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Turquie: mandat d'arrêt contre le chef kurde syrien Saleh Muslim


Mardi 22 novembre 2016 à 18h38

Istanbul, 22 nov 2016 (AFP) — La Turquie a émis mardi un mandat d'arrêt contre le leader kurde syrien Saleh Muslim, dont les forces combattent le groupe Etat islamique (EI) en Syrie avec l'appui des Etats-Unis, a rapporté l'agence progouvernementale Anadolu.

La justice turque a demandé l'arrestation de 48 personnes au total, en lien avec un attentat commis à Ankara en février dernier, dont les leaders du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes turcs), une organisation classée "terroriste" par la Turquie.

Saleh Muslim, coprésident du Parti de l'Union démocratique (PYD, kurdes Syriens), et trois hauts dirigeants du PKK, Cemil Bayik, Murat Karayilan et Fehman Hüseyin, sont notamment visés par ces mandats d'arrêt.

Les YPG, la branche armée du PYD, groupe également classé "terroriste" par la Turquie, fait partie d'une coalition arabo-kurde combattant les jihadistes du groupe EI en Syrie avec l'appui des Etats-Unis, un sujet de frictions entre Ankara et Washington, deux piliers de l'Otan.

"Personne ne va prendre cette décision au sérieux. Je ne suis pas un citoyen turc pour faire l'objet d'un mandat d'arrêt", a réagi M. Muslim dans des déclarations au téléphone à l'AFP à Beyrouth.

"Les tribunaux en Turquie prennent leurs ordres de l'Etat et des membres du Parlement y sont même détenus", a-t-il ajouté en allusion à la récente arrestation d'une dizaine d'élus du principal parti prokurde du pays.

Affirmant qu'il avait à l'époque condamné l'attaque d'Ankara, il a jugé "inacceptable cette tentative de m'y mêler".

Les mandats d'arrêt ont été délivrés en lien avec un attentat à la voiture piégée contre un convoi de l'armée qui avait fait une trentaine de morts le 17 février à Ankara.

L'attaque a été revendiquée par un groupe dissident du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).

Cependant, le gouvernement turc a affirmé que l'attentat avait été planifié conjointement par le PKK et les YPG. Saleh Muslim et un des responsables du PKK, Cemil Bayik, ont nié ces accusations.

A l'issue d'une enquête éclair, la justice turque avait identifié un Kurde de Syrie, Salih Necar, soupçonné de liens avec les YPG comme l'auteur de l'attaque.

- 'Nous irons à Minbej' -

M. Muslim se déplace fréquemment et s'est notamment rendu à Bruxelles à plusieurs reprises. Son dernier déplacement en Turquie remonte à l'été 2015, selon les médias turcs.

Les dirigeants turcs ont multiplié ces derniers jours les critiques envers des pays européens, l'Allemagne en tête, accusés de "soutenir" le PKK.

Au début du conflit syrien, M. Muslim était un visiteur régulier en Turquie, où il était considéré comme un partenaire potentiel, à l'instar des Kurdes d'Irak.

Mais le gouvernement turc le considère désormais comme "chef terroriste" et l'accuse de soutenir le président syrien Bachar al-Assad.

La Turquie, qui redoute la constitution d'une zone autonome kurde à sa frontière dans le nord de la Syrie, a multiplié les bombardements contre des cibles des YPG.

Fin août, l'armée turque a lancé une opération sans précédent en Syrie avec pour double objectif de repousser l'EI et les milices kurdes vers le sud.

Le président Erdogan a déclaré mardi que les rebelles syriens appuyés par Ankara étaient "aux portes d'Al Bab". Une fois cette ville prise, "nous irons à Minbej", a-t-il ajouté, en référence à une ville tenue par les milices kurdes.

"Nous voulons que Minbej soit vidé des YPG et du PYD", a ajouté M. Erdogan.

Les Etats-Unis considèrent ces milices kurdes comme une force locale efficace pour combattre l'EI, et notamment reprendre Raqa, le fief des jihadistes en Syrie. La Turquie a indiqué qu'elle ne participerait pas à une opération à laquelle seraient associées les YPG.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.