Publications

Haut

POINT SUR LA SITUATION EN TURQUIE

CILDEKT
 -
Liste
NO: 239

7/5/2002

  1. LE PKK ET LE DHKP-C AJOUTÉS SUR LA LISTE DES ORGANISATIONS TERRORISTES DE L’UNION EUROPÉENNE
  2. LE PRÉSIDENT TURC OPPOSE SON VETO À UNE SECONDE LOI AMNISTIANT L’AUTEUR DE LA TENTATIVE D’ASSASSINAT CONTRE LE PAPE ET EXCLUANT LES PRISONNIERS POLITIQUES
  3. LE IER MAI EN TURQUIE : INTERDIT DANS LES VILLES KURDES SANS INCIDENT À ANKARA ET ISTANBUL
  4. DEUX RÉFUGIÉS KURDES DU CENTRE DE SANGATTE VICTIMES D’UNE EXPÉDITION PUNITIVE PAR DES JEUNES DE LA RÉGION
  5. LE CONTINGENT TURC AUX COMMANDES EN AFGHANISTAN
  6. ORHAN BIÇAKÇIOGLU, CONDAMNÉ À 24 ANS DE PRISON NAGUÈRE, AUJOURD’HUI DÉPUTÉ ULTRANATIONALISTE TURC


LE PKK ET LE DHKP-C AJOUTÉS SUR LA LISTE DES ORGANISATIONS TERRORISTES DE L’UNION EUROPÉENNE


Pour répondre à certaines préoccupations de Washington 11 groupes supplémentaires, parmi lesquels le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le mouvement turc du Front-Parti révolutionnaire de libération populaire (DHKP-C, marxiste), dont les membres mènent une grève de la faim pour de meilleures conditions de détention en Turquie, ont été ajoutés le 2 mai sur la liste des organisations terroristes par l'Union européenne. Lors d'une réunion confidentielle entre diplomates des Quinze, ces derniers sont tombés d'accord le 29 avril sur les organisations à ajouter sur la liste qui a été envoyée dans toutes les capitales européennes pour un accord final. Alliée essentielle au sein de l'OTAN et candidate à l'adhésion à l'Union européenne, la Turquie se voit ainsi récompensée de sa fidélité aux options prises par les Etats-Unis, de la guerre du Golfe jusqu'à la guerre en Afghanistan. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Piqué, a déclaré que d'autres groupes pourraient être ajoutés à la liste dans les prochaines semaines.

Le PKK a changé son nom en Kadek (Congrès pour la liberté et la démocratie du Kurdistan) il y a quelques jours et a renoncé officiellement à la lutte armée, mais l'Union européenne a suivi le ministre turc des Affaires étrangères, Ismail Cem, selon lequel la nature de cette organisation n'a changé en rien. Pour Osman Ocalan, frère d'Abdullah et membre dirigeant du PKK, la décision des Quinze, qui n'avaient pas voulu franchir le pas en décembre dernier, entraînera de nouveaux affrontements et l'Europe en sera indirectement responsable. “ L'inclusion sur la liste des terroristes sera vue comme une décision de guerre, et nous préparerons la plus forte des résistances sur ce dossier sur la base de la légitime défense ”, a-t-il déclaré à une chaîne de télévision kurde Medya-tv. “ Je souligne que les pays de l'UE seront responsables de cette guerre. Le peuple kurde doit savoir que l'Europe est responsable pour la guerre ”, a-t-il ajouté. On précisait à Bruxelles que l'UE citait bien le PKK et que le Kadek ne serait pas sur la liste noire parce qu' “ il n'existe que depuis quelques jours ”

La liste terroriste, établie le 27 décembre dernier après les attentats du 11 septembre contre les tours du World Trade Center, a été mise à jour afin de correspondre avec celles des Etats-Unis, en prévision du sommet UE-Etats-Unis à Washington. Le sommet réunissant le président George W. Bush, le président de la Commission européenne Romano Prodi et le président du gouvernement espagnol Jose Maria Aznar, qui assure la présidence tournante de l'UE, promettait d'être l'un des plus tendus de ces dernières années, en dépit d'une étroite collaboration dans la lutte contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre.

