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Bulletin N° 205 | Avril 2002

 

LES KURDES IRAKIENS SE PRÉPARENT POUR L’APRÈS-SADDAM

Alors que tous les objectifs sont focalisés sur le conflit israélo-palestinien et qu’une intervention militaire américaine en Irak semble de plus en plus probable, les Kurdes se préparent aussi pour l’après-Saddam et multiplient les consultations avec les responsables américains.

Ainsi, le 1er avril, une délégation du Département d'Etat américain, dirigée par Ryan Crocker, sous-secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires du Proche-Orient s’était rendue au Kurdistan pour une visite de quatre jours. La délégation américaine a rencontré le chef du PDK, Massoud Barzani dans son quartier général à Salahaddin ainsi que Jalal Talabani, chef de l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK), à Suleimaniyeh. “ La délégation américaine a souligné l'engagement (de Washington) à poursuivre sa protection et son soutien humanitaire au peuple irakien dans le Kurdistan ”. La délégation américaine a promis au gouvernement régional du Kurdistan un meilleur fonctionnement des agences de l’ONU au Kurdistan et une meilleure gestion des 13 % du produit du programme pétrole-contre-nourriture, attribués à la région kurde. La délégation a également réitéré son appui au processus de mise en œuvre de l’accord de Washington conclu entre le PDK et l’UPK en soulignant que l’objectif est une complète unification administrative des deux régions kurdes et la réunion d’un Parlement kurde unifié à l’issue d’élections générales à organiser dans les meilleurs délais.

Le quotidien arabe Asharq Al-Awsat, rapporte pour sa part dans son édition du 20 avril que des représentants américains et les chefs des deux partis kurdes contrôlant le Kurdistan irakien se seraient réunis plus tard “ secrètement ” à Berlin afin de préparer la probable intervention américaine contre l'Irak “ avant la fin de l'année ”. Selon le journal, Jalal Talabani et Massoud Barzani auraient assisté à une réunion de trois jours avec la participation de responsables militaires américains, du Département d'Etat et des services de renseignements (CIA).

Pailleurs, selon le quotidien arabe Al-Zaman du 24 avril, le parti démocratique du Kurdistan (PDK) a élaboré un projet de Constitution relative à l’Irak et communiqué aux partis politiques d’opposition d’Irak pour obtenir l’accord de ces derniers. Le quotidien annonce que la nouvelle Constitution propose « la fondation d’une république fédérale, pluraliste, basé sur le système parlementaire en Irak, et qui pourrait s’appeler la République fédérale d’Irak ». Citant des sources à Erbil, Al-Zaman annonce que le projet constitutionnel circule dans un premier temps pour recueillir l’assentiment des partis kurdes ou non kurdes du Kurdistan irakien. Selon le projet, l’Irak sera constitué de deux régions fédérées : Au nord une région kurde et au centre et au sud une autre, arabe. La future Constitution doit assurer « les droits nationaux des minorités vivant en Irak, qui doivent être étendu, dans le cadre de l’union fédérale entre les deux régions délimitées sur une base nationale et géographique », rapporte Al-Zaman. La région fédérale du nord comprendrait les gouvernorats de Duhok, d’Erbil, de Suleimanieh et de Kirkouk, sur la base des frontières administratif de ces gouvernorats établies avant 1968. Elle inclurait également des districts administratives kurdes qui sont aujourd’hui rattachés aux gouvernorats de Ninawa et de Diyala, tels que Sinjar, Sheykhan, Zimmar, Mandali, Khanaqin, Jalawla et Miqdadiyahé.

La proposition soulignerait pour finir la nécessaire participation kurde au gouvernement central de Bagdad au prorata de la population kurde.

Pendant ce temps, le régime irakien poursuit d’une façon systématique sa politique d’arabisation forcée dans les régions kurdes. Selon le quotidien kurde Brayati (Fraternité) daté du 22 avril, les autorités irakiennes ont profané le cimetière du district de Deebaga en gravant sur les stèles des noms arabes en lieu et place des noms kurdes. Le quotidien rapporte que « le régime [irakien] a par la suite interdit la visite des familles kurdes » au cimetière. Deebaga, situé au sud-ouest de la capitale kurde d’Erbil, a été le théâtre d’une campagne d’expulsion en 1988 au cours de la campagne dite « d’Anfal » d’assassinat et de déplacement de la population civile kurde.

Les autorités irakiennes ont ces dernières années intensifié leur campagne de déplacement de population visant les Kurdes et les autres communautés non-Arabes, par leur remplacement par des Arabes dans les régions sous leur contrôle et particulièrement dans la province riche en pétrole de Kirkouk. L’hebdomadaire kurde Khabat daté du 26 avril rapporte que « 140 villages dans la province de Kandinawa et de Qaraj ont été complètement arabisés et leurs habitants déportés ».

Selon des estimations de source kurde, ces dix dernières années plus de 200 000 Kurdes ont été expulsés de la région restée sous contrôle du régime de Bagdad vers la zone administrée par les Kurdes, victimes de la campagne irakienne de nettoyage ethnique.

