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Bulletin N° 421 | Avril 2020

 

IRAN: LE RÉGIME DISSIMULE L’AMPLEUR DE L’ÉPIDÉMIE ET RÉPRIME FÉROCEMENT LES ÉMEUTES DANS LES PRISONS

Depuis le début de l’épidémie, le régime iranien dissimule les chiffres à une population qui n’a de toute manière plus confiance en lui. Selon les calculs de Radio Farda, effectués le 31 mars à partir de données régionales, mais diffusés seulement le 1er avril, le pays compterait plus de 70.000 personnes hospitalisées avec les symptômes de CoVid-19 et 4.762 morts, alors que les chiffres officiels donnaient alors 44.606 patients et 2.898 morts. Significativement, les autorités n’ont donné aucun chiffre pour la seconde moitié de mars sur les provinces de Téhéran et Qom, justement les zones les plus frappées… Radio Farda a fait une estimation de 1.067 morts à Téhéran. Même certains députés du Majlis (parlement) ont déclaré que les chiffres officiels étaient bien inférieurs à la réalité, jusqu’à cinq fois selon un expert de l’OMS.

Lorsque l’autorité de santé a fait arrêter la publication papier des journaux pour raisons sanitaires (soi-disant pour éviter la contagion lors de l’impression et de la distribution), de nombreux Iraniens ont interprété la décision comme une tentative par le gouvernement de faire taire les critiques de sa gestion de l’épidémie. Au Kurdistan iranien où le virus a tué au moins 400 personnes et en a probablement infecté des milliers d’autres, les autorités se sont concentrées sur la répression des critiques tout en poursuivant celle des activistes kurdes. À Kermanshah, le gouverneur a déposé plainte contre le journaliste kurde Ghulam Raza Alaa après un article ironique le visant, et celui-ci a été incarcéré. Parallèlement, plusieurs prisonniers ont été transférés de Mahabad vers la prison d’Ouroumieh (WKI).

De nombreuses prisons iraniennes ont connu des révoltes en raison de l’épidémie. Le pouvoir a annoncé la libération provisoire de 100.000 détenus pour éviter la propagation du virus dans les prisons, mais plusieurs journalistes bénévoles informant l’émission « Les Observateurs » de la chaîne de télévision France-24 ont indiqué qu’en réalité, les cautions à payer étaient si élevées que peu de familles pouvaient les débourser… Plusieurs observateurs locaux ont pointé les conditions sanitaires littéralement désastreuses ayant cours en détention, les prisonniers n’ayant parfois ni eau ni savon pour se laver les mains, la première mesure recommandée pour faire barrière au virus. Les émeutes carcérales auraient été particulièrement violentes à Ahwaz au Khouzistan, où elles auraient fait des dizaines de morts parmi les prisonniers, ainsi qu’à Khorramabad, la capitale de la province du Lorestan. Il n’y a pas de chiffres concernant les morts causées par l’épidémie en prison, mais selon Amnesty International, entre fin mars et début avril, des milliers de prisonniers d’au moins huit prisons iraniennes, terrorisés par l’épidémie, ont lancé des protestations qui ont provoqué une terrible répression du personnel pénitentiaire et des forces de sécurité. Un exemple en particulier a attiré l’attention: le 11 au matin, le prisonnier politique kurde Mustafa Salimi, ancien membre du PDKI, a été exécuté. Condamné à la peine capitale mais laissé dans le « couloir de la mort » durant 17 ans, il faisait partie des prisonniers ayant pu s’échapper de la prison de Saqqez lors des émeutes de fin mars. Après que plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont accusé les Asayish (sécurité) de la ville de Penjwîn, au Kurdistan irakien, d’avoir remis Salimi à l’Iran alors qu’il avait demandé l’asile, le Gouvernement régional du Kurdistan a constitué une commission chargée d’enquêter sur l'incident.

Le 6, Hamid Souri, un membre du « Centre national de lutte contre le coronavirus » a déclaré estimer qu’au moins 500.000 personnes étaient infectées dans le pays. Le 8, alors que l’opposition légale annonçait avoir décompté 20.400 décès, le président Rouhani a appelé à reprendre progressivement le travail. Une motion d’opposition à cette décision, signée par 80 députés, et demandant tout au contraire un confinement national d’un mois, a été rejetée par le parlement. Le même jour, le CHRI (Center for Human Rights in Iran) a publié une traduction non-officielle en persan du guide de l’OMS sur la manière d’éviter la propagation du virus dans les prisons (https://persian.iranhumanrights.org/wp-content/uploads/WHO-COVID-in-prisons-Farsi.pdf), tout en appelant à la libération des prisonniers non dangereux, notamment ceux emprisonnés abusivement pour raisons politiques et ceux à la double nationalité. Le CHRI a aussi rappelé qu’éviter une explosion épidémique dans les prisons ne protégerait pas seulement les prisonniers concernés, mais aussi l’ensemble de la population iranienne… Dans le même temps, l’organisation kurde Hengaw de défense des droits de l’homme a rapporté que plus de cent détenus d’Ouroumieh étaient positifs et que sept d’entre eux étaient morts…