La presse turque a salué le lendemain la présence du PKK et du DHKP-C dans la liste européenne des organisations terroristes, appelant le gouvernement turc à accélérer les réformes pro-européennes, notamment à abolir la peine de mort. “ Les assassins dans la liste ” de l'Union européenne, titre à la Une le journal à gros tirage Hurriyet. “ L'UE a finalement réparé son erreur. Le PKK et le DHKP sont dans la liste des organisations terroristes ”, titre pour sa part le journal populaire Sabah qui précise dans son éditorial que “ la Turquie doit accélérer ses réformes pour l'ouverture des négociations d'adhésion. La peine de mort bloque la voie de la Turquie ”. L'éditorialiste du journal libéral Radikal rappelle de son côté que la Turquie est le seul pays membre du Conseil de l'Europe qui maintient la peine de mort dans ses lois. “ C'est maintenant à la Turquie d'agir. La peine de mort et l'éducation dans une autre langue que le turc (kurde) doivent être à l'ordre du jour ” du gouvernement du Premier ministre Bulent Ecevit, écrit-il.

La liste comprenait jusqu'à présent 27 personnes, presque tous des activistes de l'organisation de lutte armée basque ETA ou de son bras politique Batasuna, ou organisations, dont l'ETA, la branche armée du Hamas, le Djihad islamique palestinien, des groupes armés grecs, l'Armée républicaine irlandaise (Ira) et plusieurs milices protestantes nord-irlandaises.

LE PRÉSIDENT TURC OPPOSE SON VETO À UNE SECONDE LOI AMNISTIANT L’AUTEUR DE LA TENTATIVE D’ASSASSINAT CONTRE LE PAPE ET EXCLUANT LES PRISONNIERS POLITIQUES


Le président turc Ahmet Necdet Sezer a opposé son veto, le 27 avril, à une loi d'amnistie qui aurait pu bénéficier à Mehmet Ali Agça, militant d’extrême droite qui avait essayé d'abattre le pape Jean-Paul II en 1981 à Rome.

Ali Agça, qui a passé près de 20 ans en prison en Italie pour cet acte, est actuellement détenu en Turquie, ayant été condamné à 17 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'un journaliste turc et un cambriolage en 1979. Il a effectué deux ans de cette peine et pourrait être libéré dans cinq ans en cas d'amnistie, selon son avocat Can Sevket Ozbay.

La loi d'amnistie a été approuvée par le Parlement le 25 avril, mais le président lui reproche notamment d'accorder des réductions de peine quel que soit le comportement du condamné pendant sa détention et d'avoir été adoptée à la majorité simple mais pas avec 60 % des voix comme ce devrait être le cas selon lui pour une amnistie exceptionnelle.

Avec ce texte, la plupart des condamnés, sauf les prisonniers d’opinion et politiques, pourraient bénéficier d'une libération anticipée de dix ans.

Le Parlement va donc devoir revoir sa copie. S'il repasse le texte sans changement, le président devra le signer mais pourra demander à la cour constitutionnelle de l'annuler.

LE IER MAI EN TURQUIE : INTERDIT DANS LES VILLES KURDES SANS INCIDENT À ANKARA ET ISTANBUL


Les manifestations du 1er mai en Turquie, interdites dans plusieurs provinces kurdes où l'on signale trente arrestations, se sont déroulées en présence de forces de police à Ankara et à Istanbul, où quelques 15.000 policiers étaient déployés. Aucun incident n'y a été signalé et des milliers de manifestants se sont rassemblés sur des places désignées à l'avance. Les slogans évoquaient la grave crise économique à laquelle est confronté le pays, mais aussi le conflit israélo-palestinien, la question kurde ou les droits des homosexuels.

À Diyarbakir, capitale politico-culturelle du Kurdistan turc, les policiers ont rapidement étouffé les tentatives de rassemblement et dix personnes ont été arrêtées, selon des sources policières.

À Tunceli (Dersim), autre ville kurde, des heurts ont opposé les forces de l'ordre à 1.500 manifestants. Une vingtaine de personnes dont le dirigeant local du parti pro-kurde Hadep, Alican Unlu, ont été arrêtées après avoir tenté de faire une déclaration publique.

Diyarbakir et Tunceli figurent parmi plusieurs provinces à majorité kurde dans lesquelles les manifestations sont interdites dans le cadre de l'état d'urgence décrété en 1987.