BULENT ECEVIT QUALIFIE DE GÉNOCIDE L’OPÉRATION ISRAÉLIENNE CONTRE LES PALESTINIENS

Le Premier ministre turc, Bulent Ecevit a, le 4 avril, qualifié pour la première fois, de “ génocide ” les opérations de l’armée israélienne en déclarant : “ le peuple palestinien est victime de génocide sous les yeux du monde entier ”.

L’opposition turque au Parlement avait, le 2 avril, instamment demandé au gouvernement l’annulation d’un contrat d’armement d’une valeur de $ 668 millions signé il y a un mois avec Israël pour la modernisation des 170 chars de combat M-60 A1. La presse turque s’est également mobilisée pour demander la suspension de ce contrat pour manifester la vive désapprobation d’Ankara contre la politique d’Ariel Sharon.

Les déclarations de M. Ecevit ont suscité un tollé dans la communauté juive des Etats-Unis qui jusqu’ici faisait un lobbying très actif en faveur de ce « pays musulman allié d’Israël ». Les nombreux repentirs du Premier ministre turc n’ont pu atténuer leur réactions indignées alors que les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien se sont transformées en une campagne antisémite en Turquie. Le 13 avril, plus de 5000 personnes ont défilé à Istanbul à l’appel du parti islamiste Saadet (Bonheur), brûlant le drapeau israélien et portant des calicots tels que “ I understand Hitler better now ! ”. Le cortège était précédé d’une pancarte “ Revivo go Home ! ” [ndlr : Revivo, de confession israélite, est le numéro 10 de l’équipe de football de Fenerbahçe]. Aucune arrestation n’a eu lieu même si le journal turc Hurriyet du 14 avril titrait “ ils ont dépassé les limites ”.

ATTENTAT MANQUÉ CONTRE LE PREMIER MINISTRE KURDE BARHAM SALIH

Barham Saleh, le Premier ministre du Gouvernement régional du kurde de Suleimanieh et contrôlé par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), a échappé le 2 avril à un attentat, qui a fait sept tués.

Le conducteur du véhicule où se trouvaient les agresseurs qui avaient ouvert le feu contre le domicile de M. Saleh a été arrêté par les autorités locales. Les tireurs ont ouvert le feu contre la maison de M. Saleh à l'aide de mitrailleuses et de fusils d'assaut, ce qui a entraîné une riposte des gardes du corps du responsable kurde, dont cinq ont été tués dans l'attaque. Deux des agresseurs ont été également tués dans la fusillade. De plus, des explosifs ont été trouvés dans la voiture des agresseurs.

M. Saleh a écarté une possible implication du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) qui a condamné dans des termes les plus énergiques cet attentat. Les autorités soupçonnent plutôt les milieux fondamentalistes comme les groupes islamistes Jund-Al-Islam ou encore Ansar Al-Islam commandés par Mala Ali Abdul-Aziz liés à la fois aux réseaux Al-Qaida et à certains services iraniens.

Cet attentat a suscité une vague d’émotion et d’indignation au Kurdistan irakien et à l’étranger où le jeune Premier ministre kurde fut longtemps en poste à Washington, est très apprécié. Les observateurs notent que cet attentat est intervenu pendant le séjour à Suleimanieh d’une délégation américaine de haut rang et que certains de ses auteurs étaient recherchés pour leur participation à l’assassinat en février 2001 de François Hariri, gouverneur chrétien d’Erbil et l’une des grandes figures du PDK.

JONATHAN RANDAL À ISTANBUL POUR LE PROCÈS DE SON LIVRE

Le journaliste américain Jonathan Randal, s’est présenté le 3 avril devant la Cour de sûreté de l’Etat d'Istanbul sans être entendu, pour un de ses livres, interdit en Turquie et dont l'éditeur turc est poursuivi pour “ propagande séparatiste ”. “ Nous faisons notre possible pour éviter la prison à l'éditeur turc ”, a déclaré J. Randal, auteur de “ After such knowledge, what forgiveness? - my encounters in Kurdistan ”, déplorant que la Cour de sûreté de l'Etat n'ait pas daigné entendre son témoignage, lui-même n'étant pas poursuivi personnellement.

L'ouvrage, traduit en turc après le kurde, l'arabe et le persan, a été saisi par la police en Turquie en janvier 2002. L'éditeur, Abdullah Keskin, qui dirige la maison d'édition Avesta, risque jusqu'à 3 ans de prison et 3 milliards de livres turque (2.500 euros environ) d’amende.

“ Ce que j'ai entendu me laisse penser que tout cela se terminera bien, à un moment où la Turquie cherche à faire partie de l'Union européenne ”, a estimé Jonathan Randal, qui a fait le déplacement en Turquie pour assister à l'audience. “ Il est inacceptable que des livres soient censurés et que des éditeurs soient emprisonnés ”, a encore regretté le journaliste américain. Le procès, auquel ont assisté des représentants du consulat américain et de l'association de défense des journalistes Reporters sans frontières, a été ajourné au 7 juin prochain