Le 11, les commerces à « faible risque » étaient autorisés à rouvrir, sauf à Téhéran – une décision critiquée par plusieurs experts médicaux et jusqu’à certains membres du gouvernement. Le 17, des experts des droits de l’homme aux Nations Unies, tout en appelant à un relâchement des sanctions imposées à l’Iran pour faciliter sa lutte contre l’épidémie, ont appelé depuis Genève le pays à étendre sa politique de libération aux prisonniers de conscience et aux binationaux les plus âgés. Le 18, alors que les commerces « à faible risque » de Téhéran étaient à leur tour autorisées à rouvrir, le président du conseil municipal de la capitale, Mohsen Hashemi, a déclaré que le nombre de personnes infectées était « bien plus élevé » que celui officiellement annoncé, et a averti que lever le confinement prématurément pourrait provoquer une nouvelle vague épidémique. La semaine précédente, le Centre de recherche du parlement avait indiqué dans un rapport que le nombre réel de décès dus au COVID-19 était deux fois plus élevé que les chiffres officiels et que le nombre de cas d'infection était jusqu'à huit fois plus élevé… (Radio Farda) Le 19, le ministère de la Santé comptait plus de 5.100 morts et 82.000 personnes contaminées.

Le 20, on a appris par IHRM (Iran Human Rights Monitor), que le prisonnier politique kurde Ismail Moradi, condamné à 10 ans en 2015 pour « collaboration avec des partis politiques kurdes », était entré en grève de la faim le 12 dans sa prison de Dizel Abad à Kermanshah en se cousant les lèvres, pour protester après s’être vu refuser la liberté provisoire. Les autorités pénitentiaires l’ont interdit d’appels téléphoniques et de visites à sa famille. Deux autres activistes kurdes ont été parallèlement incarcérés à Bojnurd (Qasim Azimi) et Saqqez (Kamaran Abdi) (WKI). Le même jour, le Français Roland Marchal, chercheur collègue et compagnon de Farida Adelkhah, était libéré après neuf mois de détention.

Le 23, le CHRI a appelé les autorités iraniennes à hospitaliser immédiatement le défenseur de l’environnement Sam Rajabi, emprisonné à Evin. Transféré à l’hôpital pour une opération urgente, celui-ci avait été informé qu’il était positif au coronavirus. Son opération a été annulée et il a été renvoyé en prison sans aucun traitement. Selon sa sœur, il partage une cellule avec 15 autres détenus, dont d’autres défenseurs de l’environnement… Les autorités ont également refusé de tester les collègues emprisonnés de Rajabi. Tous sont emprisonnés sur des accusations fabriquées d’espionnage.

Le 24, le gouverneur du Khouzistan tirait la sonnette d’alarme sur la capitale de la province, Ahwaz, où, déclarait-il, l’épidémie s’était emballée, mais sans vouloir donner de chiffres. Alors que l’inquiétude quant à une seconde vague épidémique se faisait aiguë, les chiffres officiels atteignaient 91.472 cas et 5.806 morts. Le régime a également exécuté au moins dix Kurdes courant avril après l’évasion de masse de la prison de Saqqez fin mars, et plusieurs autres ont été condamnés à des peines de prison : le 21, l’activiste Akbar Goili a reçu à Sanandaj cinq ans pour « collaboration » avec le PJAK, et à Mariwan, Ismael Ardawani a été arrêté par l’Etelaat pour coopération avec un parti kurde. Le 29, le porte-parole de l’armée a déclaré que 3.600 personnes avaient été incarcérées par la cyber-police et les Bassidj pour « désinformation » sur l’épidémie (Rûdaw). Parallèlement, la décision du président iranien de lever le confinement pour relancer l’économie a été très critiquée y compris au sein du régime, notamment au ministère de la Santé. La Société iranienne d'immunologie et d'allergie a même publié une lettre ouverte à Rouhani, où elle estimait le risque d'infections à 60 millions et celui des décès à plus de 2 millions. L’opposition a quant à elle mis en cause les richesses accumulées par le Guide suprême Ali Khamenei, qui contrôle plusieurs « fondations » et des milliards de dollars, qui auraient pu être employées dans la lutte contre le coronavirus plutôt que d’aller aux pasdaran… (La Tribune).

Après que l’Iran a réussi le 22 la mise sur orbite de son premier satellite militaire, le Département d’État américain a appelé le 25 les autres pays, et en particulier ceux de l’Union européenne, à « rejeter » l’action de l’Iran et à prolonger l’embargo sur les ventes d’armes au pays, qui devrait expirer en octobre prochain. Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont déjà condamné le lancement.

