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Turquie: nouveau palier de violence avec un attentat suicide du PKK contre une gendarmerie


Dimanche 2 août 2015 à 17h41

Istanbul, 2 août 2015 (AFP) — La rébellion kurde a franchi un nouveau palier dimanche en menant un attentat suicide contre une gendarmerie turque, qui a fait au moins deux morts et des dizaines de blessés, dans un cycle de violences marqué par la poursuite simultanée de raids aériens massifs contre le PKK en Irak.

Une polémique commençait par ailleurs à enfler sur d'éventuelles victimes civiles dans ces bombardements, des sources kurdes faisant état de 10 morts durant le weekend, dont des enfants, tandis que l'armée turque niait avoir visé des zones habitées.

Tôt dimanche matin, un tracteur bourré de deux tonnes d'explosifs a été précipité contre les locaux d'une gendarmerie des environs de Dogubayazit, une ville de l'est de la Turquie proche de la frontière iranienne.

Deux soldats ont été tués et 31 blessés dont quatre grièvement, selon l'armée. Les médias turcs ont assuré que les rebelles avaient tendu "une embuscade" pour gêner l'arrivée des secours.

C'est la première attaque de ce type signalée depuis que la trêve entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le pouvoir turc a volé en éclats il y a une dizaine de jours.

Le PKK a revendiqué l'attentat, ajoutant dans un communiqué que "des dizaines de soldats ont été tués".

Selon des images montrées par les télévisions, le toit et une des façades de la gendarmerie, un vaste bâtiment blanc de plusieurs étages, ont été soufflés par l'explosion.

Dans une autre attaque attribuée dimanche au PKK, un soldat a été tué et sept ont été blessés par l'explosion d'une mine au passage d'un convoi militaire dans la province de Mardin (sud-est).

Depuis le déclenchement le 22 juillet d'attaques quotidiennes par le PKK, au moins 17 membres des forces de l'ordre turques ont été tués.

L'aviation turque mène de son côté chaque jour des raids massifs contre les positions de la guérilla dans les montagnes du nord de l'Irak, où le PKK est réfugié depuis des années. Au moins 260 combattants kurdes ont été tués dans ces raids et près de 400 blessés, a assuré Ankara.

- 'Sans discontinuer' -

Mais le sort des civils irakiens pouvant être pris sous les bombardements des F-16 turcs commence à inquiéter.

Selon un communiqué diffusé dimanche à Ankara par le Parti démocratique du peuple (HDP), dix civils ont été tués, "y compris des enfants et une femme enceinte", et 15 blessés dans des bombardements la veille aux environs du village de Zarkel.

L'armée a assuré pour sa part que, "après vérification", aucun village ne se trouvait près de ces frappes qui ciblaient "uniquement des abris utilisés par les terroristes".

La région visée, les monts Qandil dans le nord de l'Irak où s'est réfugiée la guérilla, est difficile d'accès et les informations peuvent rarement y être recoupées de source indépendante.

Le président de la région autonome du Kurdistan irakien Massoud Barzani, qui entretient d'assez bonnes relations avec le pouvoir turc, a en tout cas demandé samedi au PKK de partir "pour que les civils ne deviennent pas des victimes de cette guerre".

Quant au Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, il a répété ce week-end que "le combat contre les organisations terroristes se poursuivra sans discontinuer".

Le président Recep Tayyip Erdogan a lancé une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et le groupe Etat islamique (EI), accusé de l'attentat suicide du 20 juillet à Suruç (sud) dans lequel 32 jeunes militants kurdes de Turquie ont trouvé la mort.

Cette attaque a mis le feu aux poudres, entraînant des représailles immédiates du PKK contre le pouvoir central accusé de ne pas protéger la population kurde.

Une trêve datant de 2013 a ainsi été rompue, dans un conflit qui a déjà fait plus de 40.000 morts en 30 ans.

Les frappes turques se sont jusque-là largement concentrées sur des cibles du PKK, visées par dizaines, alors que seules trois d'entre elles ont été signalées contre des combattants de l'EI en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.