Les autorités turques reprochent au livre l’utilisation des mots tabous en Turquie comme “ Kurdistan ” alors que l’auteur ne dénonce pas pour autant la politique de la Turquie vis-à-vis de sa population kurde et n’épargne pas ses critiques envers le parti des Travailleurs du Kurdistan PKK), qui a déposé les armes il y a 30 mois. L’acte d’accusation affirme que “ le livre mentionne l’existence d’une nation kurde distincte et d’un Kurdistan dans la République de Turquie faisant ainsi de la propagande contre l’intégrité du pays et de la nation ”. Abdullah Keskin, interrogé le 3 avril par le quotidien turc anglophone Turkish Daily News, déclare, de son côté : “ [J. Randal] est un journaliste crédible pour tout le monde… Par exemple, avant sa venue à Istanbul…le Tribunal pénal International sur l’ex-Yougoslavie à La Haye a demandé à l’entendre comme témoin pour ses reportages en Bosnie et au Kosovo. L’écrivain qui vient se présenter à la Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul a encore la poussière de La Haye sous ses chaussures ”. Après l’intellectuel américain Noam Chomsky, c’est donc au tour du journaliste américain Jonathan Randal d’être au banc des accusés en Turquie. “ La saisie un par un des livres comme cela, augmente le nombre de célébrités en Turquie ” ironise la journaliste Gul Demir dans le quotidien Turkish Daily News.

LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME CONDAMNE LA TURQUIE POUR L’INTERDICTION DU PARTI PRO-KURDE HEP

La Turquie a, le 9 avril, été condamnée à 40 000 euros d’amendes par la Cour européenne des droits de l'Homme pour avoir interdit le Parti du travail du peuple (HEP-- pro-kurde), accusé d'atteinte à l'unité de la nation.

La Cour constitutionnelle turque avait ordonné, en juillet 1993, de dissoudre le HEP au motif que ses activités portaient “ atteinte à l'intégrité territoriale de l'Etat et à l'unité de la nation ”. Le HEP était accusé en particulier de “ chercher à diviser l'intégrité de la nation turque en deux, avec les Turcs d'un côté et les Kurdes de l'autre, dans le but de fonder des Etats séparés ” et de “ chercher à détruire l'intégrité nationale et territoriale ” de la Turquie.

La Cour européenne a jugé que la Turquie, en décidant la dissolution de ce parti, avait violé le droit à la liberté de réunion et d'association, garanti par l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'Homme.

“ Eu égard à l'absence de projet politique du HEP de nature à compromettre le régime démocratique dans le pays et/ou à l'absence d'une invitation ou d'une justification de recours à la force à des fins politiques, sa dissolution ne peut raisonnablement être considérée comme répondant à un “ besoin social impérieux ” ”, a estimé la Cour.

LE PKK CHANGE DE NOM ET DEVIENT LE KADEK

À l’issue de son 8ème congrès, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé, le 16 avril, un changement de nom et de stratégie : le mouvement, désormais baptisé KADEK (Congrès pour la liberté et la démocratie au Kurdistan), renonce à la violence pour lutter pacifiquement pour de plus grands droits pour la minorité kurde. “ La lutte armée est terminée ”, a déclaré Riza Erdogan, porte-parole européen du nouveau KADEK. “ Nous n'avons pas l'intention de changer les frontières des pays où vit le peuple kurde ”, a-t-il ajouté expliquant que KADEK n'entend pas lutter pour la séparation de la Turquie, mais pour l'amélioration des droits du peuple kurde, dans ce pays ainsi qu'en Irak, en Iran et en Syrie. Le KADEK ne sera pas un parti politique en tant que tel mais soutiendra des partis et organisations appuyant une “ solution démocratique à la question kurde ”. Le chef rebelle kurde Abdullah Ocalan, détenu dans l'île-prison turque d'Imrali, a été désigné président du KADEK, a précisé ce porte-parole. Selon lui, “ le KADEK est le seul héritier légitime du PKK ”. Il ne veut pas “ détrôner ” ces Etats, mais “ cherche à leur faire subir une transformation démocratique ” dans le cadre d'une vaste “ Union démocratique du Moyen-Orient ”. “ Le système du 20ème siècle ”, reposant sur “ le nationalisme, les divisions et les partages ” est “ caduc ”, et est “ la source première des conflits actuels ”, estime le KADEK.

L'abandon de la lutte armée est confirmé, le KADEK prône, à la place, des “ soulèvements politiques pacifiques ”. Les militants armés du PKK continueront de constituer une force “ d'autodéfense ”, appartenant au KADEK, rebaptisés unités de défense du peuple, ils n'agiront qu'en cas d'attaque contre des Kurdes, a souligné en outre le porte-parole du KADEK. Ces militants “ rejoindront le mouvement civil au moment opportun ”, notamment quand l'Etat turc aura aboli la peine de mort et aura reconnu les droits culturels des Kurdes, a-t-il précisé.

Leur transformation en force politique sous un nouveau nom ne devrait toutefois pas bouleverser la donne et assouplir la position de l'Etat turc à leur égard. La puissante armée turque avait déjà rejeté le cessez-le-feu unilatéral lancé par le PKK à la suite de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, le qualifiant de “ manœuvre ”. Les autorités turques ont immédiatement réagi en affirmant que ces décisions ne changeaient rien. Le ministre turc des Affaires étrangères Ismail Cem a estimé lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion du conseil d'association UE-Turquie avec ses homologues européens à Luxembourg, que le changement de nom du PKK “ ne modifie pas sa nature ”. “ Je ne pense pas qu'un changement de nom modifie la nature du PKK. Pour l'instant, à mon avis, il n'y a pas eu de changement de la situation du tout ”, a-t-il déclaré. “ Un changement de nom n'est pas important …Ce qui compte c'est qu'ils payent pour ce qu'ils ont fait dans le passé ”, a souligné le ministre de la Défense Sabahattin Cakmakoglu. “ Que le PKK change ou pas de nom ou de forme, il reste pour nous une organisation terroriste ”, a renchéri le ministre de l'Industrie Ahmet Kenan Tanrikulu.