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ROJAVA: LES DJIHADISTES PRO-TURCS INTERROMPENT L’APPROVISIONNEMENT EN EAU D’UN DEMI-MILLION DE CIVILS

La Turquie et ses mercenaires djihadistes continuent à occuper une large bande de territoire au Nord-est de la Syrie ainsi que la région d’Afrîn à l’Ouest. Depuis plusieurs mois, ils empêchent aussi régulièrement l’approvisionnement en eau des zones administrées par l’AANES (Administration autonome du Nord-Est syrien), provoquant l’inquiétude des organisations humanitaires et de l’OMS quant à une propagation du coronavirus dans la région. Dans un rapport publié le 31 mars, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a dénoncé l’usage de l’eau contre le Rojava alors que l’épidémie se propage. Ankara a rejeté ces accusations comme une « campagne de diffamation », accusant le régime de Damas de ne pas fournir assez d’électricité pour permettre un fonctionnement normal de la station de pompage d’Allouk, située près de la ville de Serê Kaniyê / Ras al-Aïn, et gérée à l’origine par des techniciens syriens évincés depuis par les djihadistes pro-turcs. L’après-midi du 2 avril, ceux-ci ont endommagé à l’artillerie la canalisation provenant de la station et desservant une région habitée par un demi-million de civils, incluant la ville de Hassaké. Le 27 mars, 49 organisations de la société civile syrienne ou de défense des droits de l’homme ont accusé dans une lettre commune la Turquie de crime de guerre en raison de ces interruptions volontaires de la fourniture d’eau.

Malgré le cessez-le-feu négocié en octobre et les récents appels des Nations-Unies à un cessez-le-feu pour faciliter la lutte contre la pandémie, les supplétifs djihadistes de la Turquie poursuivent leurs attaques contre les zones administrées par l’AANES, notamment près d’Aïn Issa et Girê Spî /Tell Abyad et l’autoroute M4. La présidente du Comité exécutif du Conseil démocratique syrien (CDS), Ilham Ahmed, a appelé les Nations Unies à faire pression sur la Turquie pour les arrêter. Les mercenaires pro-turcs ont aussi attaqué dans le gouvernorat d’Alep plusieurs villages tenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), et la Turquie poursuit ses opérations de nettoyage ethnique anti-kurde dans sa soi-disant « zone de sécurité ». Selon des sources locales, le 1er avril, 19 cars ont amené des centaines de familles de combattants djihadistes de Ahrar al-Sharqiya et du Front Al-Shamiya à Girê Spî / Tell Abyad et Serê Kaniyê / Ras al-Aïn. Elles doivent être réinstallées dans des maisons kurdes dont les propriétaires ont dû fuir l’attaque turque d’octobre (Kurdistan-24).

Le 26, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a indiqué que la Turquie reprenait les politiques déjà utilisées à Afrîn en amenant dans les zones qu’elle contrôle de Raqqa et d’Hassaké des familles originaires de la Ghouta, soulignant que les factions djihadistes des opérations « Source de paix » et « Rameau d'olivier » y poursuivent enlèvements et arrestations arbitraires des résidents, tant kurdes qu'arabes (Asharq Al-Awsat). Le 27, une attaque de drone turc a visé un bureau des Asayish (sécurité kurde) à Kobanê, faisant des dégâts matériels. L’AANES a appelé les États-Unis et la Russie à remplir leurs responsabilités en tant que garants de deux cessez-le-feu séparés conclus avec la Turquie, et à faire cesser les attaques turques. Ankara a accusé en réponse les FDS de chercher à infiltrer la « zone de sécurité », une accusation déniée par leur porte-parole Gabriel Keno (WKI). Au même moment, la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIR) a publié son rapport annuel 2020, où elle recommande au gouvernement américain d’« exercer une pression significative sur la Turquie pour que celle-ci annonce un agenda de retrait de la Syrie et faire en sorte que ni son armée ni ses alliés de l’Armée syrienne libre ne tentent d'étendre leur contrôle dans le Nord-est de la Syrie ou de s'engager dans un nettoyage religieux et/ou ethnique ».

