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Turquie: le parti prokurde dénonce des "lynchages" après les manifestations de la nuit


Mercredi 9 septembre 2015 à 10h58

Ankara, 9 sept 2015 (AFP) — Le chef du principal parti prokurde de Turquie Selahattin Demirtas a dénoncé mercredi une campagne de "lynchages" orchestrée par l'Etat après les attaques qui ont visé son mouvement en réaction aux attentats meurtriers des rebelles kurdes contre l'armée.

"Ces campagnes d'attaques sont pilotées d'une seule main, celle de l'Etat", a déclaré le coprésident du Parti démocratiques des peuples (HDP) devant la presse.

Pour la deuxième nuit consécutive, des dizaines de permanences ou locaux du HDP ont été la cible de manifestants qui accusent le mouvement de soutenir les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont les opérations ont tué une trentaine de soldats et de policiers depuis dimanche.

M. Demirtas a démenti toute responsabilité dans ces affrontements.

"Ce n'est pas nous qui avons décidé de plonger ce pays dans la guerre et d'intensifier cette guerre. Nous n'avons jamais soutenu une telle décision, c'est une décision qui a été prise par le président (Recep Tayyip Erdogan) et par le gouvernement", a-t-il lancé.

Depuis la fin juillet, des affrontements meurtriers ont repris entre le PKK et les forces de sécurité turques, faisant voler en éclat les fragiles discussions de paix engagées par le régime islamo-conservateur d'Ankara avec le groupe rebelle à l'automne 2012.

"Au cours des deux derniers jours, plus de 400 attaques ont été menées (contre le HDP ou les Kurdes). Nous sommes la cible d'une campagne de lynchages et d'attaques", a déploré Selahattin Demirtas.

Dans la capitale, Ankara, quelque 7.000 manifestants ont ainsi défilé tard mardi dans le centre-ville pour dénoncer le "terrorisme" du PKK, a rapporté un photographe de l'AFP. Un autre groupe d'une centaine de personnes a attaqué des bureaux du HDP dans le quartier de Kavaklidere, y incendiant la pièce des archives.

Le siège du quotidien Hürriyet à Istanbul a également été attaqué mardi soir, pour la deuxième fois depuis dimanche, par des partisans du gouvernement qui lui reprochent d'être hostile au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

Mardi soir, le Premier ministre avait condamné ces manifestations et appelé au calme.

"L'objectif du terrorisme est de porter atteinte à nos liens fraternels inébranlables. Attaquer la presse et les propriétés des partis politiques est inacceptable", a-t-il lancé sur son compte Twitter, "personne ne peut se substituer à la loi".

Depuis dimanche, le PKK a multiplié les embuscades meurtrières dans l'est et le sud-est du pays, tuant plus de 30 soldats ou policiers. L'armée turque de son côté multiplie les frappes aériennes contre les bases arrière du mouvement. Des unités des forces spéciales sont également entrées sur le sol irakien pour y poursuivre des combattants du PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.