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Turquie: perquisition au siège d'un journal qui a moqué Erdogan en une


Lundi 14 septembre 2015 à 12h47

Istanbul, 14 sept 2015 (AFP) — La police turque a perquisitionné lundi à Istanbul le siège d'un journal et saisi son dernier numéro qui affichait en première page un photomontage du président Recep Tayyip Erdogan prenant un "selfie" devant le cercueil d'un soldat tué par les rebelles kurdes.

Selon son rédacteur en chef Cevheri Güven, les forces de l'ordre se sont présentées une première fois dans la nuit devant les locaux du magazine Nokta ("Le point" en turc). "La police est à notre porte. Il est 1h30. Je pense que les numéros de Nokta vont être saisis", a écrit M. Güven sur son compte Twitter.

Ayant trouvé le bâtiment vide, elles y sont revenues à 8h30 et saisi des documents.

Le quotidien Hürriyet a publié une copie d'une décision du parquet d'Istanbul ordonnant la perquisition du siège de Nokta, la saisie de son dernier numéro et le blocage de son compte Twitter pour "insulte au président" et "propagande terroriste".

La première page du magazine est constitué d'un photomontage sur lequel M. Erdogan se prend en photo, tout sourire, avec son téléphone portable devant le cercueil d'un soldat recouvert du drapeau turc.

Elle illustre les critiques de nombreux détracteurs du chef de l'Etat, qui l'accusent d'exploiter les affrontements entre l'armée et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour remporter les élections législatives anticipées du 1er novembre. M. Erdogan a vivement rejeté ces allégations.

Selon Nokta, sa une s'inspire d'un photomontage similaire publié en 2013 dans le Guardian qui montre l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair prenant un "selfie" devant le panache de fumée noire d'une explosion pendant la guerre en Irak.

Le gouvernement islamo-conservateur turc est régulièrement épinglé par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui lui reproche ses pressions sur les médias.

De nombreux journalistes sont poursuivis devant la justice pour "insulte" au président et, depuis le début du mois, deux journalistes britanniques et une de leurs collègues néerlandaise qui couvraient les combats entre l'armée et la rébellion kurde ont été expulsés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.