L'Irak a trente jours pour en finir avec Saddam Hussein

Mercredi 27 décembre 2006
 
Par GARÇON José
Confirmée par la cour d'appel, sa pendaison peut intervenir dès aujourd'hui.
 
 
La confirmation, hier, de la condamnation à mort par pendaison de Saddam Hussein par la justice irakienne implique-t-elle une exécution rapide ? Oui, répond Arif Shaheen, un juge de la cour d'appel du Haut Tribunal pénal irakien, qui avait rendu son jugement le 5 novembre.

«Saddam Hussein sera exécuté dans les trente jours. La sentence pourra être exécutée à n'importe quel moment à partir de mercredi [aujourd'hui, ndlr] », déclarait ce magistrat au cours d'une conférence de presse. L'ancien dictateur irakien a été condamné à mort pour le massacre de villageois chiites à Doujaïl dans les années 80. «La décision a été prise à l'unanimité» des neuf juges de la cour, précisait Arif Shaheen en concluant : «Notre rôle est maintenant terminé.» 

Le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignements irakiens, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad al-Bandar ­ dont le tribunal a aussi confirmé les peines de mort ­, devraient être exécutés dans le même délai.

L'assurance du juge Shaheen se fonde à la fois sur les statuts du tribunal et sur la loi irakienne selon laquelle aucune autorité, pas même le chef de l'Etat, ne peut user du droit de grâce, ni commuer les peines prononcées. La tenue d'un autre procès n'a en outre aucun caractère suspensif. Le jugement actuel de Saddam Hussein et de six anciens dirigeants, accusés d'avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires Anfal, qui ont coûté la vie à 180 000 Kurdes, en 1987-1988 au Kurdistan, ne devrait donc rien changer. L'appel de l'ancien vice-président Yassine Ramadan, dur parmi les durs de l'ancien régime, condamné à la prison à vie, a été rejeté. La cour a même demandé l'aggravation de sa peine.

La réaction de la défense de l'ex-dictateur ne s'est pas fait attendre. Depuis Amman, en Jordanie, son avocat Me Doulaïmi a dénoncé une décision «prévisible» et un «procès politique».  «Ce jugement figure dans les agendas américain et iranien visant à diviser l'Irak et à l'engager dans une guerre civile», a-t-il ajouté.

Dès hier, Washington voyait dans la confirmation de la condamnation de Saddam un événement qui «ferait date» et estimait son procès «juste» . Londres a réagi plus prudemment, affirmant que l'exécution de l'ex-dictateur «relève des autorités irakiennes». Alors que le Premier ministre Nouri al-Maliki avait déclaré que son pays ne renoncerait pas à son «droit» de l'exécuter, le président irakien Jalal Talabani, ainsi que de nombreux Kurdes, estimaient qu'il ne devrait pas l'être avant la fin du procès Anfal.

A Bagdad, les Irakiens continuaient, hier, à payer le plus lourd tribut à la guerre : alors que quatre soldats américains étaient tués, plusieurs attentats y ont fait au moins 49 morts. Pendant que 41 corps étaient découverts dans les rues de la capitale.