Les occupants poursuivent également tant exactions que nettoyage ethnique à Afrîn. Le 1er avril, la chaîne kurde irakienne Rûdaw a indiqué que durant les cinq semaines précédentes, trois femmes yézidies avaient été kidnappées par les groupes djihadistes, parfois contre rançon, leurs familles ayant gardé le silence par peur de représailles. La ville a aussi été frappée par une série d’attentats à la bombe, le premier le 8 avril, utilisant des voitures piégées, pour lesquels la Turquie et ses supplétifs djihadistes ont accusé les FDS, mais dont plusieurs sources locales imputent la responsabilité à des affrontements internes entre djihadistes, déjà survenus dans le passé. Certains de ces miliciens, que la Turquie n’a pas payés depuis deux mois, se sentent trahis. Alors qu’Ankara veut les envoyer en Libye, ils souhaitent plutôt regagner Idlib (Kurdistan-24). L’OSDH a publié en milieu de mois un rapport détaillant leurs pillages systématiques dans la région, alors qu’une dizaine de Kurdes venaient de nouveau d’être kidnappés par des factions de l’« Armée nationale syrienne », une milice malgré son nom entièrement au service d’Ankara. Parmi les récentes exactions horrifiantes, les meurtres d’une femme kurde de 80 ans, retrouvée pendue par ses enfants le 18, et d’un homme kurde de 74 ans, battu à mort par des djihadistes de la faction « Sultan Mourad »,composée en grande partie de turkmènes syriens. La « Brigade Samarkand », responsable du meurtre de la femme, a ensuite enlevé ses enfants et plusieurs voisins. Le 28 au soir, un nouvel attentat à la bombe a tué au moins 40 personnes et a fait 47 blessés à Afrîn, menant à des suspicions de responsabilité des services secrets turcs, le MIT. FDS comme AANES ont tous deux condamné l’attaque le lendemain. Mazloum Abdi a incriminé la « politique destructrice de l’occupation turque », et le CDS a déclaré dans un communiqué que « l'invasion turque, s'appuyant sur des fractions [militaires] à l'idéologie terroriste, [avait] ouvert la porte aux forces terroristes pour qu'elles réorganisent leurs rangs et commettent des actes lâches sous la protection de la Turquie ». Quelques heures plus tard, Abdulkarim Omar, co-président du département des relations étrangères de l’AANES a appelé de nouveau la communauté internationale à « faire pression sur la Turquie pour qu'elle quitte Afrîn et toutes les zones qu’elle occupe ».

Mais les occupants turcs et leurs mercenaires djihadistes ne sont pas les seuls à mener le nettoyage ethnique dans les zones kurdes. La coalition TEV-DEM, groupe dominant l’administration de l’AANES, a condamné le 24 les tentatives du régime de Damas pour modifier la composition démographique dans plusieurs villages du Nord de la province d’Alep en y convertissant des bâtiments scolaires en centres de quarantaine destinés à des tziganes originaires du centre du pays. Le TEV-DEM accuse Damas de saisir l’opportunité de l’épidémie pour reprendre sa politique de « ceinture arabe » des années 60-70 et appelle les Nations Unies et les organisations de la société civile à faire pression pour faire cesser celle-ci.

Dans ce contexte difficile, l’unité des Kurdes de Syrie est plus que jamais nécessaire. Le 25, le commandant des FDS, Mazloum Abdi, a appelé à soutenir l’initiative d’unité nationale, annonçant depuis Qamishli après une réunion avec une délégation représentant diverses tendances politiques du Rojava que « les pourparlers [avaient] abouti à des résultats positifs qui seront annoncés dans les prochains jours » (RojInfo).

Parallèlement, l’AANES a poursuivi, autant que le lui permettent ses moyens, la lutte contre l’épidémie du coronavirus. Le Rojava ne disposant que de 27 ventilateurs, des techniciens électriciens kurdes d’Amoude ont entrepris d’en fabriquer pour les hôpitaux du Rojava. La représentation du CDS à Washington a lancé un appel à l’aide sanitaire. Sur place, l’AANES a critiqué Damas pour n’avoir pris aucune mesure de dépistage ni de quarantaine des passagers débarquant à Qamishli, dont l’aéroport est tenu par le régime, critiquant l’absence de coopération du régime, qui « [met…] en danger la vie des habitants du Nord-est syrien ». L’AANES, ne disposant pas de kits de dépistage, a mis en place pour les arrivants un examen limité à la recherche des symptômes. Le 8, on ne comptait encore aucun cas au Rojava (Kurdistan-24). Le 9, après une demande téléphonique de Mazloum Abdi, la Région voisine du Kurdistan d’Irak a envoyé du matériel médical devant permettre d’équiper deux laboratoires de dépistage et des formateurs (Rûdaw). L’AANES a aussi renouvelé sa demande d’assistance à l’OMS, alors que deux voyageurs arrivant de Damas étaient placés en quarantaine à Qamishli sur soupçon d’infection par le coronavirus. Le 15, l’administration du Rojava a exprimé son soutien à l’appel du président français pour un cessez-le-feu mondial durant l’épidémie.

Le 17, l’AANES a annoncé que l’OMS avait diagnostiqué dans sa région un premier cas de Covid-19 sur des échantillons envoyés à Damas. Il s’agissait d’un patient de 53 ans hospitalisé le 27 mars à l’hôpital national de Qamishli, géré par le régime, et décédé le 2, mais l’AANES n’avait pas été informée à ce moment (Reuters). Le chef du département santé de l'AANES a qualifié cette absence d’information de la part de l’OMS de « crime contre cinq millions de personnes ». Cependant, le cas n’a pas été confirmé par l’hôpital. L’AANES a prolongé le confinement en vigueur au Rojava jusqu’au 1er mai. Le 29, les deux premiers cas ont été confirmés au Rojava, une femme, de nouveau à l’hôpital de Qamishli, et un homme, mis en quarantaine à Hassaké.

