Page Précédente

Un responsable kurde promet de venger les Yazidis un an après l'attaque de Sinjar


Lundi 3 août 2015 à 19h02

Dohouk (Irak), 3 août 2015 (AFP) — Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a promis lundi de venger la minorité yazidie, chassée dans le sang de ses terres il y a exactement un an par le groupe Etat islamique (EI).

"Nous chasserons jusqu'au dernier ceux qui ont commis ce crime", a déclaré M. Barzani depuis Dohuk, lors d'une cérémonie commémorant le premier anniversaire de l'assaut des jihadistes contre les Yazidis dans les monts Sinjar, dans le nord-est de l'Irak.

Les Yazidis, une minorité kurdophone adepte d'une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme, ne sont ni arabes ni musulmans, et l'EI les considère comme des hérétiques polythéistes.

Le 3 août 2014, quelque 2 mois après le début de leur offensive en Irak, les jihadistes ont avancé vers le Kurdistan et notamment vers les environs de Sinjar.

Des dizaines de milliers de Yazidis ont alors tenté de se réfugier au sommet de la montagne où ils sont restés des journées entières sans eau ni nourriture par des températures dépassant les 40°.

Nombre d'hommes furent massacrés et les femmes enlevées, certaines réduites en esclavage par les jihadistes.

Selon le gouvernement kurde irakien, plus de 5.800 Yazidis ont été enlevés et seuls 2.000 ont depuis réussi à fuir.

Quelque 1.280 Yazidis ont été tués dans l'offensive de l'EI, 280 sont morts de faim, de soif, d'épuisement et de maladie, et 841 sont encore portés disparus.

L'attaque de l'EI contre les Yazidis a été décrite par l'ONU comme "une tentative de génocide" et fut l'un des principaux arguments avancés par les Etats-Unis pour envoyer des avions bombarder les positions du groupe jihadiste Etat islamique en Irak.

Depuis, les forces kurdes, soutenues par la coalition internationale antijihadistes et par les Kurdes de Syrie, ont repris une partie des terres.

"La moitié du Sinjar et ses alentours n'ont pas encore été libérés", a indiqué à Dohuk M. Barzani, précisant que les forces kurdes ne pouvaient pas s'arrêter avant la reconquête de "toutes les terres" et "le retour des déplacés".

L'EI a perdu "des milliers d'hommes sur le champ de bataille mais ce n'est pas encore assez face aux crimes qu'ils ont commis", a lancé M. Barzani.

Les groupes combattant les jihadistes de l'EI sont les peshmerga dominés par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de M. Barzani, et les kurdes syriens du PYD, considéré comme un allié du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie. Des rivalités opposent PDK et PYD.

"Nous avons sacrifié plus de 1.000 martyrs pour rattacher le Sinjar au Kurdistan", a ajouté M. Barzani, insistant sur le rôle des pershmerga dans l'aide aux Yazidis.

Il a appelé le gouvernement régional kurde à instaurer une autorité spécifique pour cette cette zone, et Bagdad à "faire de Sinjar le centre de cette province", poursuit-il.

Les monts Sinjar, situés à la frontière syrienne, sont actuellement en dehors des frontières du Kurdistan autonome irakien, qui compte trois provinces.

Selon les autorités kurdes irakiennes, il y a 550.000 Yazidis en Irak, dont 400.000 ont rejoint le flot des réfugiés chassés de chez eux par les violences depuis juin 2014.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.