Selon le professeur Dogu Ergil, de la Faculté de sciences politiques d'Ankara, “ le PKK entre à présent sur un nouveau terrain, ce sera un test pour la démocratie turque ”. “ Le gouvernement turc a très peur qu'il ne devienne une force politique. Sa mentalité est construite sur la lutte contre le terrorisme. Ils ne savent pas comment traiter avec une organisation politique. Alors ils essaieront de bloquer cette tentative ”, estime-t-il.

Pour Nihat Ali Ozcan, expert en terrorisme au Centre d'études stratégiques Eurasie, “ le PKK a réalisé dès les années 1990 qu'il ne pouvait atteindre son but par la force et a commencé à chercher un nouveau terrain, mouvement accéléré par la capture d'Ocalan. Et depuis le 11 septembre, poursuivre des buts politiques par le terrorisme et la violence est devenu risqué ”. “ Ils avaient besoin de se déplacer sur un terrain où ils seraient reconnus par le système international et où ils seraient plus fort que l'Etat, et c'est le terrain politique ”, poursuit-il. Mais selon lui, “ la Turquie ne les acceptera jamais en tant qu'interlocuteurs (à un règlement de la question kurde) ”. M. Ozcan précise que “ personne ne fera de concessions juste parce que le PKK a pris ces décisions. La Turquie autorisera sans doute les publications et la radio-télédiffusion en kurde, mais pas à cause du PKK, à cause de l'évolution qu'elle connaît, liée à sa candidature à l'Union européenne”.

Par ailleurs, un porte-parole du parti de la Démocratie du peuple (HADEP), qui se bat pour des droits culturels pour les Kurdes, Mutlu Civiroglu, a jugé “positives ” ces décisions et souhaité que l'Etat turc “ prenne des mesures concrètes et agisse pour une démocratisation et des droits pour les Kurdes ”.

De plus, le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, chef du gouvernement libéral, qui assurera la présidence de l'UE au 1er juillet a affirmé, le 17 mars à Copenhague, que le changement de nom du PKK “ ne modifiait en rien sa nature ”, maintenant sa volonté de placer l'ex-PKK sur la liste de l'UE des organisations terroristes. “ Selon moi, ce n'est pas le nom qui importe, mais le contenu qui est important ” a-t-il souligné. M. Rasmussen a récemment indiqué qu'il voulait que la liste de l'UE soit conforme à celle des Etats-Unis, suscitant une controverse au sein de l'opposition de centre-gauche au Parlement, critique à cette volonté d'alignement de Copenhague sur Washington. Le chef du gouvernement a rappelé par ailleurs qu'il appartiendra à un comité spécial de l'UE de déterminer les organisations et individus qui doivent figurer sur cette liste.

LU DANS LA PRESSE TURQUE

LE CHEMIN TORTUEUX ET MINÉ PARCOURU PAR LA LANGUE KURDE


Can Dundar, journaliste au quotidien turc Milliyet, revient dans ses colonnes du 7 avril, sur les vicissitudes de la langue kurde soumis au bon vouloir des autorités turques mais aussi sur les effets d’annonce loin des réalités du milieu politico-médiatique turc. Voici de larges extraits de cet article :

“ En 1980, deux jeunes garçons originaires de Hakkari en promenade à Aksaray, rencontrent un des leurs, Firat Baskale [ndlr : musicien kurde de la même région].

Baskale, était un musicien révolutionnaire dont la voix ressemblait à celle de Sivan Perwer [nldr : le plus populaire des musiciens kurdes]. À l’invitation de F. Baskale, ils se rendent à l’hôtel où il travaille…

Ces jeunes avaient une telle nostalgie de la musique kurde que…

Firat scrute les alentours avec suspicion pour voir s’il y a du monde… “ Si quelqu’un nous entend nous serons dénoncés et nos vies seraient fichues ” prévient-il.

Puis il les conduit dans une pièce obscure et exiguë de la cave de l’hôtel et enlaçant sa guitare chante en kurde.

Quelques minutes plus tard, ces deux jeunes, certes craintifs comme s’ils avaient assisté à une manifestation illégale, se sentaient heureux d’avoir atteint les montagnes du pays.

Un de ces jeunes n’était autre que Yilmaz Erdogan [ndlr : comédien populaire kurde]. Quant à l’autre Muhsin Kizilkaya, celui qui, quelques années plus tard écrira cette anecdote dans la biographie dédiée à Erdogan…

Lorsque le journal Milliyet [5-04-02] a mis en gros titre à sa Une “ chanson kurde dans la caserne ”, cela a interpellé Muhsin.

La nouvelle disait que la chorale de la gendarmerie de Bitlis avait chanté en kurde la chanson “ Zeyno ” et les officiels avaient suivi en applaudissant.

À Istanbul, le nouvel album de Sivan Perwer était sur les affiches.