Durant ce mois, Daech a poursuivi sa réorganisation dans le pays, profitant tant de l’invasion turque que de l’épidémie, qui mobilise les énergies. Ses cellules dormantes ont repris progressivement leurs activités, menaçant les habitants qui collaborent avec les autorités et relançant leurs rackets. Plusieurs prisonnières françaises ont réussi à s’enfuir de camps où elles étaient internées au Rojava. Une, échappée du camp de Roj, a été reprise, mais au moins trois autres, venues d’Al-Hol, moins bien gardé, ne l’ont pas été (Libération). Les djihadistes ont fait en début de mois deux victimes parmi les FDS dans une attaque sur la petite ville d’al-Suwar, dans la province de Deir Ezzor, et ont aussi lancé des attaques sur les forces du régime au sud de cette province où ils ont endommagé des installations pétrolières. Les FDS ont annoncé avoir capturé quatre djihadistes dans une contre-opération menée avec l’appui aérien américain. Parallèlement, l’AANES poursuit ses préparatifs pour mettre en place un tribunal qui jugera sur place les djihadistes qu’elle a capturés.

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TURQUIE: LE POUVOIR LIVRE À L’ÉPIDÉMIE SES OPPOSANTS EMPRISONNÉS MAIS LIBÈRE DES GANGSTERS D’EXTRÊME DROITE

Le 3 avril, Helin Bölek, la chanteuse kurde de «Grup Yorum» est morte chez elle à 28 ans après 288 jours d’une grève de la faim entamée en prison au printemps dernier pour dénoncer censure et répression. Libérée après deux ans de détention avec les sept membres du groupe pour « résistance à la police, insulte et appartenance à une organisation terroriste », elle avait poursuivi son jeûne chez elle en soutien au bassiste du groupe, Ibrahim Gôkçek, toujours incarcéré. Fondé en 1985 par quatre étudiants en réaction au coup d’Etat militaire de 1980, « Grup Yorum », qui se voulait au service des «peuples opprimés de Turquie et d’ailleurs», a été frappé d’une répression implacable. Le 11 avril, une autre chanteuse kurde Nûdem Durak, née en janvier 1988, a été condamnée à 19 ans de prison pour avoir chanté, en kurde, le combat de son peuple, et a été incarcérée à Bayburt…

Le 1er avril, le ministère de la Santé a indiqué que la Turquie avait enregistré 15.679 cas confirmés de coronavirus avec 277 décès. Mais l’épidémie apparaît de plus en plus comme une opportunité saisie par le pouvoir AKP-MHP pour se débarrasser de ses opposants politiques. Après avoir criminalisé et emprisonné l’opposition, le pouvoir turc a soumis au parlement le 31 mars un projet de loi visant à libérer, provisoirement ou définitivement, jusqu’à 90.000 prisonniers en vue de diminuer la population carcérale. Les prisons turques, surpeuplées avec près de 300.000 détenus et souvent insalubres, mettent les prisonniers en danger grave de contagion. Si le ministère de la Justice niait encore courant mars tout cas en cellule, des sources locales ont fait état de plusieurs prisonniers testés positifs, comme Nalan Ozaydin, co-maire adjointe HDP de Mazıdağı démise et incarcérée, qui sur suspicion de CoVid-19 a été libérée et assignée à résidence… Mais le texte proposé a immédiatement provoqué l’inquiétude générale, car il exclut des libérations les personnes accusées de terrorisme (dont celles incarcérées en attente de jugement), ce qui concerne quasiment tous les opposants abusivement emprisonnés. Human Rights Watch et Amnesty International ont condamné ces exclusions, et les rapporteurs de ('Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) pour le suivi de la Turquie ont appelé celle-ci à une libération non discriminatoire des prisonniers politiques.

Le 4 au soir, la prison de Batman a connu un incendie et un soulèvement quand des prisonniers politiques kurdes se sont mutinés en raison de l'inquiétude causée par l’épidémie. Le 7, le Mouvement des femmes libres kurdes (Tevgera Jinên AzadTJA) a dénoncé un «massacre annoncé» dans les prisons, et la poursuite des destitutions de maires HDP, à un moment où les élus locaux, constituant un maillon indispensable de la lutte contre l’épidémie, avaient entamé la mise en place de mesures de protection sanitaire des citoyens et de soutien économique aux plus démunis. Demandant des libérations sans discrimination, le TJA a accusé l’État de ne pas prendre les mesures de protection nécessaires: «Un seul centre de détection des cas a été créé pour l’ensemble du Kurdistan, la plupart des personnes qui se rendent à l’hôpital sont renvoyées chez elles. Les discours discriminatoires à l’égard des personnes âgées alimentent la mentalité sexiste, raciste et religieuse».

