Les deux co-accusés de Saddam Hussein exécutés


15 janvier 2007
par Nicolas  Falez

Le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignements et Awad al-Bandar, ancien président du tribunal révolutionnaire irakien, ont été pendus ce lundi matin à Bagdad. Ils avaient été condamnés à la peine capitale le 5 novembre 2006, en même temps que l’ancien chef de l’état, pour le massacre de 148 villageois chiites dans les années 1980.

Il s'est écoulé un peu plus de deux semaines entre la pendaison de Saddam Hussein, le 30 décembre dernier, et l'exécution de ses co-accusés également condamnés à la peine capitale. Deux semaines marquées par la polémique sur les conditions dans lesquelles l'ex-dictateur irakien a été pendu. La vidéo-pirate de ses derniers instant, filmés avec un téléphone portable, a fait le tour du monde et les slogans pro-chiites, scandés par certains irakiens présents dans la salle, ont donné l'image d'un lynchage communautaire. Rien à voir avec l'image de justice et de réconciliation nationale que les dirigeants de Bagdad voulaient adresser avec le procès de Saddam Hussein et de ses proches.

Barzan al-Tikriti (à droite), demi-frère de Saddam Hussein et ancien chef des services de renseignement irakien, et Awad Ahmed al-Bandar (à gauche), l'ex-président du tribunal révolutionnaire irakien.  (Photo : AFP)
Barzan al-Tikriti (à droite), demi-frère de Saddam Hussein et ancien chef des services de renseignement irakien, et Awad Ahmed al-Bandar (à gauche), l'ex-président du tribunal révolutionnaire irakien.
(Photo : AFP)

Ce qui avait choqué également à l'époque, c'est que l’exécution avait eu lieu à l'aube de la fête musulmane de l'Aïd qui en principe doit coïncider avec une période de trêve. Dans ce contexte, de nombreuses voix s'étaient élevées pour demander la suspension de l'exécution de Barzan al-Tikrit et d'Awan al-Bandar. Le président irakien Jalal Talabani lui-même avait souhaité cette suspension. Le nouveau secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et des organisations de défense des Droits de l'Homme s'étaient aussi exprimées en ce sens… sans résultat. Pour l'heure on ne sait rien des conditions dans lesquelles les deux hommes ont été exécutés... On peut imaginer que les autorités ont fait le nécessaire pour contrôler les images de la mise à mort de ces deux proches de Saddam Hussein.

Deux hommes forts du régime Hussein

Outre l’ancien président irakien, Barzan al-Tikriti et Awad al-Bandar ont été les seuls condamnés à mort dans le procès de Doujaïl qui a duré du 19 octobre 2005 au 27 juillet 2006. Trois autres accusés ont été condamnés à 15 ans de prison et un quatrième a été acquitté.

Awan al-Bandar, 60 ans, était l'ancien président du Tribunal révolutionnaire irakien. C'est cette instance qui avait condamné à mort les 148 villageois chiites de Doujaïl, où en 1982 le convoi de Saddam Hussein avait été attaqué. Lors du procès de ce massacre, l'accusation a notamment fait valoir que 35 villageois mineurs ont été condamnés à mort et exécutés. Les défenseurs d'al-Bandar ont plaidé le fait qu'il avait obéi aux ordres.

Barzan al-Tikriti, 56 ans, était l'un des quatre demi-frères de Saddam Hussein. A l'époque du massacre de Doujaïl, il était chef des services secrets irakiens. C'était un proche de l'ex-dictateur. Il était à ses côtés lors de la prise de pouvoir du parti Baas en 1968. A ses côtés également quand Saddam s'est retrouvé à la tête du pays en 1979. Barzan al-Tikriti, homme de la répression contre les communistes et les Kurdes notamment. Lors de son procès, et tout comme Saddam Hussein, il a nié toute légitimité au tribunal devant lequel il comparaissait.