Et le Conseil national de sécurité (MGK) mettait à l’ordre du jour “ la diffusion en kurde ”.

Ceux qui ont nié pendant presqu’un siècle qu’une telle langue existait, qui ont persécuté ceux qui parlaient cette langue, qui se sont arrogés l’autorité pour annoncer d’un ton pédant que “ si on leur donne le droit de parler cette langue, ils ne se comprendraient pas ”, poussés par la “ dynamique extérieure ” ou par la “ dynamite intérieure ”, grâce à la fin de la terreur ou pas, dans une période inattendue, voilà qu’ils reconnaissent la “ réalité kurde ”.

En fait, lorsque l’interdiction a été abrogée on s’est aperçu que parmi les 500 000 personnes qui dansaient au Newroz à Diyarbakir, à peine 500 achetaient des livres en kurde. Les livres en kurde de Mehmet Uzun se vendent à 2000 exemplaires, au maximum. Mais malgré tout, des dictionnaires kurde-turc ont fait leur apparition… des manuels d’orthographe se préparent… Après le débat sur la diffusion en kurde l’on discute aujourd’hui de l’enseignement de la langue kurde.

La semaine dernière Muhsin Kizilkaya a soulevé un autre problème au cours d’une conférence à Vienne : “ Qui sera chargé de la diffusion en kurde? Qui dispensera l’enseignement du kurde ? Y a-t-il des spécialistes ? Y a-t-il des professeurs ? À l’Université, il y a une section de sumérologie, et non pas de kurde. L’intellectuel turc sait parler le russe mais n’a pas de curiosité pour le kurde parlé pourtant par des millions de personnes dans son pays.”

Ferhat Tunç [ndlr : musicien kurde] qui vient de sortir son dernier album raconte qu’il a été placé en garde-à-vue pour avoir chanté en kurde à Kayseri…

D’où est-ce qu’on revient ? Ecouté en cachette dans les caves de l’hôtel d’Aksaray, le kurde a traversé les bureaux d’interrogatoire et les casinos des casernes…

Yilmaz, un des deux jeunes de Hakkari qui a écouté en cachette des chansons en kurde, est aujourd’hui le plus aimé des humoristes en Turquie…

Quant à Muhsin, qui a appris le turc à coup de bâtons à l’école et sa langue maternelle en prison lors de la défense de l’association des foyers révolutionnaires de la culture de l’Est (DDKO), c’est un des écrivains de renom de la langue turque…

Si nous voulons vivre en toute fraternité, nous devons respecter la langue de l’autre et la comprendre ; il n’y a pas d’autre solution.”

AINSI QUE...

 

ANKARA DÉPÊCHE UN EMISSAIRE CHEZ SADDAM HUSSEIN


Dans un souci d’éviter toute intervention en Irak par les Etats-Unis, le ministre d’Etat turc, Tunca Toskay, s’est rendu le 2 avril à Bagdad pour rencontrer Saddam Hussein et lui transmettre en personne le message du Premier ministre turc Bulent Ecevit lui demandant de « faire des pas pour éviter que des développements puissent avoir un impact sur nous tous ”. 130 sociétés turques se trouvent à Bagdad pour participer à la foire des produits d’exportation turcs.

LUXEMBOURG : LE CONSEIL DE L’ASSOCIATOIN ENTRE LA TURQUIE ET L’UE


Le conseil de l’association entre la Turquie et l’Union européenne (UE), tenu le 16 avril à Luxembourg, a encouragé Ankara à développer la liberté de l’expression en Turquie. Gunter Verheugen, commissaire européen chargé de l’élargissement, a déclaré que les négociations d’accession pourraient démarrer si la Turquie se conformait aux critères de Copenhague. M. Verheugen a également souligné les inquiétudes de l’UE concernant le bilan des droits de l’homme en Turquie, ajoutant qu’Ankara devrait aller plus loin dans le domaine des droits des minorités ethniques. L’UE demande par ailleurs l’abolition de la peine de mort et des limites à l’influence politique de l’armée turque.

La Turquie, représentée par son ministre des affaires étrangères, Ismail Cem, s’efforce d’obtenir une date pour commencer les négociations : elle espère un signal au sommet de Séville en juin prochain et une date approximative ou spécifique en décembre au sommet de Copenhague.

BOMBARDEMENT AMÉRICAIN EN IRAK DEPUIS UNE BASE AMÉRICAINE EN TURQUIE


Des avions américains et britanniques qui patrouillaient dans une zone d'exclusion aérienne au-dessus du Kurdistan d'Irak, ont pilonné, le 19 avril, des batteries de la défense antiaérienne irakienne, en réponse à des tirs de DCA, selon des responsables américains. Les bombes ont été larguées après des tirs irakiens à l'est de Mossoul en direction d'une patrouille aérienne, a précisé le Commandement américain en Europe, dans un communiqué. Les avions américains décollent de la base américaine d’Incirlik en Turquie.

Il s'agissait du premier bombardement dans le nord de l'Irak depuis le mois de février et du troisième depuis le début de l'année, ont précisé des responsables américains, alors que beaucoup se demandent si l'Irak sera la prochaine cible des Etats-Unis, dans le cadre de ce que l'administration Bush a qualifié de lutte contre le terrorisme.