Parallèlement, le pouvoir a cherché à imposer le silence à tous les lanceurs d’alerte. La journaliste de Diyarbakir Nurcan Baysal, elle-même brièvement incarcérée pour intimidation en début de mois, a rapporté le 9 que les médecins qu’elle avait tenté d’interroger en ville lui avaient répondu : «Nous ne pouvons pas parler». À cette date on comptait (officiellement) 38.226 cas et plus de 800 décès, avec un épicentre dans la capitale économique, Istanbul, et plus de 400 personnes avaient été arrêtées pour leurs messages critiquant la gestion de l’épidémie sur les médias sociaux. Comme l’a noté Miray Erbey, chercheur en sciences cognitives à l'Institut Max Planck, en Turquie: «Les efforts pour contenir le flux d'informations ont été plus importants que ceux pour contenir l'épidémie elle-même». Le président turc a aussi veillé à apparaître comme le seul à agir: il a rapidement interdit les collectes de fonds lancées par les maires CHP des deux grandes métropoles d’Istanbul et d’Ankara pour assister les victimes économiques de l’épidémie (Ahval).

Le texte de loi contesté en début de mois sur la libération des prisonniers a été approuvé au parlement le 13 au soir par 279 voix contre 51 avec le soutien de l’AKP et du MHP. L’un des avocats de Selahattin Demirtaş, l’ancien coprésident du HDP, maintenu en prison tout comme Osman Kavala, a qualifié la nouvelle loi d’«injuste et illégale» (Le Figaro). Le même jour, le gouvernement avait inscrit à l’agenda parlementaire la discussion d’une loi prévoyant l’amnistie des violeurs des mineurs s’ils se marient avec leurs victimes, qui a provoqué un véritable séisme sur les réseaux sociaux... (Kurdistan au féminin). Le lendemain, les chiffres officiels du coronavirus étaient d’au moins 61.049 cas et 1.296 morts, ils passeraient à 90.980 et 2.100 au 21 puis de 115.000 et 2.992 au 27… (WKI).

Le 16, le New York Times rendait compte dans ses colonnes de la libération de sa cellule d’Ankara du chef mafieux et leader d’extrême-droite de 67 ans Alaattin Cakici – ami fidèle du leader du MHP Devlet Bahçeli – emprisonné depuis 16 ans pour, entre autres, incitation au meurtre, attaque à main armée, blanchiment d'argent, direction d'une organisation illégale et insulte au président. Il lui restait des décennies à purger, la nouvelle loi a permis sa libération. Deux jours plus tard, la demande de libération pour risque sanitaire de Selahattin Demirtaş, qui a déjà fait un malaise dans sa cellule, était rejetée par un tribunal d’Ankara qui n’a pas motivé sa décision (Ahval). Le 20, le New York Times revenait à la charge sur l’épidémie en Turquie en dénonçant la «campagne de propagande soigneusement orchestrée» du président turc et en publiant ses propres calculs qui permettent de conclure à partir des chiffres d’Istanbul à une épidémie d’une ampleur bien supérieure à ce qu’admettent les chiffres officiels: selon les comptages du quotidien américain, «la ville [d’Istanbul] a enregistré du 9 mars au 12 avril environ 2.100 décès de plus que prévu, sur la base des moyennes hebdomadaires des deux dernières années, bien plus que ce que les responsables ont rapporté pour l'ensemble de la Turquie pendant cette période». Et de continuer: «Le gouvernement a annoncé le premier décès dû au Covid-19 dans le pays le 17 mars. Mais les statistiques compilées par le Times suggèrent que même à cette époque, le nombre total de décès à Istanbul était déjà considérablement plus élevé que les moyennes historiques, ce qui indique que le virus était arrivé plusieurs semaines auparavant. Pourtant, M. Erdoğan a assuré à la nation le 18 mars, après l'annonce du second décès, que la Turquie avait “rapidement pris toutes les précautions”»…

L’extension de l’épidémie n’a pas arrêté la répression du HDP, qui, début avril, ne disposait plus que de 19 des 59 mairies qu’il avait conquises aux municipales de mars 2019 un an auparavant. Le 9, le maire de Diyarbakir Selçuk Mizrakli, déjà démis en août dernier et présentement emprisonné, a fait l’objet d’une nouvelle accusation de « propagande terroriste » par le procureur d’Ankara pour être entré en grève de la faim durant trois jours à l’appel du HDP en soutien à Leyla Güven, et pour avoir posté un tweet de soutien au militant kurde Ramin Hossein, exécuté en Iran (Bianet). Le 21, les procureurs turcs ont lancé une cinquième accusation contre l'ancien coprésident du HDP Selahattin Demirtaş, l’accusant de «terrorisme» en citant comme «preuves» entre autres certains de ses discours entre 2012 et 2016, une interview de 2016 au journal allemand Süddeutsche Zeitung et une plainte déposée contre lui par le Centre de communication de la présidence (CİMER) (Duvar English). Le 27, le Washington Kurdish Institute (WKI) a annoncé que le gouvernement avait demandé au parlement de suspendre l’immunité de 21 nouveaux députés du HDP.