DEUX RÉFUGIÉS KURDES DU CENTRE DE SANGATTE VICTIMES D’UNE EXPÉDITION PUNITIVE PAR DES JEUNES DE LA RÉGION


Trois jeunes, âgées de 24 à 25 ans et originaires du boulonnais, qui avaient blessé par balle deux réfugiés kurdes irakiens du centre de réfugiés de la Croix-Rouge de Sangatte (Pas-de-Calais) ont été mis en examen le 1er mai pour tentative d'assassinat. Armés d'une carabine 22 LR, les trois agresseurs avaient organisé le 29 avril au soir “ une expédition punitive et xénophobe contre des réfugiés avec qui ils disent s'être querellés une quinzaine de jours auparavant ”, a expliqué Gérald Lesigne, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer. Les trois jeunes avaient alors pris pour cible des réfugiés, blessant par balle deux Kurdes irakiens. Le premier avait été blessé au pied alors qu'il se trouvait dans le centre-ville de Calais. Le second réfugié, qui errait à proximité de la mairie de Sangatte, avait été touché plus sérieusement dans le dos. Les agresseurs avaient déjà organisé une première opération punitive qui avait été interrompue, il y a une semaine, par la gendarmerie, selon le parquet.

C'est la première fois que des incidents aussi sérieux se produisent entre des réfugiés du centre de la Croix-Rouge de Sangatte et des habitants du littoral du Pas-de-Calais. L'été dernier, un vigile avait blessé un réfugié d'un coup de feu lors d'un assaut de dizaines de clandestins qui tentaient de pénétrer sur le site de la SNCF à Frethun, près de Calais. Le vigile, qui n'était pas autorisé à porter une arme, avait expliqué qu'il avait pris peur.

Le centre de Sangatte, ouvert en septembre 1999, abrite actuellement plus de 1.400 personnes, essentiellement des Kurdes d'Irak et des Afghans, qui cherchent à passer clandestinement en Grande-Bretagne via le tunnel sous la Manche. Le 15 avril, pour la première fois, un réfugié --un jeune Kurde irakien-- est mort à la suite d'une rixe dans l'enceinte même du centre

LE CONTINGENT TURC AUX COMMANDES EN AFGHANISTAN


Le contingent turc devra diriger la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF) pour une durée de six mois. Washington “ soutiendra avec force le rôle de direction de la Turquie dans l'Isaf et travaillera étroitement avec le gouvernement turc, l'autorité intérimaire afghane et d'autres pour assurer le succès de la troupe sous commandement turc ”, a déclaré le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher.

La Turquie a déjà envoyé 267 militaires en Afghanistan et avait annoncé qu'elle pourrait en envoyer davantage pour contribuer à l'Isaf, qui compte quelque 4.500 hommes. Seul pays musulman membre de l'OTAN, elle prendra la succession de la Grande-Bretagne à la tête de cette force. La Turquie s'est dit prête à assumer le commandement à condition d'obtenir des clarifications sur sa composition et son mandat, ainsi qu'un soutien financier des Alliés. Des discussions entre responsables civils et militaires turcs, américains et britanniques pour la direction par la Turquie de l'Isaf ont eu lieu en mars dans la capitale turque.

ORHAN BIÇAKÇIOGLU, CONDAMNÉ À 24 ANS DE PRISON NAGUÈRE, AUJOURD’HUI DÉPUTÉ ULTRANATIONALISTE TURC


Selon les révélations du quotidien turc Hurriyet du 3 mai, Orhan Biçakçioglu, aujourd’hui député du parti de l’Action nationaliste (MHP-- ultranationaliste) de Trabzon, a été condamné à 24 ans de prison pour “ tentative de meurtre avec préméditation ” par une Cour d’Assises turques en 1979. Condamné pour avoir tiré le 18 mai 1977 -- avec une arme portée sans autorisation- sur une personne cachée sous un minibus, Orhan Biçakçioglu aura donc bénéficié au cours de sa détention de différentes lois diminuant la durée de sa peine et recouvré le bénéfice de ses droits civiques demandés en 1996.

Leyla Zana et ses collègues emprisonnés depuis 1994, ne bénéficient malheureusement pas des mêmes droits qu’un criminel de droit commun qui siége aujourd’hui au Parlement turc.