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LISTE
Intervenants
INTERVENANTS
Hamid Bozarslan
Gerard CHALIAND
Fuad HUSSEIN
Najmaldin O. KARIM
Pierre Jean LUIZARD
Danielle Mitterrand
Adnan MUFTI
Kendal Nezan
Siyamend OTHMAN
PRESSE
Arabic News
Associated Press
I Herald Tribune
Jeudi 28 novembre 2002
Mouna Naim
Mouna Naim 2
Marc SEMO
IMAGES

VIDÉO
Vidéo

C O N F E R E N C E   I N T E R N A T I O N A L E
Quel avenir pour les Kurdes en Irak ?

Le vendredi 29 novembre 2002
Organisée par : l`Institut kurde de Paris


Pour Jalal Talabani, chef de l'UPK d'Irak, il faut "une solution politique plutôt que la guerre"
Le Monde • MIS A JOUR LE 30.11.02 | 12h33

En visite à Paris, Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), a été reçu, ainsi que Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), par le président du Sénat, Christian Poncelet, le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Renaud Muselier, et le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Ils ont également eu un entretien avec François Hollande, secrétaire national du Parti socialiste.

Aviez-vous une demande précise à faire à la France et êtes-vous satisfait de vos entretiens ?

La France a toujours été solidaire de la cause kurde et nous souhaitons qu'elle participe à la réactivation de la résolution 688 du Conseil de sécurité de l'ONU [intimant au régime irakien de respecter les droits de l'homme] et qu'elle soutienne le peuple irakien et le mouvement démocratique. Nos entretiens ont été amicaux, francs et fructueux. Nous avons dit aux responsables français que nous aspirions à un changement en Irak au profit d'une démocratie parlementaire, pluraliste, fédérale, et nous avons trouvé auprès d'eux un écho favorable. Ils préfèrent que nous y parvenions par des voies pacifiques. De notre côté, notre préférence va aussi à une solution politique plutôt qu'à la guerre.

Est-ce envisageable avec le régime de Saddam Hussein ?

De nos jours, rien n'est impossible. Une solution politique paraît assurément très difficile avec le régime actuel, mais c'est un slogan juste qui pourrait satisfaire une partie de l'armée et du peuple irakiens.

Les Etats-Unis paraissent déterminés à faire la guerre...

Les Etats-Unis semblent déterminés à changer le régime en Irak, mais je crois qu'ils tiennent compte des positions de leurs alliés européens et de l'opposition irakienne.

L'opposition est divisée. Certains d'entre vous veulent la guerre tandis que d'autres...

Les formations de l'opposition qui ont un poids réel à l'intérieur de l'Irak, qu'il s'agisse de l'UPK, du PDK, du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, des nassériens, du Parti communiste... Toutes ces formations ne sont pas divisées. Nos positions et nos visions de l'avenir de l'Irak sont très proches. Mais l'opposition irakienne est multiple ; il y a de nombreuses formations en exil et il est vrai que des divergences les opposent. Nous nous sommes néanmoins mis d'accord sur les objectifs principaux et sur une vision commune de l'avenir. Le reste tient de la diversité de pensée et d'opinion.

Les Etats-Unis vous ont-ils proposé de participer à une éventuelle guerre contre le régime ?

Pas encore.

Ils pourraient le faire. Quelle serait votre réaction ?

Nous leur demanderions de nous révéler le scénario qu'ils ont arrêté, la solution de rechange qu'ils envisagent et des garanties suffisantes. C'est seulement lorsque nous aurons pris connaissance de tout cela que nous pourrons prendre une décision.

Le régime vous a-t-il fait des ouvertures ?

Il a tenté de prendre contact avec nous de manière informelle en nous envoyant des émissaires non officiels chargés de sonder nos vues. C'était il y a environ un mois. Nous avons répondu que, pour épargner au pays les malheurs d'une nouvelle guerre, il doit d'abord remettre aux Nations unies toutes ses armes de destruction massive et s'abstenir de se livrer à des manœuvres de dissimulation qui, tôt ou tard, seraient d'ailleurs éventées. Nous lui avons également demandé d'accepter le changement démocratique pacifique, en confiant à un gouvernement impartial la charge d'abroger les lois d'exception, de restaurer les libertés, d'organiser des élections pour une Assemblée constituante qui élaborerait une nouvelle Constitution et remanierait les structures de l'Etat. C'est à ces conditions qu'une guerre peut être évitée.

Mais ce sont là des conditions rédhibitoires !

Pourquoi "rédhibitoires", si le régime a la possibilité de choisir entre l'élimination - et peut-être même la mort - et la comparution devant un tribunal international, ou l'organisation d'élections auxquelles [ses partisans] pourront participer, eux qui prétendent que leur parti [le Baas] a deux millions d'adhérents ? Dans les pays d'Europe de l'Est, il y a bien eu des changements pacifiques. Il n'est pas nécessaire que les choses se passent à la manière Ceausescu. Cela pourrait se passer comme en Pologne ou en Bulgarie !

Le régime doit-il être traduit en justice ?

Concentrons-nous d'abord sur la solution pacifique. Ensuite, si solution il y a et si des crimes de guerre ont été commis, [les membres du] régime pourront être traduits devant un tribunal irakien.

Irakien, pas international ?

Nous préférons un tribunal irakien.

Propos recueillis par Mouna Naïm

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 01.12.02