L’armée turque a poursuivi ses opérations militaires, y compris dans l’Irak voisin. Le 15, nouvelles violations de l’espace aérien de ce pays, une frappe aérienne a détruit un bâtiment présenté comme appartenant au PKK à Rawandouz, où selon les responsables locaux, plusieurs installations de télécommunication ont été détruites, et des drones turcs ont tué trois femmes kurdes près du camp de réfugiés de Makhmur. Après qu’une délégation du gouvernement irakien est venue à Makhmour confirmer les faits, le ministère irakien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur turc à Bagdad pour demander officiellement l’arrêt de telles violations (Newsweek).

Les militaires turcs ont aussi fait une nouvelle fois montre de leur mépris de toute humanité en restituant à une mère de Dersim (Tunceli) les restes de son fils, un combattant du PKK tué par l’armée en 2017, dans une boîte, avant que les gendarmes ne l’empêchent d’assister à ses funérailles. Puis le 24 à Silvan (Diyarbakir), les gendarmes ont convoqué d’autres familles de combattants tués pour leur ordonner de retirer les lettre Q, W et X, qui ne sont pas utilisées en turc, des pierres tombales de leurs enfants. Devant l’impossibilité d’obéir sans détruire les pierres, les militaires ont fait retirer et briser celles-ci. Des cas similaires ont été rapportés à Van et à Erciş. Des centaines de corps ont ainsi été déterrés et enlevés sans que l’on sache où ils se trouvent (RojInfo).

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LE KURDISTAN LIBÈRE DES MILLIERS DE PRISONNIERS ALORS QUE L’ÉPIDÉMIE MENACE

Toujours plongé dans une crise politique qui semble devoir perdurer, l’Irak est simultanément frappé sur le plan économique par la chute du prix du pétrole, sa principale ressource avec 93% du budget de l’État. Le budget prévisionnel 2020, 135 milliards de dollars, le montant le plus élevé de l’histoire du pays, par lequel les dirigeants politiques espéraient calmer les protestations et reconstruire les infrastructures détruites dans le combat contre Daech, semble de moins en moins vraisemblable… Par ailleurs, la crise sanitaire, avec l’expansion rapide du coronavirus dans le pays, pourrait avoir de lourdes conséquences sociales et économiques.

Le 9 avril, le dernier candidat au poste de Premier ministre, Adnan Al-Zurfi, a annoncé renoncer à ses tentatives pour former un gouvernement. Ses jours étaient comptés à partir du moment où les partis chiites dominant le parlement, suivant en cela les milices pro-iraniennes, avaient rejeté ses propositions. Les partis kurdes ont à cet égard pris une position attentiste, demandant aux partis chiites de s’entendre d’abord sur un candidat commun avant d’exprimer leur position. Le jour même, le Président a nommé à la place d’Al-Zurfi l’ancien chef des services de renseignement, Moustafa al-Kadhemi, dont le nom circulait comme successeur possible depuis le début du mois… S’il n’est pas mieux vu par l’Iran, Kadhemi pourrait avoir plus de chances de succès que son prédécesseur, étant à la différence de celui-ci soutenu par l’ensemble des partis chiites – et par le plus important bloc parlementaire sunnite. Côté kurde, aussi bien l’UPK que le PDK (en la personne du Président de la Région du Kurdistan Nechirvan Barzani) ont annoncé leur soutien à cette nomination. Al-Kadhemi a alors entamé le long chemin de la formation d’un cabinet qui soit acceptable par le parlement…

Dans ce contexte complexe, les discussions budgétaires entre le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) et le gouvernement fédéral de Bagdad se sont poursuivies. En novembre dernier, un accord prévoyait l’attribution au Kurdistan de 12,6% du budget fédéral en échange de la fourniture quotidienne par celui-ci de 250.000 barils de brut à la SOMO, la société pétrolière d’État, mais le GRK avait décidé d’attendre pour entamer la fourniture la formation d’un gouvernement stable à Bagdad. Le 19, après une réunion entre une délégation du GRK et le ministre irakien du pétrole, le ministre des Finances du GRK, Awat Janab, a annoncé un accord identique au précédent. Cependant, le ministre de la planification du GRK, Dara Rashid, tout en renouvelant son accord pour la fourniture du pétrole à Bagdad, a également déclaré qu’en retour, Bagdad devait s'engager à régler la part de budget revenant à la Région ainsi que les paiements dus aux compagnies pétrolières qui y opèrent… On revenait donc au conflit placé dès l’origine au cœur des relations entre les deux gouvernements. En l’absence de livraisons pétrolières, Bagdad a annoncé la semaine suivante qu’il cesserait en mai ses versements à Erbil. Le Vice-premier ministre du GRK, Qubad Talabani, devrait se rendre à Bagdad pour tenter de négocier un nouvel accord, et le 28, le Président de la Région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, a lors d’une réunion avec la Représentante spéciale en Irak du Secrétaire général des Nations Unies, Jeanine Hennis-Plasschaert, demandé la médiation de cette institution pour résoudre la dispute.