Washington a laissé entendre qu'une campagne militaire pourrait être lancée pour renverser le président Saddam Hussein, si ce dernier persiste dans son refus d'autoriser les inspecteurs de l'ONU chargés de s'assurer du démantèlement des armes de destruction massive irakiennes. Les inspecteurs ont été interdits d'entrer en Irak en 1998. Les discussions entre Bagdad et les Nations unies sur le retour des inspecteurs devaient commencer à la mi-avril mais l'Irak a demandé un report des entretiens, arguant qu'ils seraient dominés par le conflit israélo-palestinien s'ils se tenaient à cette date.

LE TRÈS CONTROVERSÉ AMBASSADEUR TURC À PARIS EST REMPLACÉ.


Le Journal officiel turc daté du 14 avril publie les nouvelles nominations diplomatiques turques. Ainsi, l’ambassadeur turc à Paris, Sonmez Koksal, qui n’était autre que l’ancien patron des services secrets turcs (MIT) pendant la période marquée par les meurtres non élucidés et les exécutions extrajudiciaires en Turquie, a été rappelé à Ankara. Il sera remplacé par Uluç Ozulker, représentant permanent de la Turquie auprès de l’OCDE.

Une dizaine d’autres nominations ont été annoncées par le Journal Officiel dont Turkekul Kurttekin pour le poste de représentant permanent de la Turquie aux Nations-Unies à Genève, Ahmet Uzumcu pour la représentation auprès de l’OTAN.

13 KURDES TUÉS PAR DES LOUPS AFFAMÉS À VAN


Selon le quotidien kurde irakien Brayeti (Fraternité) du 17 avril, 13 corps abandonnés dans la nature, ont été retrouvés à Noblen, province de Van, tous Kurdes d’Irak candidats à l’immigration. Selon les autorités turques, 418 Kurdes d’Irak qui tentaient le 15 avril de passer la frontière irano-turque, auraient été attaqués par des loups affamés qui auraient tué 13 personnes.

LA VISITE DU PREMIER MINISTRE CHINOIS À ANKARA DOMINÉE PAR LA QUESTION DES OUÏGOURS


Zhu Rongji, premier Premier ministre chinois qui s’est rendu pour une visite officielle à Ankara, la première depuis 16 ans, a été longuement interpellé par les officiels turcs sur la question de la province de Xinjiang, peuplée majoritairement de musulmans turcophones comme les Ouïgours et que la Turquie désigne sous le nom de “ Turkestan oriental ”. Husnu Yusuf Gokalp, ministre de l’Agriculture et Tunca Toskay, ministre d’Etat, tous deux membres du parti de l’Action nationaliste (MHP- ultra nationaliste), sont arrivés en retard à la cérémonie de signature de quatre accords bilatéraux sino-turcs pour marquer leur protestation contre la politique chinoise à l’égard des Ouïgours. Au cours d’une conférence de presse le 16 avril, le Premier ministre chinois a demandé à la Turquie de ne pas soutenir des groupes ayant des activités séparatistes au Xinjiang, à quelques centaines de mètres d’une manifestation contre la Chine rassemblant une poignée d’Ouïgours de Turquie.

Ankara qui préfère ignorer ses 15 millions de Kurdes et qui rebute à prononcer le mot “ Kurdistan ”, donne sans embarras, des leçons de respect des droits des minorités et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’ANCIEN PRÉSIDENT DU HADEP CONDAMNÉ À 10 MOIS DE PRISON POUR UN DE SES DISCOURS


Ahmet Turan Demir, ancien président du parti pro-kurde de la Démocratie du Peuple (HADEP) a, le 9 avril, été condamné à dix mois de prison pour “ atteinte à l'unité du pays ” par une Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara

La condamnation est liée à un discours d'Ahmet Turan Demir lors d'un congrès du parti en novembre 2000 qui, selon l'acte d'accusation, “ visait à porter atteinte à l'unité et l'indivisibilité de l'Etat ”. Les autorités turques s'en prennent régulièrement aux membres du HADEP, accusé de “ séparatisme et de lien organique avec le PKK ”. Le HADEP, qui plaide pour une solution pacifique de la question kurde et des droits culturels pour les Kurdes, rejette ces accusations. Mais il est menacé d'interdiction par la Cour constitutionnelle.

UN CHAUFFEUR KURDE CONDAMNÉ À 45 MOIS DE PRISON POUR AVOIR ÉCOUTÉ UNE CASSETTE DE MUSIQUE KURDE DANS SON MINIBUS


Un chauffeur kurde a, le 9 avril, été condamné à 45 mois de prison avec sursis pour avoir diffusé une cassette de musique en kurde dans son minibus de transport. La Cour de sûreté de l'Etat de Diyarbakir a reconnu Selahaddin Onen coupable “ d'aide à une organisation armée ” pour avoir passé cette cassette en 1999 dans son minibus de transport de passagers entre Diyarbakir et la ville proche de Cinar

La Cour a estimé que jouer des chansons en kurde revenait à soutenir le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). “ Mais la Cour a donné un sursis à exécution en tenant compte du fait que mon client n'avait pas de casier judiciaire ”, a ajouté Me Sedat Yurttas. “ Le sursis signifie qu'Önen ne doit pas commettre le même crime une nouvelle fois dans les cinq ans à venir, sinon il ira en prison purger sa peine. ”

Cette condamnation intervient au moment où la Turquie, candidate à une adhésion à l'Union européenne, s'interroge pour savoir si elle va autoriser une radio ou une télévision en kurde, droit culturel que lui réclame l'UE. Les autorités craignent que des émissions en kurde ne réveillent les aspirations indépendantistes des Kurdes, alors que les affrontements dans les provinces kurdes ont considérablement diminué depuis que le PKK a annoncé un arrêt des combats en 1999.

