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Turquie/RSF: Can Dundar, rédacteur en chef d'un jour d'un journal pro-kurde, défie le gouvernement


Mardi 21 juin 2016 à 18h47

Istanbul, 21 juin 2016 (AFP) — Le journaliste d'opposition turc Can Dundar, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan, est devenu le rédacteur en chef d'un jour d'un journal pro-kurde, dans un geste de défi au gouvernement après l'emprisonnement à Istanbul de trois militants.

Can Dundar, lui-même condamné récemment à une peine de prison, soutient ainsi le représentant de Reporters sans Frontières (RSF) ainsi que de deux intellectuels de renom accusés de soutenir la cause kurde, qui ont été écroués lundi après avoir été inculpés pour "propagande terroriste".

La justice reproche à Erol Önderoglu, qui représente RSF depuis 1996 en Turquie, ainsi qu'à Ahmet Nesin et Mme Sebnem Korur Fincanci, d'avoir participé à une campagne de solidarité avec le quotidien pro-kurde.

Ces trois militants avaient pris en mai symboliquement à tour de rôle la direction éditoriale du journal Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques qui l'ont obligé plusieurs fois à fermer.

C'est ce qu'a fait mardi à son tour Can Dundar, rédacteur en chef du journal d'opposition Cumhuriyet, qui a été le responsable éditorial d'une journée du quotidien pro-kurde.

Can Dundar a été condamné en mai à cinq ans et dix mois de prison pour "divulgation de secrets d'Etat" pour avoir révélé que le régime turc livrait des armes aux groupes jihadistes en Syrie. Le journaliste reste en liberté jusqu'à ce que la cour d'appel tranche sur son cas.

"Je félicite (les trois détenus) pour cette lutte et continuerai de les soutenir", a-t-il dit lors de la conférence de rédaction, cité par l'Özgür Gündem.

"Les arrestations d'hier envoient un message (...) qui est que si vous êtes proches de la vérité vous allez être arrêtés", a-t-il ajouté. "En arrêtant Erol, ils voulaient envoyer un message non seulement à la Turquie mais au monde", a-t-il poursuivi.

Ces arrestations ont entraîné une avalanche de protestations. La Commission européenne a estimé qu'elles "allaient à l'encontre de l'engagement de la Turquie de respecter les droits fondamentaux, y compris la liberté de la presse".

"L'UE a souligné à de nombreuses reprises que la Turquie, en tant que pays candidat (à l'adhésion) doit aspirer aux normes et pratiques démocratiques les plus élevées", ont déclaré dans un communiqué commun la diplomate en chef de l'Union, Federica Mogherini, et le commissaire à l'Elargissement Johannes Hahn.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.