Dans les territoires disputés, les djihadistes de Daech ont poursuivi leurs attaques, s’en prenant dans la nuit du 6 à un village du district de Daquq (Sud de Kirkouk) habité par des membres de la minorité kurde des Kakaïs. Après des affrontements qui se sont prolongés plusieurs heures, trois policiers irakiens ont été blessés par une bombe artisanale. Selon une source sécuritaire, la zone de Daqouq avait déjà été frappée durant la semaine précédente par trois autres attaques ayant causé plusieurs morts et trois kidnappings de policiers fédéraux. Le lendemain, ce sont deux pechmergas kurdes qui ont été tués dans une autre attaque djihadiste nocturne à Garmiyan, poussant le président du PDK, Massoud Barzani, à rappeler dans une déclaration que Daech constituait toujours une menace. Le 14, l’armée irakienne a annoncé qu’une autre bombe artisanale avait tué au Sinjar deux combattants des Unités de protection des Yézidis (YBŞ) et en avait blessé cinq autres durant une opération conjointe (Kurdistan-24). À Kirkouk, les forces de sécurité ont été placées en alerte la dernière semaine du mois après plusieurs attaques djihadistes, tandis que deux chefs militaires djihadistes étaient capturés et qu’une attaque-suicide visait le bureau du renseignement irakien dans la ville de Kirkouk.

La lutte contre Daech se prolonge aussi à l’étranger, et notamment pour amener les bourraux devant la justice. Le 24, un détenu irakien soupçonné d’appartenance à Daech a été inculpé de génocide à Francfort, en Allemagne, en même temps que du meurtre d’une fillette yézidie de cinq ans dont il avait fait son esclave… C’est le premier procès dans le monde dont l’acte d’accusation comporte la mention de «génocide» en relation aux Yézidis. Le couple de Fallouja est accusé d’avoir acheté, maltraité et torturé la fillette et sa mère, causant la mort de la première durant l’été 2015 (New York Times).

La Région du Kurdistan a aussi été confrontée à la propagation du coronavirus. Le 6, Ziya Petros, responsable du Bureau indépendant des droits de l’homme a averti que si le GRK ne prenait pas rapidement des mesures pour réduire la population carcérale, une catastrophe sanitaire pourrait se produire dans les prisons surpeuplées de la Région. Petros a notamment indiqué que des prisons prévues pour 900 détenus en hébergent maintenant plus de 2000, obligeant à placer jusqu’à 25 prisonniers dans des cellules de 9… (Rûdaw). Le même jour, l’Irak annonçait 1.031 cas de Covid-19 et 64 décès, tandis que les chiffres au Kurdistan étaient respectivement de 277 cas et 3 décès, avec 41 nouveaux cas en trois jours. Le ministre GRK de la Santé a tiré la sonnette d’alarme face à un «danger grave», indiquant que le système de santé du GRK ne lui permettait pas de contrôler la situation en cas d’épidémie à grande échelle. Onze quartiers d’Erbil ont été placés en confinement.

Le 7, le GRK a prononcé la libération de centaines de prisonniers placés en détention provisoire en attente de procès afin d’éviter la propagation du virus, expliquant que l’épidémie avait obligé à arrêter le fonctionnement de la justice. Le ministère de la Justice a chiffré ensuite le nombre de libérations à 1.474. Le 8, alors que l’Irak annonçait une extension de son confinement jusqu’au 18 avril, le ministère de la Santé du Kurdistan a annoncé 14 nouveaux cas. Beaucoup ont été contaminés lors de deux enterrements tenus à Erbil dans le même quartier (Kurdistan-24). Le 14 avril, 826 détenus supplémentaires ont été libérés. La dernière semaine du mois, le nombre de cas confirmés atteignait 355, alors que les activités commençaient à reprendre et que la frontière avec l’Iran était rouverte. Mais le 28, le Kurdistan annonçait son cinquième mort de l’épidémie, aussi le premier dans la province d’Erbil, et onze nouveaux cas, dont dix résidents dans le district de Soran. Selon le ministère GRK de la Santé, au cours des 24 heures précédentes, 1.706 personnes avaient été testées positives au Covid-19, dont 1.121 dans la province d'Erbil, 158 à Suleimaniyeh, 300 à Dohouk, 25 à Halabja, tandis que 1.602 personnes étaient toujours maintenues en quarantaine dans 33 lieux différents de la Région.

Enfin, le 20, une centaine d’artistes kurdes, inquiets des tensions se développant entre partis politiques kurdes autour de la région de Zînê Wertê, ont lancé un appel à ceux-ci pour un «apaisement des tensions», appelant notamment à éviter toute instrumentalisation par la Turquie et l’Iran et rappelant que les Kurdes «ne peuvent gagner qu’à travers l’élaboration d’une unité nationale et d’une stratégie commune».

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