LA TRANSE, EN ÉTAT D'ESPACE ENSOLEILLÉ
L'univers de Bachar est
enflammé successivement par des frappes fétiches
de son soleil, des rayons irisés tombent sur la lumière,
où le blanc se filtre dans le blanc, les couleurs s'annihilent
en se déliant d'une manière à la fois gestuelle
et algébrique (sinon alchimique), en appliquant le croisement
implicite du damier en surfaces nuancées, et, sa composition
musicale prend la forme des plages, en stations transcendantes,
tel que le célèbre "orgue en couleurs"
de W. Kandinsky.
C'est à partir de cet incendie plastique que la mémoire
de Bachar commence à déformer la typologie de la
carte de son pays natal : symbolisé par un village utopique
à la fois absent et présent, gommé et stylisé.
Sa peinture - et depuis le début de sa résidence à Paris - n'a jamais été séduite par la description de cette carte mémoriale, lorsqu'il dessine le portrait de sa mère, il le présente comme une célébration folklorique et universelle, en fait, l'image de sa racine s'est éloignée au fond d'un Euphrate turbulent, s'est enfoncée à travers l'étendue de champs, de plaines, et de steppes jusqu'aux rives du désert.
On trouve dans tous ces souvenirs un espace virtuel où des traces spectrales se promènent en balance bidimensionnelle, ascendante et descendante, en refusant le mouvement réel qui se fait en avant et en arrière. Bachar marque par toutes ces typologies transcendantes, la transition d'un expressionnisme abstrait à une abstraction expressionniste, il franchit - d'autre part - l'aliénation nostalgique, vers l'état euphorique qui s'appuie sur la musicalité mystique des couleurs, sans délaisser la mélancolie relative à son caractère oriental.
Lorsque la texture devient mur de terre ou de sable, elle embrasse l'écoulement du temps par ses craquelures, et ses fissures. C'est à travers ce mur matiériste que les paysages qui habitent le tréfonds de son inconscient, se métamorphosent en perspective onirique où la trace de l'horizon sera poussée vers le haut, cédant l'avantage à l'espace vital, dans lequel, les lieux intimes réincarnés se multiplient en se repérant d'une manière quasiment géométrique, empirique, et même ludique.
La matière garde toujours son entité biologique
et fluide (et même quelquefois informelle), car sa peinture
reflète la liberté irréductible pour un créateur
adepte du voyage.
Asaad ARABI
Artiste Peintre Chercheur
en esthétique