TURQUERIES : LES PRÉNOMS KURDES JUGÉS PAR UN JUGE PORTANT UN PRÉNOM KURDE


La première audience au tribunal de grande instance de la petite ville de Dicle dans la province de Diyarbakir saisi le 21 décembre 2001 par le commandement local de la gendarmerie demandant aux 21 enfants kurdes âgés de 1,5 à 15 ans de turquifier leurs prénoms, a donné lieu à un spectacle déconcertant. Le magistrat présidant l’audience et devant se prononcer sur la question, portait lui-même un prénom indiscutablement kurde : Sirvan Ertekin. Sirvan qui signifie “ laitier ” en kurde. Le quotidien turc Radikal dans son édition du 19 avril, avait titré la nouvelle “ Sirvan juge Berivan ” [ndlr : Le laitier juge la trayeuse]

Le procureur général Alpaslan Karabay, sur la base de l’article 16 de la loi 1587 de l’état-civil, avait demandé malgré une jurisprudence constante de la Cour de cassation turque (arrêt Berfin 1989/1520 et arrêt Rojda 1992/1351) l’annulation des prénoms suivants ; Berivan, Zilan Rojda, Baver, Velat, Serhat, Kendal, Zilan, Hebun, Baran, Rojhat, Agit, Zelal et Zozan. Me Firat Anli, le représentant de la défense, prenant en considération la jurisprudence de la Cour de cassation turque a tout simplement demandé au tribunal de déclarer irrecevable la demande. L’audience a été reportée jusqu’à ce que l’Académie de la langue turque, saisie par le tribunal, tranche sur la question de savoir si les prénoms sont “ conformes à la culture nationale, aux mœurs, us et traditions ” de la Turquie.

“ 64 IMPORTANTS PROJETS D’ARMEMENT AU PROGRAMME EN TURQUIE ” SELON LE MINISTRE DE LA DÉFENES


Le ministre turc de la défense, Sabahattin Çakmakoglu a déclaré le 14 avril que l’armée turque a pour ambition de prendre part dans 64 projets d’armement dans le cadre d’un processus de restructuration. “ La Turquie devrait être équipée avec des systèmes modernes existant dans le monde. Ceci comprend des missiles, des hélicoptères et des chars. Actuellement 64 projets majeurs d’armement sont conduits sous la coordination du ministère de la défense. ” a-t-il déclaré.

LE PREMIER MINISTRE DANOIS QUALIFIE LE PKK D’ORGANISATION TERRORISTE


Le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen a, le 9 avril, souhaité que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), soit placé sur la liste de l'UE des organisations terroristes, car il figure sur la liste des Etats-Unis. Lors d'un point de presse à l'issue du conseil des ministres, M. Rasmussen a aussi indiqué que le gouvernement ne comptait cependant pas fermer les bureaux au Danemark de la branche politique du PKK, le Front de libération nationale du Kurdistan (ERNK). “ Nous avons pour tradition au Danemark de nous attaquer aux actions criminelles des associations mais non à la liberté d'association ”, a-t-il souligné.

Le gouvernement libéral-conservateur danois veut que cette liste de l'Union européenne (UE) soit dans la plus large mesure possible conforme à celle des Etats-Unis afin que les “ organisations terroristes ” ne puissent pas échapper à l'étau économique que les Européens et les Américains tentent de mettre en place ensemble, a-t-il expliqué. L'opposition de centre-gauche a estimé que le gouvernement n'avait “ pas de mandat ” pour œuvrer à ce que “ la liste de l'UE soit identique à celle des Américains ”. La porte-parole du parti radical Elisabeth Arnold a en outre souligné, dans une déclaration au quotidien Politiken (centre-gauche), qu'il y avait “ des doutes sur le caractère terroriste de certaines associations placées sur la liste américaine où en revanche ne figurent pas des organisations irlandaises qui se trouvent sur la liste de l'UE ”.

Les Quinze avaient adopté en décembre dernier une liste de 12 groupes et 30 individus désignés dont les avoirs devaient être gelés en raison de leurs actions ou leur soutien au terrorisme.

QUATRE MILITANTS DU PKK CONDAMNÉS À MORT EN TURQUIE


Quatre membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont, le 18 avril, été condamnés à mort pour “ séparatisme ” par une Cour de sûreté de l'Etat turque (DGM). Le juge a condamné les quatre accusés, dont une femme, sur la base d'un article qui punit de la peine capitale “ ceux qui tentent de soustraire par la force à l'administration de l'Etat une portion ou le territoire entier sous souveraineté nationale ”.

