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Turquie : le leader prokurde refuse de comparaître menotté au tribunal


Vendredi 7 juillet 2017 à 16h55

Ankara, 7 juil 2017 (AFP) — Le leader du principal parti prokurde, Selahattin Demirtas, détenu depuis novembre, a refusé vendredi de comparaître menotté à une audience d'un procès qui lui a été intenté pour avoir "humilié" les institutions turques.

Le co-président du Parti démocratique des peuples (HDP), interpellé en novembre, est actuellement poursuivi dans le cadre de nombreuses affaires, principalement pour des liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

L'audience de vendredi, la troisième d'un procès pour "humiliation publique du gouvernement turc, du judiciaire, de l'armée ou des forces de l'ordre", devait être la première à laquelle M. Demirtas aurait assisté en personne depuis son incarcération.

Mais lorsque les forces de l'ordre sont allées le chercher dans sa cellule, il a refusé d'être conduit au tribunal avec des menottes, a expliqué le HDP.

Le tribunal d'Ankara était placé sous très haute sécurité vendredi, les forces de l'ordre en contrôlant tous les accès, perturbant l'entrée même du personnel judiciaire. Les journalistes ont été informés d'une décision leur interdisant l'accès au procès de M. Demirtas, mais certains se sont néanmoins frayé un chemin jusqu'à la salle d'audience, largement remplie par des militants, des avocats et les responsables du HDP.

A l'annonce de l'absence de M. Demirtas, les avocats ont quitté la salle en signe de protestation, refusant que le procès se déroule dans ces conditions, a constaté une journaliste de l'AFP présente au tribunal.

En tant que député, "je représente la volonté du peuple. Je trouve immoraux et illégaux les trajets longs de plusieurs heures dans un véhicule de la prison tout en étant menotté", s'est expliqué Selahattin Demirtas, qui a déploré ne pas avoir "eu droit à un procès équitable", dans un communiqué diffusé peu après.

Egalement incarcérée, Figen Yuksekdag, qui jusqu'à il y a peu partageait la coprésidence du parti avec M. Demirtas avant d'être récemment remplacée, s'est elle-même exprimée mardi à l'un de ses procès, qu'elle a alors qualifié de "politique".

De nombreux élus du HDP, dont 11 députés (incluant M. Demirtas et Mme Yuksekdag), sont actuellement détenus en Turquie pour des liens supposés avec le PKK.

Le HDP a toujours farouchement nié être une vitrine politique pour le PKK. M. Demirtas affirme être puni pour s'être opposé au projet de présidentialisation du système voulu par Recep Tayyip Erdogan et adopté par référendum le 16 avril.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.