A la frontière, la famille du futur époux refuse finalement que le malade les suive et, en échange, leur offre un cheval. L'aîné rentre en Iran avec son frère mais le temps presse pour l'opération...


Inspiré d'une histoire vraie, ce premier long métrage nous plonge au coeur de l'univers et de la souffrance endurée par les contrebandiers au Kurdistan iranien, près de la frontière de l'Irak. Réalisé sans fioritures et dans des conditions extrêmes, la caméra de Bahman Ghobadi virevolte dans les moments intenses de tragédie ou au contraire se pose pour nous faire découvrir la beauté et l'âpreté des paysages montagnards. Pour son premier long métrage, le réalisateur frappe fort et nous montre une facette méconnue du Kurdistan.

17h : Concert

SIVAN PERWER
Le symbole du feu identitaire


Au cœur des montagnes kurdes, on dit Sivan Perwer comme sur les Ramblas à Barcelone, on dit Llach. Ou bien comme l'on disait Parra au pied des Andes et Rodrigues sur les rives du Tage. Emblématiques, de tels patronymes évoquent une identité culturelle. Symboles de toute une communauté qui féconde leur verve et dont ils traduisent les aspirations, ils chantent leur village, et ainsi accèdent à l'universel : chacun se reconnaît en eux.
Sivan Perwer est kurde. Viscéralement kurde. Il est le symbole du feu identitaire qui brûle le cœur des citoyens d'une nation sans Etat. L'histoire a fait d'eux, depuis le traité de Lausanne en 1923, un peuple jeté aux quatre vents de ce Moyen Orient compliqué. Disséminé au confluent de la Turquie, de l'Irak, de l'Iran, de la Syrie et pour une minorité de l'Arménie jadis soviétique ou bien exilé. Sivan Perwer est une voix. Cette voix en laquelle chacun des siens se reconnaît. Une voix remarquable de beauté. La voix des Kurdes.
Issue d'une famille de musiciens et de chanteurs, Sivan Perwer est né au sein de la communauté kurde de Turquie. Bravant les interdits, il apparaît au début des années soixante dix . Il est l'héritier des dengbej, ces bardes qui, de village en village, parcouraient vallées et hauts-plateaux du pays kurde : ils chantaient l'amour et contaient l'histoire des héros. Il est donc l'interprète des anciens chants épiques et des vieilles chansons d'amour. Il chante aussi les grands poètes kurdes des siècles passés comme Ferré chantait Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire.


Porteur de tradition, il perpétue les valeurs d'un patrimoine dont il est l'héritier. Il en assure la transmission. C'est un passeur. Auteur compositeur et interprète, il veut informer et motiver ses compatriotes : pour se faire entendre, il épouse au fil des années, des styles musicaux divers, traditionnels ou populaires.


Il est le héros d'une cause kurde toujours d'actualité dont il demeure une sorte d'ambassadeur itinérant. Populaire au Kurdistan, il l'est aussi dans toute la diaspora. Il émeut également, dit-on. Azéris, Turcs et iraniens. Aujourd'hui âgé de quarante quatre ans comme beaucoup de ses frères. Il vit en exil depuis 1976. En 1983, il s'est établi en Suède. Il parcourt le monde nanti d'un viatique : récits épiques et chants d'amour traditionnels, et même chants politiques.
Il s'accompagne d'un tenbur, luth à long manche tendu de six cordes. Trois musiciens (flûte, violon et percussions) escortent son chant.
On dit que là-bas, dans ce pays à mettre au monde, ses cassettes circulent sous le manteau.
De main en main. Depuis le mont Ararat jusqu'aux vallées du Tigre et de l'Euphrate.

Le privilège d'une découverte.

Jacques Erwan
Théâtre de la Ville de Paris - janvier 2000