Vendredi 7 février 2025 à 13h19
Istanbul, 7 fév 2025 (AFP) — Le procès à Istanbul de la sociologue et écrivaine turque réfugiée en France Pinar Selek, accusée de "terrorisme" et poursuivie depuis 27 ans en Turquie malgré quatre acquittements, a été une nouvelle fois renvoyé vendredi, a constaté l'AFP.
la prochaine audience aura lieu le 25 avril.
C'est la quatrième fois en moins de deux ans que le Tribunal criminel d'Istanbul se réunit, ouvre et ajourne l'audience presque instantanément, arguant avoir demandé des "éléments supplémentaires" au ministère de la justice.
Le père de l'accusée, Alp Selek, qui est également l'un de ses avocats, était de nouveau présent, avec des représentants consulaires français et suisse, ainsi qu'une délégation d'élus et de défenseurs des droits, français et européens.
Les trois précédentes audiences, en mars et septembre 2023 et le 28 juin 2024, avaient été également renvoyées.
La justice turque a déjà justifié ces reports par sa demande d'extradition de Pinar Selek, exigeant d'entendre l'accusée in situ.
Mais l'universitaire craint d'être arrêtée dès son arrivée en Turquie. Elle a proposé d'être entendue depuis un tribunal français, mais cette offre a été rejetée.
Âgée de 53 ans, Pinar Selek avait été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la communauté kurde, avant d'être accusée d'être liée à une explosion qui venait de faire sept morts au bazar aux épices d'Istanbul.
Libérée fin 2000, elle est un temps restée à se battre en Turquie avant que des menaces ayant suivi la publication d'un ouvrage ne la poussent à l'exil.
En juin dernier elle avait évoqué "un procès kafkaïen. Je suis face à l'irrationalité".
Également présente à l'audience, Melissa Camara, élue française au Parlement européen, a dénoncé une "persécution incessante" et un "acharnement injustifiable" contre l'universitaire.
Dans une tribune publiée fin janvier dans cinq grands quotidiens européens, 500 universitaires d'une trentaine de pays ont réclamé l'acquittement définitif de Mme Selek.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.