Troisième journée de heurts à Diyarbakir, en Turquie

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Reuters - jeudi 30 mars 2006

Les affrontements se sont poursuivis jeudi pour la troisième journée consécutive entre la police turque et des manifestants kurdes à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, où les heurts ont fait trois morts et plus de 250 blessés depuis mardi.

De nouvelles violences ont éclaté alors que des milliers de personnes assistaient aux obsèques des trois victimes des affrontements des deux jours précédents, deux jeunes hommes et un enfant de huit ans.

Certains membres du cortège funèbre s'en sont pris à un commissariat de police. Les forces de l'ordre ont riposté en tirant des grenades lacrymogènes et en faisant usage de leurs matraques.

La chaîne de télévision CNN Turk a par ailleurs fait état de heurts entre des policiers et quelque 3.000 manifestants dans la ville voisine de Batman, qui ont fait dix blessés.

Les premiers affrontements ont éclaté mardi à la suite des obsèques de 14 membres du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit) tués par les forces de sécurité lors d'une opération militaire le week-end dernier.

ERDOGAN SE VEUT RASSURANT

Deux cents personnes ont été interpellées au cours des violences, les pires depuis trente ans à Diyarbakir, ville essentiellement kurde qui compte près d'un million d'habitants, a annoncé le gouverneur de la ville, Efkan Ala.

Les nationalistes turcs mettent en cause la politique du Premier ministre Tayyip Erdogan, qui s'était rendu à Diyarbakir l'été dernier où il avait affirmé que la Turquie avait commis des erreurs dans sa gestion du "problème kurde".

Jeudi, le Premier ministre a assuré que le gouvernement et les forces de l'ordre contrôlaient la situation. "Notre peuple doit se sentir en sécurité. Les forces de sécurité feront le nécessaire", a-t-il dit.
Signe d'un accroissement des tensions sur ce dossier, le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'une enquête avait été ouverte sur des propos favorables aux protestataires qu'aurait tenus le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir.

Ankara soupçonne Baydemir - dont le Parti pour une société démocratique se bat pour les droits politiques et culturels des Kurdes, au nombre de 12 millions environ en Turquie - d'être lié au PKK.

"Se servir de femmes et d'enfants dans un combat terroriste traduit un manque de respect envers l'être humain (...) Il est hors de question que le gouvernement tolère des actions hors-la-loi. Personne ne doit s'attendre à ce que nous transigions là-dessus", a déclaré Erdogan.