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Turquie: un tribunal ordonne la libération d'une députée kurde en grève de la faim


Vendredi 25 janvier 2019 à 08h38

Diyarbakir (Turquie), 25 jan 2019 (AFP) — Un tribunal turc a ordonné vendredi la remise en liberté sous contrôle judiciaire d'une députée kurde en grève de la faim depuis 79 jours, selon un correspondant de l'AFP sur place.

La décision de libérer la députée Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a été prise par un tribunal de Diyarbakir, principale ville à majorité kurde dans le sud-est de la Turquie.

Mme Güven, 55 ans, n'était pas présente à l'audience à laquelle ont assisté des représentants de plusieurs partis européens de gauche venus exprimer leur solidarité avec l'élue kurde.

En France, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon avait adressé samedi une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour lui demander "d'intervenir" en faveur de la députée.

Mme Güven avait entamé une grève de la faim en prison le 8 novembre pour protester contre les conditions de détention d'Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui purge une peine de prison à vie dans une île proche d'Istanbul après avoir été capturé par la Turquie en 1999.

La formation de Mme Güven, le Parti démocratique des peuples (HDP), avait affirmé le 10 janvier que sa santé s'était dégradée à un point "mettant sa vie en danger".

Selon le HDP, Mme Güven a perdu "quelque 15 kilos" depuis le début de sa grève de la faim et "ne peut plus subvenir à ses besoins ou marcher seule".

Son rythme cardiaque et sa pression artérielle sont très bas et "elle ne peut plus consommer de liquides, y compris l'eau", avait ajouté le HDP dans un communiqué.

Selon le HDP, des dizaines de "prisonniers politiques" ont observé des grèves de la faim dans les prisons turques pour protester contre "le maintien à l'isolement" de M. Öcalan dans sa prison sur l'île d'Imrali.

Mme Güven a été arrêtée en janvier 2018 après avoir critiqué l'offensive turque qui était alors en cours dans l'enclave à majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie.

Le HDP avait fait porter au gouvernement turc la responsabilité "pour toutes les conséquences négatives découlant de la protestation de Leyla Güven et les autres militants qui poursuivent leur grève de la faim en prison".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être la vitrine politique du PKK, classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas est détenu depuis novembre 2016. Il est accusé de diriger une "organisation terroriste", de "propagande terroriste" et d'"incitation à commettre des crimes".

Le HDP a été frappé de plein fouet par les purges qui ont suivi la tentative de putsch de juillet 2016 et, outre M. Demirtas, plusieurs de ses députés ont été arrêtés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.