Page Précédente

Turquie: tensions après le suicide d'un détenu kurde gréviste de la faim


Lundi 18 mars 2019 à 14h45

Diyarbakir (Turquie), 18 mars 2019 (AFP) — Des affrontements ont éclaté lundi entre la police et des manifestants dans le sud-est de la Turquie, majoritairement kurde, au lendemain du suicide d'un détenu en grève de la faim, selon un correspondant de l'AFP.

Des policiers anti-émeutes ont fait usage de canons à eau pour repousser des membres du principal parti pro-kurde de Turquie, le HDP, qui s'étaient rassemblés pour se recueillir devant la tombe du détenu à Diyarbakir, grande ville du sud-est de la Turquie.

Selon ses avocats et le HDP, le détenu, Zülküf Gezen, s'est suicidé dimanche par pendaison en prison.

Il était en grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre les conditions de détention d'Abdullah Ocalan, chef historique de la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Un détenu a perdu la vie hier. Si le ministère de la Justice avait rempli son rôle, notre camarade qui a perdu la vie serait toujours parmi nous", a accusé le co-président du HDP Sezai Temelli à des journalistes à Diyarbakir.

M. Gezen était depuis 12 ans en prison où il purgeait sa peine après avoir été condamné pour appartenance au PKK, une organisation qualifiée de "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Dans un communiqué publié lundi, le procureur de la République a indiqué que Zülküf Gezen s'était pendu dans les douches de la prison avec une corde à linge, mais affirmé qu'il s'agissait d'un "suicide" et non d'un acte de protestation contre les conditions de détention de M. Ocalan.

Le chef historique du PKK, dont il est l'un des fondateurs, est emprisonné sur une île-prison près d'Istanbul depuis son arrestation en 1999.

Selon le HDP, plus de 170 personnes sont actuellement en grève de la faim pour réclamer l'assouplissement de ses conditions de détention et, notamment, la possibilité de recevoir ses avocats et proches.

Ce mouvement a été lancé par une députée du HDP, Leyla Güven, en grève de la faim partielle depuis novembre.

Le sud-est de la Turquie est régulièrement ensanglanté par des affrontements entre l'armée turque et le PKK. Le conflit kurde a éclaté en 1984 et a fait plus de 40.000 morts, dont de nombreux civils.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.