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Turquie: une dirigeante pro-kurde jugée pour activités "terroristes"


Mardi 4 juillet 2017 à 19h55

Ankara, 4 juil 2017 (AFP) — Le procès d'une dirigeante du principal parti pro-kurde de Turquie, accusée notamment de "diriger un groupe terroriste" et de "propagande" en faveur des séparatistes kurdes, s'est ouvert à Ankara mardi, huit mois après son arrestation.

Les deux co-présidents du Parti démocratique des peuples (HDP) Selahattin Demirtas et Mme Figen Yüksekdag, sont emprisonnés depuis novembre dernier sous l'accusation de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Mme Yüksekdag a été privée en février de son mandat de députée à la suite d'une précédente inculpation pour "propagande terroriste" et le HDP a élu en mai une nouvelle co-présidente à sa tête pour la remplacer.

Dans le cadre du procès qui s'est ouvert mardi, Mme Yüksekdag est notamment accusée d'avoir "dirigé un groupe terroriste armé", de "propagande" en faveur des séparatistes kurdes et d'avoir "incité à la commission d'un crime". Elle est passible de 83 ans de prison si elle est reconnue coupable.

Ces accusations sont en lien avec des manifestations qui avaient eu lieu en Turquie en octobre 2014 après la prise par les jihadistes du groupe Etat islamique de la ville syrienne à majorité kurde de Kobane.

Les autorités turques ont accusé le HDP d'avoir été à l'origine de ces manifestations au cours desquelles des dizaines de personnes ont été tuées. Le HDP impute ces violences aux forces de sécurité turques.

Lors de sa déposition, Mme Yüksekdag a affirmé que son procès était "politique" et que la justice turque était aux ordres du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan et que celui-ci considérait comme "terroriste" quiconque s'opposait à lui.

"Nous avons affaire à un seul homme, un seul parti, une seule pensée et une seule idéologie. Celui qui s'y oppose est un terroriste", a-t-elle dit.

Des dizaines de ses sympathisants étaient présents au tribunal. "Nous allons gagner à force de résister" et "Les femmes sont fières de Figen", ont-ils scandé.

Les autorités turques accusent le HDP d'être la vitrine politique du PKK, une organisation classée "terroriste" par Ankara, Washington et Bruxelles.

Le deuxième parti d'opposition de Turquie a ainsi été durement frappé par les purges qui ont suivi le putsch manqué en juillet, avec une dizaine de ses députés actuellement en détention, dont M. Demirtas et Mme Yüksekdag.

Ces arrestations ont suscité l'inquiétude des pays européens et d'ONG qui accusent le président Recep Tayyip Erdogan de vouloir étouffer toute voix d'opposition.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.