Les quatre condamnés ont été accusés d'implication dans des actes violents, dont trois attaques à l'explosif à Istanbul, qui ont fait quatre morts, selon l'agence de presse turque. La peine de mort n'a pas été abolie en Turquie, mais il n'y a eu aucune exécution judiciaire dans le pays depuis 1984. En revanche, il y a eu plus de 4000 exécutions extrajudiciaires d’opposants kurdes depuis 1992.

UN GÉNÉRAL TURC PRÔNE LA PENDAISON POUR LES DÉPUTÉS PRODIGUES


Le général en retraite, Osman Ozbek, qui avait déclaré, il y a une semaine, au cours de la réunion de l’Association de la pensée kémaliste à Zonguldak que “ les députés qui utilisent 70 milliards de livres turcs pour leurs dépenses de santé devraient être pendus dans les jardins de l’assemblée nationale”, a été ouvertement critiqué par quelques députés dont Mehmet Elkatmis, responsable de la questure du Parlement turc.

“ La loi n°4375 promulguée en 1998 permet à tous les fonctionnaires publics de se faire soigner à l’étranger. Cette loi a été élaborée pour une personne. Si le général Ozbek, alors en fonction, au lieu d’insulter le Premier ministre, avait parlé de la personne pour laquelle cette loi a été élaborée, je l’aurais félicité. Cette loi a été écrite pour un de ses collègues, un général ” [ndlr : La loi en question a été élaborée pour l’amiral Guven Erkaya, ancien commandant de la marine turque] a déclaré, le 17 avril, M. Elkatmis en ajoutant que “ le Parlement travaille sous le contrôle du peuple. En Turquie, il y a malheureusement des organes qui ne sont contrôlés par personne. En fait, il faudrait plutôt contrôler ceux-là”.

L’état-major turc a riposté le lendemain en affirmant que la déclaration du député visant l’armée turque était examinée de près et que “ les personnes qui ont de tels points de vue ne pourront pas ébranler la confiance de notre nation à l’égard de l’armée turque, puisqu’elles n’auront jamais le pouvoir pour cela ”.

LE PRÉSIDENT TURC OPPOSE SON VETO À UNE SECONDE LOI AMNISTIANT L’AUTEUR DE LA TENTATIVE D’ASSASSINAT CONTRE LE PAPE ET EXCLUANT LES PRISONNIERS POLITIQUES


Le président turc Ahmet Necdet Sezer a opposé son veto, le 27 avril, à une loi d'amnistie qui aurait pu bénéficier à Mehmet Ali Agça, militant d’extrême droite qui avait essayé d'abattre le pape Jean-Paul II en 1981 à Rome.

Ali Agça, qui a passé près de 20 ans en prison en Italie pour cet acte, est actuellement détenu en Turquie, où il a été condamné à 17 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'un journaliste turc et un cambriolage en 1979. Il a effectué deux ans de cette peine et pourrait être libéré dans cinq ans en cas d'amnistie, selon son avocat Can Sevket Ozbay.

La loi d'amnistie a été approuvée par le Parlement le 25 avril, mais le président lui reproche notamment d'accorder des réductions de peine quel que soit le comportement du condamné pendant sa détention et d'avoir été adoptée à la majorité simple mais pas avec 60 % des voix comme ce devrait être le cas selon lui pour une amnistie exceptionnelle.

Avec ce texte, la plupart des condamnés, sauf les prisonniers d’opinion et politiques, pourraient bénéficier d'une libération anticipée de dix ans.

Le Parlement va donc devoir revoir sa copie. S'il repasse le texte sans changement, le président devra le signer mais pourra demander à la cour constitutionnelle de l'annuler.

LE CONTINGENT TURC AUX COMMANDES EN AFGHANISTAN


Le contingent turc devra diriger la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF) pour une durée de six mois. Washington “ soutiendra avec force le rôle de direction de la Turquie dans l'Isaf et travaillera étroitement avec le gouvernement turc, l'autorité intérimaire afghane et d'autres pour assurer le succès de la troupe sous commandement turc ”, a déclaré le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher.

La Turquie a déjà envoyé 267 militaires en Afghanistan et avait annoncé qu'elle pourrait en envoyer davantage pour contribuer à l'Isaf, qui compte quelques 4.500 hommes. Seul pays musulman membre de l'OTAN, elle prendra la succession de la Grande-Bretagne à la tête de cette force. La Turquie s'est dit prête à assumer le commandement à condition d'obtenir des clarifications sur sa composition et son mandat, ainsi qu'un soutien financier des Alliés. Le ministre Yilmaz Karakoyunlu, porte-parole du gouvernement turc, a déclaré après une réunion du gouvernement qu'une aide de 228 millions de dollars (260 millions d'euros), que l'administration Bush compte soumettre à l'approbation du Congrès, devrait suffire à aider la Turquie à faire face au coût de la mission. Ankara a également demandé aux Etats-Unis de lui fournir des avions cargo et à la Grande-Bretagne de laisser, après son départ, certaines des installations qu'elle a mises en place dans la région de Kaboul pour les membres de la force. Le Premier ministre afghan par intérim Hamid Karzai s’est rendu le 4 avril à Ankara pour discuter du passage de relais et des efforts turcs pour la reconstruction de l'Afghanistan. Des discussions entre responsables civils et militaires turcs, américains et britanniques pour la direction par la Turquie de l'Isaf avaient eu lieu en mars dans la capitale turque.