L'écrivain kurde Mehmed Uzun a quitté la Turquie pour raisons de sécurité

Image AFP 25.08.05 | 18h19

Image'écrivain kurde de Turquie Mehmed Uzun, qui avait élu domicile à Istanbul en juin après 28 ans d'exil en Suède, a affirmé jeudi à l'AFP avoir dû quitter à nouveau la Turquie en raison de menaces pesant sur sa sécurité.L'hebdomadaire turc Aksiyon a publié fin juillet un article se basant sur les confessions d'un "tueur" repenti du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et affirmant que M. Uzun figurait en tête d'une liste de 250 intellectuels à abattre établie par les rebelles kurdes.

Le PKK a démenti dans un communiqué diffusé quelques jours plus tard par l'agence de presse pro-kurde MHA avoir jamais dressé une telle liste, qualifiant Aksiyon d'"organe de presse proche des services secrets turcs", servant de relais à "une guerre psychologique" orchestrée par ceux-ci.

Il a également nié toute intention de nuire à M. Uzun, le qualifiant "d'écrivain de valeur ayant rendu de grands services à la langue et à la littérature kurde".

Ce dernier n'en a pas moins décidé de quitter la Turquie début août, pour se rendre avec sa famille à Stockholm.

"Dans un pays comme la Turquie, où se produisent continuellement des meurtres politiques, on ne place jamais dans la ligne de mire sans une raison sérieuse le nom d'un auteur connu", a expliqué M. Uzun dans un courrier transmis jeudi à l'AFP.

Critiquant vivement le magazine Aksiyon, l'écrivain a évoqué "une revue islamiste, nationaliste et entretenant des liens avec les forces de sécurité", dont l'objectif était de "préparer un complot", d'"indiquer une cible".

Mehmed Uzun, qui a obtenu l'asile politique en Suède en 1977, a publié une quinzaine de romans et d'essais en langue kurde, qui font de lui l'un des fondateurs de la littérature kurde moderne.

Si l'auteur a régulièrement critiqué l'attitude d'Ankara vis à vis de la minorité kurde de Turquie -il affirme notamment refuser de se définir comme Turc en réaction à la politique d'assimilation des Kurdes-, il a aussi condamné les violences perpétrées par le PKK.

Les affrontements entre le PKK et les forces de sécurité dans le sud-est anatolien à majorité kurde ont fait quelques 37.000 morts depuis 1984, date du début de l'insurrection des rebelles kurdes.